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samedi, 19 mars 2022

Notre-Dame brûle

   J'avais quitté Jean-Jacques Annaud en 2015, avec Le Dernier Loup. Le revoici avec un film à grand spectacle, ayant bénéficié de nombreux financements publics... et du mécénat Pinault. C'est une sorte de fiction à caractère documentaire.

   La début met en scène les heures précédant l'incendie. On nous propose d'abord de superbes vues de Paris, l'un des plans s'achevant derrière la cathédrale, avec la Tour Eiffel en ligne de mire, sur la gauche. Ce côté carte postale est très présent dans le film, qui prend parfois l'allure d'un dépliant touristique consacré à la capitale et à Versailles.

   Le scénario comme la réalisation ne tranchent pas franchement entre les différentes hypothèses concernant le déclenchement du feu. Entre l'abandon de mégots de cigarettes mal éteints dans une zone inflammable, les travaux de coupure et de soudure réalisés sur place et les conséquences de courts-circuits (liés à une installation électrique vieillissante... ou à l'action des pigeons !), chacun est laissé libre de choisir.

   La suite immédiate n'est pas à l'honneur des Français. La sécurité de la cathédrale apparaît chancelante, reposant sur des personnes très âgées (censées être capable de monter rapidement des dizaines de marches d'escalier) ou des travailleurs précaires, formés à la hâte. L'arrivée des secours est retardée par les embouteillages parisiens, l'incivisme de certains conducteurs, piétons ou cyclomotoristes... et les travaux de voirie, qui ont empêché au moins un camion de pompiers de rejoindre rapidement les lieux. (Hidalgo, démission !) Quant au régisseur en chef de la cathédrale (qui possède la seule clé capable d'ouvrir une serrure stratégique), il met un temps fou à revenir au centre de Paris, ratant sa correspondance RER (Pécresse, démission !) puis peinant à trouver un "vélib" en état de fonctionner !

   Arrivent enfin à l'écran ceux qui vont occuper l'essentiel du reste de l'action : les pompiers. Le film est un hommage à leur courage et leur ingéniosité, qui ont sans doute sauvé l'édifice d'un effondrement total. Les plus convaincants sont les acteurs campant les pompiers de terrain, les "bleus" comme les expérimentés. Je suis moins emballé par ceux qui incarnent les officiers supérieurs, en particulier Samuel Labarthe, que j'ai déjà vu bien meilleur ailleurs. (Qu'elle est loin, la Comédie française !)

   Des hommes embarqués dans un maelstrom de feu, Annaud sait faire. Sur un très grand écran, c'est incontestablement spectaculaire. Le cinéaste sait créer une tension dramatique autour de l'action des pompiers. Certains plans sont particulièrement réussis, notamment quand il est question du plomb en fusion, mais aussi à l'intérieur de l'église, le mobilier étant tour à tour touché par le feu et par l'eau. Autre point fort : la séquence qui mène au sauvetage (en deux temps...) de la couronne d'épines.

   Tout cela aurait pu donner un film formidable, si je n'avais pas quelques réserves à émettre. Il y a tout d'abord la direction d'acteurs. Si on met de côté l'action des pompiers de base, le reste est vraiment médiocre, très appuyé. (Le pire du lot est le sacristain en chef de la cathédrale, caricatural au possible.) J'ai aussi été gêné par l'aspect "cul-bénit". Qu'on rende hommage aux croyants sincères qui ont été bouleversés par les ravages subis par l'édifice, d'accord, mais pas au point de faire de la propagande religieuse. Le coup de la gamine, qui échappe à sa mère (ainsi qu'à tous les adultes présents sur place) pour allumer son petit cierge... le seul qui finit non éteint dans une cathédrale obscure... c'est un peu too much pour moi.

   P.S.

   Dans le cadre de la Fête du court-métrage, nous avons eu droit, en guise d'amuse-gueule, à Bouquet d'illusions (dit aussi The Triple-Headed Lady), de Georges Méliès.

23:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Commentaires

Bonjour Henri Golant, je suis assez d'accord sur tout ce que tu écris sur le côté "cul-benit" Après, le feu joue bien son rôle et les pompiers aussi. Bon dimanche.

Écrit par : dasola | dimanche, 20 mars 2022

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