mardi, 14 juillet 2020
L'Aventure des Marguerite
C'est l'histoire de deux adolescentes prénommées Marguerite (même si l'une des deux insiste pour qu'on l'appelle Margot), chacune privée de son père, l'une en 2019 (à cause de la séparation de ses parents), l'autre en... 1942 (à cause des Allemands). Une malle magique va changer leur vie : chacune va se retrouver à l'époque de l'autre.
Il faut immédiatement signaler que c'est la même jeune actrice qui incarne les deux personnages. Retenez bien son nom : Lila Gueneau fera parler d'elle, j'en suis persuadé. Elle rend crédibles les deux personnages, celui de la fille sage (mais avec du caractère) de 1942 et celui de l'ado perturbée (et casse-couilles) de 2019. (Au passage, j'en profite pour dire aux scénaristes, producteurs et cinéastes français que ce n'est pas parce qu'ils n'arrivent pas à éduquer correctement leurs ados qu'il faut en dégoûter les autres !)
Le choc des cultures, dans les deux cas, fonctionne pleinement. La Marguerite de 1942 est sidérée par la France hyperconnectée, pleine de bruits et d'objets électriques. La Margot de 2019 est révulsée par la lenteur et le conformisme de 1942... et en plus, ça capte pas !
Le ressort comique s'appuie aussi sur des personnages secondaires. En 2019, il s'agit de deux hommes... euh, en fait, un adulescent et un ado. Le premier est incarné par Clovis Cornillac (qu'on retrouve sous les traits d'un autre personnage, en 1942). C'est un graphiste free-lance et, surtout, c'est le nouveau compagnon de la mère de Margot. Il va s'en prendre plein la gueule pendant 1h30 ! Le second mec est Nathan, le meilleur ami de Margot, un garçon très décalé (il a les cheveux longs, un horrible appareil dentaire et un style vaguement "gothique"), qui va être très utile aux deux jeunes filles.
En 1942, Margot va être aidée par Alice, la tante de Marguerite, incarnée avec pétulance par Alice Pol. Je la trouve excellente, un peu dans la veine de Josiane Balasko et Valérie Lemercier. Notons que ce personnage est aussi présent en 2019, à la toute fin de l'histoire... mais je n'en dis pas plus. Sachez juste qu'il y a un lien entre la famille de 1942 et celle de 2019. Chaque Marguerite a une mission à accomplir.
C'est vraiment un chouette film, qui dit des choses sur les relations familiales... et fait parfois furieusement rire.
P.S.
Pour bien comprendre une partie du contexte, il faut savoir ce qu'était la zone interdite en 1942. Depuis juin 1940 et jusqu'à la fin de 1942, la France métropolitaine est principalement divisée en deux : la zone occupée et la zone non-occupée. En réalité, le découpage était plus complexe :
L'Alsace et la Moselle avaient été réannexées par l'Allemagne, tandis que le Nord-Pas-de-Calais était dans une situation intermédiaire, sans doute préparatoire à une absorption par un Etat flamand pronazi. S'ajoutait à cela la fameuse zone interdite, où le retour des réfugiés de 1940 était interdit et où était prévu un repeuplement allemand. Comme, dans le film, on voit des voitures immatriculées 90 (correspondant au Territoire-de-Belfort, inclus dans la Z.I. en 1942), je pense que l'action se déroule à l'intérieur de l'ellipse rouge. Mais, bon, à la limite, peu importe : ce n'est pas un film historique.
22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Papi-Sitter
J'ai longtemps hésité avant d'aller voir cette comédie "à la française" (sous-entendu : franchouillarde). Il faut dire que le réalisateur, Philippe Guillard, est l'un des scénaristes attitrés de Fabien Onteniente, réalisateur d’œuvres inoubliables comme Camping ou Disco...
J'ai finalement cédé à la tentation, en raison de la présence au générique d'un duo de grandes gueules du cinéma français : Olivier Marchal et Gérard Lanvin. Ils incarnent les deux grands-pères (le premier du côté maternel, le second du côté paternel) chargés de s'occuper de la petite-fille, scolarisée en Terminale, pendant que les parents de celle-ci tentent de se relancer dans la vie active.
Autant le premier, enfant de la balle, est noceur, bordélique et bruyant, autant le second (capitaine de gendarmerie à la retraite) est travailleur, méthodique et policé. C'est évidemment caricatural, mais les deux comédiens se sont glissés avec un plaisir évident dans ces costumes taillés sur mesure. De la part d'Olivier Marchal, ce n'est pas surprenant, mais je dois dire que la composition de Gérard Lanvin en veuf qui voit très peu son fils et sa petite-fille est convaincante, au point de rendre son personnage touchant. (Il va d'ailleurs se décoincer un peu dans la suite de l'histoire.)
En attendant ces moments d'émotion, qui vont donner de l'épaisseur aux principaux personnages masculins, c'est leur antagonisme qui est mis en scène, de manière efficace. On sourit aux premières escarmouches, mais l'on espère bien sûr que cela va dégénérer... pour notre plus grand plaisir. La petite-fille n'est pas la dernière à mettre de l'huile sur le feu.
Elle est incarnée par Camille Aguilar. Celle-ci campe une énième adolescente en crise, rivée à son téléphone portable, à qui on a parfois envie de filer une paire de gifles. Les scénaristes ont toutefois évité d'en faire une horrible pétasse. C'est une jeune qui se cherche... et qui met tout en œuvre pour ne pas bosser au lycée. (Les adultes âgés constateront que les ados actuels n'ont pas inventé grand chose en matière de filouterie, puisqu'il est toujours question d'imiter la signature des parents et de prétexter une soirée de travail chez une copine pour faire l'école buissonnière.)
L'une des meilleures séquences du film est celle qui voit les deux papys se rendre dans l'établissement où est scolarisée Camille. Ils vont tomber de haut (en découvrant le comportement réel de leur petite-fille) et tomber bien bas, en se donnant en spectacle aux lycéens. La scène durant laquelle les deux vieux garnements se font rabrouer par la directrice vaut son pesant d'heures de colle !
J'ajoute que les acteurs principaux sont épaulés par de bons seconds rôles, notamment Anne Girouard, Philippine Leroy-Beaulieu et Laurent Olmedo.
Tout le monde aura compris que c'est une comédie facile, mais efficace. Dans la salle, jeunes comme moins jeunes ont ri.
13:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films