lundi, 30 juin 2025
Le Grand Déplacement
Trois ans après le savoureux Tout Simplement noir, Jean-Pascal Zadi est de retour sur le grand écran avec une nouvelle comédie politico-sociale, un brin fantastique... mais surtout fantasque.
La Côte-d'Ivoire, pays de naissance des parents du pilote Pierre Blé (et de Zadi, qui l'incarne), est une sorte de Wakanda francophone, un peu cheap, mais qui a mis au point, dans le plus grand secret, un programme spatial très ambitieux. C'est peut-être une allusion au Zaïre du dictateur Mobutu, dont l'activisme spatial a naguère fait l'objet d'une excellente bande dessinée.
Tout cela n'est qu'un prétexte, pour dénoncer, outre la domination occidentale, les clichés (sur l'Afrique, les Africains, les femmes...) et pour pointer, incidemment, la pauvreté d'une grande partie des habitants. Zadi réutilise une partie du discours "décolonial" et se plonge dans les "luttes intersectionnelles", avec recul. A travers son personnage, celui d'un beauf noir, il met en évidence l'africanité de pacotille de certains descendants de migrants, mais aussi l'homophobie et la misogynie, qui n'existent pas que chez les Blancs Leucodermes. A travers le personnage du psychologue (interprété par Fary, qui a la tête de Spike Lee jeune), il insinue que le racisme va parfois se nicher là où on ne l'attend pas.
Du coup, je pense que ce film va faire beaucoup de mécontents. Les racistes vont évidemment détester (sans même l'avoir vu ?), mais, comme Zadi égratigne un peu (beaucoup) le "camp du Bien", je ne suis pas certain que tous ses amis décoloniaux apprécient.
Cela donne une œuvre un peu foutraque, moins maîtrisée que Tout Simplement Noir, mais avec des effets spéciaux très corrects. J'ai ri à plusieurs reprises, mais je trouve que certaines scènes tombent à plat.
09:50 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société