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jeudi, 07 juillet 2022

Le FEMA 2022 (1)

   Il s'agit de la cinquantième édition du festival de cinéma de La Rochelle, un festival sans compétition ni palmarès, avec quelques avant-premières, mais surtout  des ressorties et des hommages.

   Les œuvres (souvent restaurées) sont projetées en centre-ville, à proximité immédiate du vieux port, soit dans le CGR Dragon, soit dans le centre culturel La Coursive (dont les salles sont comparables à ce qu'on peut trouver, par exemple, à la Cinémathèque de Toulouse). A pieds, on se trouve à 10-15 minutes de la gare SNCF.

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   Le festival s'étend sur une dizaine de jours, du 1er au 10 juillet... la ville se préparant avec ardeur au retour prochain des Francofolies. Le programme du FEMA 2022 est alléchant, avec Alain Delon en tête de gondole, complété par une rétrospective Pasolini, une ribambelle de films d'animation est-européens et un hommage à Audrey Hepburn (qui est la cause de mon séjour en Charente-Maritime).

   Mais commençons par une réédition qui, pour moi (et visiblement de nombreux festivaliers), fut une découverte :

SAC DE NŒUDS

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   C'est la première réalisation de Josiane Balasko (qui ne devait, au départ, qu'écrire le scénario), en 1984. A l'époque, les membres de l'équipe du Splendid sont auréolés de divers succès cinématographiques et théâtraux. Certains d'entre eux sont d'ailleurs venus faire un petit coucou dans le film de la copine... mais celle-ci a tenu bon contre le producteur d'origine, Claude Berri (qui s'est ensuite retiré) : elle voulait Isabelle Huppert (et non pas Anémone) pour principale partenaire. Toutes deux forment un duo aussi dissemblable qu'explosif : la bimbo et la clodo. La première est l'épouse battue d'un policier beauf (interprété par Daniel Russo). La seconde est une célibataire suicidaire, prête à tout. Toutes deux vivent dans un ensemble collectif. Leur rencontre totalement inattendue va faire d'elles des Thelma & Louise avant l'heure (le film de Ridley Scott datant de 1991).

   Dans leur périple, elles s'allient à un immigré qui vient de sortir de prison... un peu contre son gré (et dans la violence). Farid Chopel complète agréablement ce duo détonant. En cours de route, on va croiser une infirmière libérale alcoolique (Dominique Lavanant), un pharmacien rescapé des camps (Jean Carmet, sidérant), un "artisan-entrepreneur" du sexe (Coluche, tordant)... et une famille qui finit par se demander pourquoi le sort s'acharne sur elle. (La mère est interprétée par France Rumilly, l'inoubliable sœur Clotilde des Gendarmes.) C'est un film un peu foutraque, dont certaines scènes auraient mérité d'être rejouées, mais il fait preuve d'un humour corrosif réjouissant et il dénonce la situation faite aux femmes dans la société : victimes de la violence masculine, de l'exploitation sexuelle ou bien méprisées quand elles ne sont pas jugées assez "bonnes"...

   Les spectateurs attentifs remarqueront quel est le lien entre ce film et la star qui est à l'honneur lors de ce festival. Je peux juste dire qu'il est question de masturbation...

   Passons à présent à l'objet de mon désir.

MY FAIR LADY (de George Cukor)

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   Je ne suis pas un grand amateur de comédies musicales. Mais, jadis, quand j'ai vu ce film pour la première fois, j'ai été envouté par le principal personnage féminin, cette vendeuse de fleurs sortie du caniveau, capable de mystifier les gens du monde les plus soupçonneux. Audrey y est formidable, dès le début dans la séquence de rue, puis en apprentie plus ou moins assidue du connard goujat professeur Higgins, plus tard en demoiselle de bonne famille. Il y a des scènes que les cinéphiles attendent avec impatience : celle des "h" aspirés, celle de la chanson Just you wait (celle-ci avec la vraie voix de la comédienne), celle du bal bien entendu... mais, surtout, celle du champ de course, durant laquelle Eliza Doolittle fascine autant qu'elle stupéfie.

   J'adore ce film pour plusieurs raisons. C'est d'abord un propos en faveur du talent et du travail contre la naissance et les privilèges. C'est aussi la dénonciation du statut de femme-objet (ici façonnée par un homme). C'est enfin une comédie savoureuse, où transparaît la malice d'une actrice qu'on a trop souvent réduite à son charme incommensurable.

   Parmi les seconds rôles, il faut noter le père de l'héroïne (un alcoolique fort en gueule interprété par Stanley Holloway), la gouvernante du professeur Higgins (l'austère mais généreuse Mrs Pearce, incarnée par Mona Washbourne)... et le jeune soupirant, un peu fade certes, mais interprété par un certain Jeremy Brett, qui fut des années plus tard un inoubliable Sherlock Holmes pour la télévision britannique.

 

DRÔLE DE FRIMOUSSE (FUNNY FACE)

(de Stanley Donen)

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   Et c'est parti pour une deuxième dose d'Audrey Hepburn ! Elle est, avec Fred Astaire, le principal atout de cette comédie (musicale) romantique, désuète et naïve, parfois très maladroite, mais avec tellement de charme.

   L'intrigue n'est pas sans rappeler celle de My Fair Lady (postérieur de sept ans), puisqu'il y est aussi question d'une jeune femme d'origine modeste qui va connaître le glamour, la gloire... et peut être l'amour, grâce à un homme qui tente de la façonner.

   Ce petit film mérite le détour parce qu'on y voit une Audrey Hepburn plus séduisante (selon moi) en vêtements sobres que portant de la haute-couture. Quand bien même, en réalité, elle soit toujours habillée par Hubert de Givenchy, je trouve que l'austère libraire comme le mannequin en goguette à Paris (portant talons plats et vêtements sombres... dont un pantalon) ont un charme fou. Là encore, le personnage féminin se rebelle contre le rôle qu'on veut lui faire jouer. L'actrice elle-même y danse une scène de folie douce, un soir, dans un bar fumeux... Ah, si les réalisateurs avaient voulu/su davantage exploiter l'espièglerie d'Audrey, quelles comédies fabuleuses elle aurait pu tourner !

   Les Frenchies savoureront le Paris de carte postale que la Paramount a proposé au public américain. Dans la version originale, on rit du mauvais français parlé par de supposés habitants de Panam'... On va même jusqu'à ricaner au tableau du monde des "cultureux", que ce soit dans le cabaret parisien que chez le penseur à la mode, le pape de l' « empathicalisme », une théorie vaseuse qui fait des ravages chez les intellos français comme états-uniens de l'époque. Je pense qu'il s'agit d'une caricature de l'existentialisme sartrien, Jean-Paul Sartre étant d'ailleurs cité comme faisant partie des philosophes qui comptent... eh, oui, tout ça dans une comédie romantique un brin sirupeuse !

   Au-delà de l'intérêt de la programmation, j'ai été ravi de constater que ces vieux films attiraient la foule. Les grandes salles dans lesquelles je les ai vus étaient copieusement garnies. Le public était majoritairement retraité, mais j'ai quand même noté la présence de nombreuses jeunes femmes aux séances Audrey Hepburn.

23:45 Publié dans Cinéma, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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