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mercredi, 12 septembre 2007

Cartouches gauloises

   Voilà un film qui ne fait pas un tabac. Ne serait-il pas un peu fumeux ? me suis-je demandé dans un grand moment d'effervescence intellectuelle. Il faut d'abord savoir qu'en dépit de son titre et de son sujet (la fin de la domination française sur l'Algérie), et même s'il est en partie tourné en français, coproduit par des Français, c'est un film algérien. On ne sera donc qu'à moitié étonné de lire, en tête des remerciements, une vibrante formule en hommage à A. Bouteflika, un homme dont les convictions démocratiques pourraient faire rougir bien des populistes européens...

   Pourtant, le film essaie de ne pas (trop) verser dans le manichéisme. La plus belle réussite est la peinture du monde pied-noir, qui n'est toutefois qu'à moitié convaincante. Le problème est que les dialogues français sont assez pauvres et sonnent souvent faux. Il y a peut-être une faiblesse concernant la direction d'acteurs, voire des erreurs de casting (il me semble qu'on a dû recruter des non professionnels, une pratique qui a déjà porté ses fruits... quand le metteur en scène savait mener son équipe). Les dialogues en arabe m'ont semblé plus vrais... même si je ne peux juger que sur l'intonation (et la traduction sous-titrée).

   Il y a donc des gentils pieds-noirs et des moins gentils. On nous les montre quand même souvent plutôt riches, ce qui est une erreur (mais, comparativement aux Algériens, il est vrai que la position des pieds-noirs, même modestes, a pu paraître aisée). Les soldats français sont quasi systématiquement dépeints comme des brutes sanguinaires. On  ne distingue pas les appelés des professionnels. C'est dommage... même s'il est faux de penser que les uns se sont toujours mieux conduits que les autres. Le cas des harkis est mis sur le devant de la scène : un personnage donne le ton global du film, qui dénonce "les traîtres" souvent jugés pires que les Français ; même si l'un d'eux est un montré positivement, globalement, le point de vue est très négatif (le jeune héros finit d'ailleurs par dénoncer leur chef -qui se planque- aux types du F.L.N.). Le réalisateur a néanmoins l'honnêteté de souligner l'abandon dont les harkis ont été victimes.

   Question objectivité, on appréciera aussi le fait que le film aborde les atrocités commises par les indépendantistes. A cet égard, la séquence la plus marquante est celle qui voit les enfants entrer dans la maison pied-noir, dans laquelle résonne Bambino (non, pas chantée par Dujardin !) et où ils finissent par découvrir les cadavres des adultes. Par contre, le résultat de l'attentat à la bombe n'est que suggéré. (A ce sujet, je me pose une question : n'y a-t-il pas un anachronisme dans cette séquence ? En effet, il s'agit d'un attentat suicide ; or, il me semble que si les indépendantistes algériens ont eu très souvent recours aux attentats, il ne s'agissait que de poseurs-euses de bombes, pas de "kamikazes".)

   Le cas des prostituées est différent. Bien qu'elles vendent leurs charmes aux Français (civils comme militaires), elles ne sont pas condamnées par le film : le jeune héros sauve la vie de l'une d'entre elles. De plus, un plan suggère qu'elles profitent de l'inattention des clients pour leur piquer leur fric (quelles bonnes patriotes !). On retrouve ici la fascination de nombre de cultureux pour la prostitution. Peut-être faut-il aussi y voir une réminiscence personnelle : la part autobiographique étant grande dans ce film, peut-être l'auteur a-t-il placé là des souvenirs personnels. 

   Une touche d'humour, pour terminer. Le chef de gare, ami du jeune héros, apprend qu'il va être muté à Sarcelles (on est en 1962, ayez bien cela en tête). Il déclare que là-bas au moins, il ne risque pas de retrouver des Arabes et des juifs !

12:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

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