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samedi, 16 octobre 2010

Cleveland contre Wall Street

   Quand on habite l'Aveyron, il faut vraiment être particulièrement motivé pour voir ce film, sorti à la fin du mois d'août, et auquel je n'ai pu avoir accès (en salle) que tout récemment.

   Les gérants de salles ont été frileux et pourtant, il traite d'un sujet qui a fait les gros titres en 2008-2009 : la crise des subprimes. L'un des intérêts du film est d'ailleurs de fournir au spectateur un peu perdu des éléments clairs de compréhension du problème, venant de partisans comme d'adversaires de ce procédé financier.

   La construction du film est expliquée en introduction. (On peut trouver des informations plus détaillées sur le site du film, dans un entretien réalisé avec le metteur en scène, Jean-Stéphane Bron.) A la base, il y a la colère de victimes des expropriations (souvent noires) et de leurs voisins, à Cleveland, dans l'Ohio. Une association s'est montée et un avocat s'en est approché. La municipalité de Cleveland, dont les finances souffrent particulièrement en raison de cette crise, décide de prendre le taureau par les cornes. L'idée naît de poursuivre en justice les banques qui ont poussé à la signature de ces emprunts aux taux confiscatoires puis mis en oeuvre leur titrisation. C'est donc une nouvelle version du pot de terre contre le pot de fer, ou de David contre Goliath.

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   Le problème est que le procès ne vient pas. Les banques font tout ce qu'elles peuvent pour empêcher sa tenue. Du coup, le réalisateur pense à tourner ce procès de manière fictive, en demandant aux protagonistes de jouer leur propre rôle. Pour les victimes, cela semblait facile. Mais il a fallu aussi dégotter un juge, un avocat pour les parties civiles, un pour la défense des banques... et désigner huit jurés.

   Le résultat est vraiment intéressant. Dans la première partie du film, on entend les témoignages de victimes et celui d'un shérif, qui procédait aux expulsions. C'est évidemment émouvant, d'autant plus que le réalisateur a eu l'intelligence d'alterner les scènes de tribunal avec des moments capturés en dehors, dans les couloirs, dans les rues de la ville voire dans les maisons. On assiste même à la vente aux enchères de la demeure de l'un des témoins.

   La manière dont le déroulement du procès est rendu est efficace. On nous propose l'interrogatoire puis le contre-interrogatoire des témoins, principalement ceux des parties civiles (les victimes des expulsions). Je pense aussi que le réalisateur a choisi de valoriser ce que chacun avait dit. On ne voit donc pas tout ce qui a été tourné, mais plutôt les meilleurs moments.

   Il faut aussi reconnaître à Jean-Stéphane Bron un réel souci d'impartialité : l'avocat des banques n'est pas dénigré... et en plus il est très bon !

   Je distingue trois moments particulièrement forts dans ce film. Le premier se place quand vient témoigner à la barre un gérant d'immeubles, ancien courtier... et même ancien dealer (activité dont il reconnaît qu'elle l'a bien aidé dans son métier suivant !). C'est le personnage qui a été choisi pour figurer sur l'affiche. Il s'appelle Keith Taylor et je trouve qu'il a su expliquer simplement le déroulement au quotidien de cette grosse arnaque.

   Le deuxième moment fort intervient lorsque témoigne un informaticien, concepteur du logiciel qui a servi aux banques à monter ce qu'il faut bien appeler leur escroquerie. C'est d'autant plus intéressant que le type n'est pas un rebelle, qu'il croit encore dans le système, mais qu'il l'estime dévoyé.

   Enfin, on dégustera la séquence qui voit venir à la barre un ancien conseiller de Ronald Reagan, un néolibéral pur sucre. Son contre-interrogatoire n'est pas mené par l'avocat officiel des parties civiles (que, de manière générale, je n'ai pas trouvé très bon) mais par une prof de Droit qui réussit le tour de force de tirer les vers du nez à ce vieux briscard... qui ne s'en rend pas compte !

   Restent la délibération du jury et le verdict. Dans un film de procès, je m'amuse toujours à estimer, dès le départ, quelle pourra être la position des jurés. Evidemment, c'est extrêmement subjectif, surtout qu'au début on ne connaît rien d'eux, si ce n'est leur apparence. Hé bien, c'est terrible à dire, mais, à la fin, j'ai retrouvé la grille de séparation du départ. Sachez que le verdict s'est joué à une voix près et que tous ont d'excellents motifs pour justifier leur vote.

11:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film

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