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vendredi, 08 juillet 2022

Le FEMA 2022 (2)

   Confrontés à la chaleur rochelaise, les cinéphiles se sont encore rués dans les salles obscures climatisées, aujourd'hui. Il va donc être question de deux monstres sacrés... et de culture historique.

MONSIEUR KLEIN (de Joseph Losey)

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   Parfois, une pointure américaine est nécessaire à la réalisation d'un grand film français. Alain Delon s'était financièrement et artistiquement beaucoup investi dans ce qui fut à l'époque un échec commercial. C'est pourtant l'un des meilleurs films francophones sur la Shoah, de surcroît une œuvre qui, en 1976, n'hésitait pas à montrer à l'écran le rôle des policiers et gendarmes français dans la déportation des juifs.

   La distribution fourmille d'acteurs épatants, à commencer par Alain Delon, très bon en marchand d'art catholique, cynique et coureur de jupons, qui mène la belle vie dans la France occupée de 1942. Il est entouré de Michael Lonsdale, Jeanne Moreau (que j'ai connue meilleure), Jean Bouise, Suzanne Flon, Michel Aumont, Gérard Jugnot, Étienne Chicot...

   La première séquence (celle d'un examen médical très spécial) est glaçante... et présente parfaitement le contexte.

   Les ennuis du héros commencent le jour où il reçoit un courrier destiné à un autre Robert Klein, juif. Sa curiosité (savoir qui est cet autre « Monsieur Klein ») va attirer l'attention des autorités policières françaises, à tel point que le héros finit par se demander s'il n'est pas l'objet d'une machination. Une autre possibilité est qu'un secret familial se cache derrière cet apparent quiproquo. Si les parents de Klein sont catholiques, qu'en était-il des grands-parents ? Et ces lointains cousins néerlandais ?...

   C'est la grande habileté du scénario que de mêler la persécution des juifs à une énigme policière, le héros se faisant enquêteur pour son propre compte. La réponse est-elle détenue par la compagne de l'autre Klein ? Encore faudrait-il retrouver cette femme, personnage insaisissable, prénommée tantôt Isabelle, tantôt Cathy, tantôt Françoise...

   La mise en scène est assez brillante, suscitant l'inquiétude et le mystère. En cette période trouble (qui s'arrête en juillet 1942...), les individus sont susceptibles d'être broyés par l'Histoire, même quand ils pensent pouvoir lui échapper.

   Pour celles et ceux qui ne l'auraient jamais vu, c'est un film à découvrir absolument. On y voit le talent d'Alain Delon sous un autre jour.

 

VACANCES ROMAINES (de William Wyler)

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   Sortie en 1953, cette comédie romantique, scénarisée par Dalton Trumbo, a fait connaître Audrey Hepburn au grand public... et lui a valu le seul Oscar de sa carrière. La comédienne y incarne une princesse issue d'un pays qu'on présume soit nord-européen, soit est-européen. Le temps d'une journée et de deux nuits, elle échappe au protocole et rencontre un homme séduisant, en compagnie duquel elle découvre certains plaisirs de la vie...

   Très bien écrite, cette comédie est brillamment mise en scène par celui qui a réalisé, entre autres, Les Hauts de Hurlevent et Ben-Hur... et qu'Audrey Hepburn a retrouvé, par la suite, pour tourner La Rumeur et Comment voler un million de dollars. Cela commence merveilleusement bien avec une scène au cours de laquelle la princesse, évidemment magnifique, connaît quelques petits problèmes de chaussure, qu'il convient de masquer à l'assistance qui a les yeux rivés sur elle. A plusieurs reprises, on retrouve ce sens du détail comique, par exemple dès que les agents secrets (en civil) partis à la recherche de la princesse surgissent à l'écran. Celle-ci découvre la liberté en abandonnant les escarpins et en changeant de coiffure. Rétrospectivement, il est étonnant de constater combien les rôles de femme tentant de déjouer les contraintes sociales ont marqué la carrière d'Audrey Hepburn.

   Sur son chemin, la princesse en goguette croise un habile journaliste, incarné par Grégory Peck. Aux jeunes qui liraient ces lignes, je précise que cet acteur talentueux, intelligent et beau gosse était un peu le George Clooney de l'époque (en mieux). Dès que les deux personnages se rencontrent, les scènes sont traversées d'étincelles. Je pense à celle du coucher, dans l'appartement miteux du journaliste (qui fait subir à la princesse endormie un traitement qu'il m'est arrivé d'opérer sur une personne du beau sexe... rassurez-vous, rien d'illégal !). Les cinéphiles ont aussi en mémoire la cavalcade en scooter et, surtout, la soirée dansante sur le bateau... qui se termine de manière apocalyptique ! Sur le fond, cette romance se teinte d'amertume, puisqu'il est question des conventions sociales : en 1953, une histoire d'amour était-elle possible entre l'héritière d'un trône européen et un journaliste américain ? Je laisse à chacun(e) le loisir de le découvrir.

   Histoire de sortir un peu des salles de cinéma, je vous propose aussi une visite culturelle :

LE MUSÉE DU NOUVEAU MONDE

   Situé dans le centre historique de La Rochelle (à moins d'un quart d'heure du vieux port), il est hébergé dans une vieille bâtisse, l'ancien hôtel particulier Fleuriau, du nom d'une famille rochelaise qui s'était enrichie dans l'exploitation de plantations sucrières et le commerce d'esclaves.

   On l'aura donc compris, ce musée est consacré à l'histoire française de la colonisation et de l'esclavage, des prémices du XVIe siècle à la disparition partielle (au XVIIIe), en passant par la constitution du premier empire colonial, principalement au XVIIe siècle.

   Les panneaux explicatifs ne sont pas très nombreux ni compliqués à lire. Ils mettent en perspective de nombreux documents iconographiques et des objets du quotidien. Au rez-de-chaussée, il est question de l'esclavage et du rôle du port de La Rochelle. Le premier étage est consacré à la Nouvelle-France, le deuxième aux Indiens d'Amérique, aux États-Unis, avec une place importante consacrée aux travaux d'Edward Curtis, auquel nous devons de nombreuses photographies à caractère ethnographique. La visite se termine par l'Amérique vue par les Européens et des salles où nous sont racontées l'histoire de la famille Fleuriau et celle du bâtiment.

   L'entrée coûte six euros, les salles sont climatisées et l'une d'entre elles est équipée d'un distributeur d'eau fraîche (gratuit). On peut y passer une à deux heures. Cela vaut le coup.

Commentaires

Vacances romaines, je l'avais lu en "Bibliothèque verte" (un vieux...) quand j'étais gamin, bien avant d'avoir vu le film!
(s) ta d loi du ciné, "squatter" chez dasola

Écrit par : tadloiducine | jeudi, 14 juillet 2022

Les commentaires sont fermés.