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samedi, 15 novembre 2025

La Femme la plus riche du monde

   Cette femme est Marianne Farrère, héritière d'un empire (français) de la cosmétique, mariée à un ancien résistant/collabo et fille d'un homme au passé trouble, ami proche d'un président de la République de gauche. Les changements de noms ne tromperont pas grande monde : l'épatante Isabelle Huppert campe Liliane Bettencourt.

   La comédienne, qui n'a plus rien à prouver, interprète une femme revenue de tout, qui n'a besoin de rien... mais qui a envie de vibrer, malgré son grand âge. L'argent ne permet pas tout, mais il va la rapprocher d'un escroc aventurier du monde des arts, Pierre-Alain Fantin (évidemment François-Marie Banier) homosexuel gouailleur et cultivé, formidablement incarné par Laurent Lafitte, servi par des dialogues d'une délicieuse infâme crudité.

   La première heure montre l'intrusion du gigolo dans la famille de l'héroïne. C'est vraiment très bon, avec quelques personnages secondaires savoureux : le majordome (très bien joué par Raphaël Personnaz) et la fille de Liliane Marianne, interprétée par Marina Foïs. A celle-ci échoit le rôle ingrat, celui de la peine-à-jouir, de l'ex-petite fille modèle qui voudrait être prise au sérieux et qui voit clair dans le jeu de Fantin. (Cette Frédérique Spielman est un non moins évident décalque de Françoise Bettencourt-Meyers.)

   Durant la deuxième heure, le rythme retombe un peu, peut-être parce que les tensions l'emportent sur les situations de comédie. Nous sommes alors en pleine affaire Bettencourt-Banier, où le judiciaire se mêle au commercial... et au politique. (J'ai rarement vu relevé le fait que les Bettencourt avaient acheté la connivence de certaines figures majeures de la droite française, de 1995 à 2007. J'aurais bien aimé que l'on nous parle davantage de ces -grosses- enveloppes de liquide...) 

   Cela reste néanmoins plaisant, ce qui me conduit à ma principale réserve : la mise en scène de personnages "améliorés" par rapport à leurs modèles. Ce n'est que tardivement que l'on nous montre la milliardaire victime de déficiences cognitives. Je pense que c'est lié à la volonté de présenter, dans un premier temps, une femme libre, consciente de ses actes et peu soucieuse du qu'en-dira-t-on. Dans la réalité, "mamie zinzin" a sans doute commencé à perdre le fil dès les années 1990. Quant à son "compagnon de folies", il nous est montré sous un jour un peu trop favorable, la faute aux dialogues (parfois brillants)... et au talent de Lafitte.

   Cet aspect-là mis de côté, on ne peut que se réjouir de voir le cinéma français capable de produire une comédie de cette tenue, loin du tout-venant qui nous est proposé quasiment chaque semaine.

14:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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