mardi, 15 avril 2025
Minecraft (le film)
La Warner s'est lancée dans le périlleux exercice de transposition de l'univers du célèbre jeu sur grand écran, dans le cadre d'une comédie d'aventures. Une pelletée d'effets spéciaux a été employée pour animer des scènes de bagarre, de poursuite... ou de créativité architecturale. Pour moi (qui ne suis pas un gamer), c'est réussi et cela constitue un agréable divertissement.
Cela démarre sur les chapeaux de roue, avec la jeunesse de Steve, garçon un peu timide qui, plus tard, parvient à pénétrer dans la fameuse mine, où il a réalisé la découverte qui a changé sa vie. Cette première vision des deux univers parallèles (le paradis de briques et l'enfer porcin) sert d'introduction... et peut-être de mise à jour, pour le public qui ignore tout du jeu.
Ensuite, c'est un deuxième film qui commence, dans une petite ville d'Idaho, dans le nord-ouest des États-Unis. On y fait connaissance avec les autres protagonistes de l'histoire : un garçon sensible et intelligent, qui vient de perdre sa mère, sa grande sœur, une agente immobilière qui n'a pas la langue dans sa poche et une ancienne gloire locale (devenu un gros beauf), Garrett "Garbage" Garrison, qui a les muscles, les tatouages et les cheveux de Jason Momoa. On remarque que, dans cette petite ville d'un comté sans doute rural, beaucoup d'adultes sont en surpoids et que leur intelligence est en général très limitée... On comprend que les jeunes aient envie de s'enfuir !
Leurs aventures leur font rejoindre l'univers où Steve (Jack Black, très bien) est resté enfermé... Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr, Jumanji ! C'est du même niveau, même si c'est plus sage au niveau des dialogues... et il n'y a pas d'héroïne bad ass (juste une directrice de collège très dragueuse, interprétée Jennifer Coolidge, célèbre naguère pour avoir incarné la mère de Stifler, dans les American Pie).
Les effets spéciaux sont vraiment bien fichus. J'ai particulièrement aimé les animaux, tous de forme cubique bien entendu : les poules, les moutons, les cochons, les loups... Celles et ceux qui goûtent peu l'habillage visuel peuvent s'amuser à repérer les clins d’œil cinéphiles, au Seigneur des anneaux, à Star Wars, Indiana Jones...
Dans cet univers loufoque, l'improbable équipe de bras cassés doit resserrer ses liens et croire en elle pour surmonter l'adversité. On assiste bien entendu à une énième naissance de famille recomposée, le Bien finissant par vaincre le Mal. A la fin de l'histoire, chacun a mûri... et l'on a passé un bon moment... à savourer jusqu'au bout, avec deux scènes ajoutées.
23:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Voyage avec mon père
A la suite du décès d'une personne proche, deux citoyens (juifs) des États-Unis, apparentés, effectuent un voyage mémoriel en Pologne, dans la région qui fut le berceau familial (du côté de Lodz). Leur périple sera l'occasion de se fâcher et de se rabibocher, dans une Pologne plus ou moins accueillante... Cela ne vous rappelle rien ? Eh, oui, on dirait l'intrigue du récent A Real Pain... à ceci près qu'ici l'histoire est entièrement vraie... et plus touchante que ce qu'on a pu voir dans le film de Jesse Eisenberg.
Le duo de héros est composé d'un père et de sa fille, Edek et Ruth, incarnés par l'excellent Stephen Fry et la surprenante Lena Dunham (venue de la télévision). Tous deux n'ont pas la même manière de gérer le deuil de l'épouse d'Edek (mère de Ruth). Lui n'en parle quasiment pas et essaie de goûter aux plaisirs de la vie, tandis que sa fille a tendance à déprimer.
C'est elle qui a eu l'idée de ce voyage mémoriel, auquel son père, au départ, ne voulait pas participer. Il faut dire que Ruth n'a pas eu de grands-parents... ni de cousins. Le décès de la mère et l'ouverture de la Pologne post communiste (au début des années 1990) aux touristes du monde capitaliste ont contribué à la réalisation du projet.
Là encore, le père (qui a fini par décider d'accompagner Ruth) et la fille ne sont pas d'accord. Elle a établi un programme précis, qu'elle veut suivre à la lettre. Edek préfère musarder, tentant d'éviter de retourner à Lodz en s'adonnant à un tourisme traditionnel, profitant de l'occasion pour pratiquer à nouveau la langue polonaise. Il se rapproche même langoureusement d'interprètes locales, très ouvertes aux échanges interculturels...
Sur le fond, le film ne cherche pas à emprunter un sentier politiquement correct. Le père ment à sa fille à propos de l'emplacement de l'ancien ghetto juif et il n'arrête pas de lui reprocher de "bouffer des graines" (elle est végétarienne) et de s'être séparée de son époux, qu'Edek considère comme un chic type. (Il en conserve même des photographies dans son porte-feuille.)
Mais le malaise le plus grand s'installe lors du passage par Lodz. Edek montre à Ruth l'appartement (miteux) où, jeune homme, il est allé draguer sa future épouse, avant de l'accompagner dans un autre endroit de la ville, où se trouve l'immeuble que possédait sa famille, qui en occupait l'un des grands appartements. La rencontre avec les occupants polonais (catholiques) réserve pas mal de surprises...
On l'attend et elle finit par arriver : la séquence à Auschwitz. Elle est surprenante dans son déroulement, très émouvante, mais pas forcément comme on s'y attend. C'est toujours aussi bien interprété, du côté états-unien comme du côté polonais (avec notamment un chauffeur de taxi empathique et débrouillard).
J'ai beaucoup aimé. Je regrette d'autant plus que le film ait été minimisé, voire dénigré, par une partie des critiques français, que la mémoire de ce génocide semble quelque peu déranger.
16:49 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire