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samedi, 16 avril 2022

Seule la terre est éternelle

   ... pas les écrivains, puisque le romancier et poète Jim Harrison est mort en 2016. Ce documentaire, signé François Busnel et Adrien Soland, lui rend un vibrant hommage, tout en célébrant les beautés de l'Amérique de l'intérieur.

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   Vivant entre le Montana (où il avait hérité d'une demeure familiale) et l'Arizona (où il est décédé), Jim Harrison, qui fut, dans sa jeunesse adulte, un beatnik des villes, avait grandi à la campagne. C'est là qu'il a quasiment perdu son œil gauche, au cours d'une dispute avec une gamine du coin. À l'écran, on voit celui-ci tantôt ouvert, tantôt fermé, à l'image d'un physique déclinant. Âgé de plus de 75 ans, l'écrivain marche avec difficulté, tremble des mains, peine parfois à respirer... mais l'esprit est resté vif. C'est de surcroît un conteur doué.

   Le film est nourri d'anecdotes, sur la famille et ses drames. Malgré les années passées, on le sent marqué par le décès du père et d'une sœur au cours d'une partie de chasse... et par la rudesse d'une mère autoritaire (sans doute luthérienne stricte), d'origine suédoise. Ses horizons se sont ouverts à l'école, grâce notamment à une prof francophile, qui lui a fait lire tout Stendhal, mais aussi Apollinaire, Rabelais... Est-ce la raison pour laquelle, lorsqu'il va pêcher, il porte une casquette sur laquelle est écrit, dans la langue d'Emmanuel Macron, "PÊCHE A LA MOUCHE" ? Mystère...

   Il reconnaît son alcoolisme et les ravages qu'il a faits (au cas où on ne l'aurait pas remarqué). Il en profite pour détruire une légende : c'est à jeun que l'on écrit le mieux. Lui a besoin d'un calepin classique, de nombreux stylos (de marque Bic... même si des feutres fins Pilot sont aussi visibles sur son bureau), d'un mur blanc... et d'eau plate.

   Ses débuts furent laborieux. C'est le journalisme qui a, dans un premier temps, rempli le frigo. A partir du succès de Légendes d'automne, la vie a pris un tour confortable. L'écrivain est même devenu proche de l'acteur Jack Nicholson, qui en avait marre des scénaristes d'Hollywood.

   La grand talent de ce film, qui bénéficie d'une très bonne qualité d'image et de son, est la représentation d'une partie de l’œuvre de Harrison par des paysages, des collines enneigées et boisées du Montana au désert de l'Arizona. Aux souvenirs de l'écrivain (majoritaires dans la première partie) succède un joli road moavie, (passant par entre autres l'Idaho, le Wyoming et le Nebraska) dans le dernier tiers de l'histoire.

   C'est un peu long, mais rafraîchissant et passionnant, tant les thématiques abordées sont nombreuses : de l'extermination des Amérindiens au féminisme, en passant par la pêche, la relation aux animaux sauvages (grizzli, loup) et la culture littéraire. J'ajoute que la musique d'accompagnement, jouée sur guitare sèche ou électrique douce, est parfaitement dans le ton.

Les Animaux fantastiques 3

   ... Les secrets de Dumbledore. Je n'avais pas été particulièrement emballé par les deux premiers volets, mais la vision de la bande-annonce du troisième m'a donné envie de tenter l'expérience, en version originale sous-titrée.

   Les vingt premières minutes lancent parfaitement le film. On commence dans un salon du thé, très chic, où se rencontrent les deux principaux antagonistes, anciens amants devenus adversaires mortels. Dans le rôle de Grindelwald, Mads Mikkelsen succède avantageusement à Colin Farrell et Johnny Depp. Il incarne vraiment très bien la puissance maléfique, servi, une fois n'est pas coutume dans cette série, par de très bons dialogues (sauf peut-être à la fin).

   Lui succède une séquence enlevée, qui démarre par une naissance nocturne, avant de se poursuivre en cavalcade violente. C'est assez brillant.

   Tout est (presque) dit par le titre intégral. Les effets spéciaux (somptueux) mettent parfaitement en valeur les créatures virtuelles (dont une nouvelle, une petite Qilin), avec lesquelles Eddie Redmayne interagit très bien (même si son personnage a toujours ce côté nunuche agaçant). Au niveau de l'image, c'est aussi souvent splendide, avec (heureusement), moins de plans sombres dans lesquels on a du mal à se retrouver.

   L'arrière-plan politique est nourri de références aux années 1930 et à notre époque. La partie ayant pour théâtre Berlin, avec ces statues aux casques si caractéristiques et ces hommes de main (portant chapeau sombre, nuque rasée), fait immanquablement penser au régime nazi. Mais la facilité avec laquelle les foules (ici de sorciers) peuvent être manipulées par des complotistes, en vue d'une élection, évoque plutôt le XXIe siècle.

   Du coup, j'ai été emballé, emporté par la féérie visuelle et l'intrigue trépidante, nourrie de rebondissements, certains étant prévisibles... d'autant que tout le monde dans la salle savait que Dumbledore ne pouvait pas mourir assassiné ! (Surprise au passage : l'histoire fait intervenir non pas un, ni même deux, mais trois Dumbledore !) Je recommande tout particulièrement la séquence de la prison, formellement très réussie et drôle à la fois. C'est une autre qualité de ce long-métrage, émaillé d'un humour savamment dosé et plutôt bon enfant. La conclusion, en haute montagne, au Bhoutan, est particulièrement inspirée.

   Dans la salle, les ados et les adultes ont été captivés pendant plus de deux heures.

14:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films