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lundi, 12 février 2024

Pauvres Créatures

   J'ai enfin pu voir (en version originale sous-titrée) ce film de Yorgos Lanthimos, une sorte d'anti-conte de fées féministe. Cela démarre dans une ambiance victorienne, chez un médecin au visage rafistolé qui fait immanquablement penser à la créature du docteur Frankenstein... sauf que ce Godwin Baxter est médecin, du genre inventif. Dans le rôle, Willem Dafoe est (une fois de plus) épatant. La caméra, par le choix des focales et des prises de vue, contribue à un sentiment d'étrangeté. La musique est à l'unisson.

   On découvre très vite l'étrange fille de "God", Bella, au comportement erratique, fantasque. Elle est cruelle et sans filtre, à l'image d'une grande enfant à laquelle on n'aurait pas enseigné les limites. Le film est l'histoire de son auto-éducation, de sa libération et de son asservissement. Emma Stone prête corps et esprit à ce personnage hors du commun. Elle irradie durant tout le film.

   Un déclic se produit quand la jeune femme goûte au "fruit défendu", d'abord toute seule, puis en compagnie d'un bellâtre narcissique, incarné par un Mark Ruffalo surprenant. Leur idylle prend chair dans un Lisbonne uchronique, mis en scène avec un  incontestable brio. Petit à petit, le rapport de force s'inverse entre le vieux beau et sa jeune apprentie, qui prend de l'assurance.

   Un autre tournant survient durant une croisière de luxe. C'est l'occasion pour l'héroïne d'acquérir d'autres "compétences" que sexuelles. Une dame âgée lui fait découvrir la littérature. Le temps de la maturation intellectuelle commence, ce qui conduit la jeune femme à porter un autre regard sur les adultes qui l'entourent. Toujours aussi bien mise en scène (et interprétée), cette partie m'a enchanté.

   Je n'en dirais pas autant de l'épisode parisien. Visuellement, il rappelle la période lisboète. C'est donc joli à regarder, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur (avec toujours une bonne utilisation des espaces). Mais, sur le fond, je n'ai guère goûté cette quasi-apologie de la prostitution volontaire, appuyée de surcroît par une mise en scène limite putassière. On sent que le réalisateur a aimé filmer les corps nus, dans des positions peu valorisantes. J'y ai vu comme une mise en abyme, la comédienne se prostituant volontairement à la caméra.

   L'intrigue rebondit dans les deux dernières parties, que je ne raconterai pas. L'intérêt pour le film grandit à nouveau, jusqu'à une conclusion assez piquante.

   Voilà. J'ai été emballé. C'est brillant sur le plan visuel, les plans étant nourris de détails parfois croquignolesques, comme ces animaux chimères dans le jardin du médecin. Sur le fond, c'est signifiant, même si je ne suis pas toujours d'accord avec le propos. Après La Favorite et The Lobster, Lanthimos confirme qu'il est l'un des réalisateurs les plus talentueux de notre époque.

10:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Commentaires

Brillantissime en effet.
La partie parisienne de prostitution aurait mérité en effet un petit coup de ciseau mais le réalisateur s'en sort puisque Bella prend beaucoup de plaisir.
Pour le reste c'est tellement beau, original et superbement interprété !

Écrit par : Pascale | vendredi, 16 février 2024

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