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lundi, 06 février 2023

Radio Metronom

   Bucarest, automne 1972. La Roumanie (adulte) vit au rythme de la finale de coupe Davis, qui oppose les locaux (conduits par Ilie Nastase) aux Américains (menés par Stan Smith). De leur côté, des lycéens en apparence sages, portant l'uniforme scolaire, s'ennuient ferme dans le (prétendu) paradis communiste de Nicolae Ceausescu. Au-delà de leurs différences, leur goût pour la musique anglo-saxonne (pop-rock) les réunit. Ils prévoient de se retrouver un soir, dans le grand appartement d'une fille de bourgeois, pour écouter cette musique occidentale honnie... et écrire au programme roumain de Radio Free Europe, le média de contre-propagande financé par la CIA et le Congrès des États-Unis.

   En dépit de l'intérêt que revêt la reconstitution de l'époque, à l'image des protagonistes, on s'emmerde un peu dans cette première partie. La caractérisation des personnages ne suffit pas à nous extraire de la torpeur grisâtre qui imprègne le film.

   L'intérêt rebondit dès le début de la soirée estudiantine. Les jeunes se lâchent un peu, boivent de l'alcool, écoutent de la bonne zique, dansent... voire baisent. Écrit ainsi, cela semble mécanique, mais c'est bien amené et bien joué. Je retiens aussi deux bonnes blagues roumaines, tournant en dérision le dictateur Ceausescu. Voici la première :

Voulant savoir pourquoi le timbre à son effigie se vendait très peu, le dictateur se rend incognito dans un bureau de poste. Un employé lui répond que les timbres ne collent pas. Surpris, Ceausescu en prend un, crache au dos et le place sur une enveloppe, où il se fixe sans problème. Il le fait remarquer à l'employé, qui lui répond que les usagers ont tendance à cracher sur l'autre côté du timbre...

   Allez, puisque vous avez été sages, voici la seconde :

   A son arrivée aux États-Unis, à la douane, un exilé roumain ouvre ses bagages. L'un de ses amis remarque qu'il s'y trouve un portrait du dictateur honni et s'en étonne auprès de son camarade. Celui-ci lui répond qu'il a voulu prendre ce portrait pour se garantir contre le mal du pays. Dès qu'il sent celui-ci le gagner, il regarde le portrait et perd alors toute envie de retourner en Roumanie...

   L'arrivée de la redoutée Securitate vient "pimenter" la soirée étudiante. Les jeunes vont se retrouver confrontés à un système coercitif qui, pour employer des moyens qu'on qualifierait aujourd'hui d'artisanaux, n'en est pas moins diablement efficace. C'est incontestablement la séquence la plus marquante du film.

   C'est aussi le moment où l'héroïne connaît son éveil politique. Cette aventure va sceller son destin, faire d'elle une femme adulte, sur le plan sentimental comme civique, le tout accompagné d'un fort recul critique vis-à-vis de ses parents.

   En dépit de quelques mollesses, cet éveil sensuel et intellectuel d'une adolescente en pleine période dictatoriale ne manque pas d'attrait.