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mercredi, 17 février 2010

Disgrace

   J'ai gardé l'orthographe du titre anglais (sans l'accent circonflexe donc), puisque, traduit en français, cela donnerait plutôt "honte" ou "déshonneur". Autant le dire tout de suite, ce film australo-sud-africain est dur, très dur même parfois, alors que pratiquement aucune violence physique n'est montrée à l'écran. Les moments de tension alternent avec des scènes apaisées, en pleine brousse africaine ou en ville. C'est très bien joué, superbement filmé.

   Il est question de l'Afrique du Sud actuelle, loin des clichés (et loin de l'optimisme béat d'Invictus), à travers l'histoire d'un prof de fac libidineux, de sa fille perturbée et des "relations interraciales" dans une métropole moderne (Le Cap) et un village perdu au fin fond de la brousse.

   C'est l'excellent John Malkovich qui incarne l'universitaire. Valmont a décidément bien vieilli. Dans la première partie du film, tout est fait pour nous rendre odieux ce libertin phallocrate. Les temps ont changé, et un grand bourgeois blanc aussi cultivé soit-il ne peut plus considérer les étudiantes comme son gibier pénien.

   Se greffent là-dessus les relations entre Blancs et Noirs (ou métis). La deuxième partie du film est à la fois une sorte de "punition" et une rédemption du héros. Eh oui, le fond chrétien est très présent, mais subrepticement. Le problème est que, dans tous les cas, ce sont les femmes qui dégustent : l'épouse trompée du "héros", l'étudiante violée, la fille qui accepte tout... Il n'y a guère que la vétérinaire, qui a renoncé à beaucoup de choses, qui s'en sorte. C'est d'ailleurs une marque de fabrique du film. Un petit côté protestant peut-être.

   Mais on pourrait aussi analyser le film comme étant une image en miroir de l'histoire de l'Afrique du Sud. Ce qui se passe dans la brousse n'est que la réponse du berger à la bergère : les rôles sont inversés, parce que ce sont les Noirs qui ont désormais le pouvoir. Cela peut paraître simpliste mais, si l'on met les Bancs à la place des Noirs et inversement, on peut recréer le contexte de l'implantation coloniale des Européens au XIXe siècle notamment.

   A la fin, le réalisateur semble avoir voulu laisser planer une certaine incertitude. En y réfléchissant bien, on se rend compte qu'en fait le personnage interprété par John Malkovich a pris une décision irrévocable...

15:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

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