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dimanche, 24 avril 2011

Légion d'honneur, mon amour !

   La nouvelle promotion de civils décorés nous réserve de belles surprises. Le Monde s'est intéressé à quelques figures médiatiques. La consultation de l'intégralité des listes publiées au Journal Officiel du 24 avril permet de tirer des conclusions.

   La légion d'honneur est d'abord un moyen de panser les plaies de quelques victimes du suffrage universel (les électeurs sont si ingrats...) ou de virés du gouvernement, qui ont l'amabilité d'accepter. Ainsi, Claudie Haigneré (deux fois ministre de Jean-Pierre Raffarin entre 2002 et 2005) et Raymond Soubie (ancien conseiller notamment de Nicolas Sarkozy) sont élevés à la dignité de grand officier. Dans le même genre, on a Xavier Darcos (ministre délégué de Jean-Pierre Raffarin, ministre de plein exercice de François Fillon), qui devient commandeur.

   Moins connus sont les dizaines de chefs d'entreprises (signalons toutefois le cas de Marc Senoble, nommé chevalier), de praticiens hospitaliers, de dirigeants d'associations à qui l'on attribue le précieux hochet. La justice, bien que malmenée par le pouvoir exécutif, n'est pas oubliée. Cela va jusqu'au procureur général près la Cour d'Appel d'Amiens, qui devient officier par la grâce du ministre dont il dépend. Gageons qu'il saura conserver une totale indépendance dans l'exercice de ses fonctions.

   Il est aussi frappant de constater que l'appartenance à un organisme de contrôle du pouvoir exécutif semble favoriser l'obtention de la précieuse médaille. Le cas le plus emblématique est celui de Pierre Steinmetz, membre du Conseil constitutionnel (où il a été nommé par Jacques Chirac), élevé au grade de commandeur. Cela me semble particulièrement déplacé alors que le Conseil a régulièrement à se prononcer sur des textes de loi parfois très controversés.

   Tout aussi malvenues me paraissent :

- l'élévation au grade de commandeur d'un président de chambre de la Cour des comptes

- la promotion au grade d'officier de conseillers maîtres à la Cour des comptes (sur le contingent du Premier ministre)

- la nomination de la présidente et d'un conseiller d'une section de Chambre régionale des comptes

   On remarque aussi quelques nominations "paillettes" : l'un des ténors (de droite) du barreau de Paris Francis Szpiner, devient commandeur, tout comme l'inoxydable Yvette Horner. Parmi les sportifs connus, les gens du Sud-Ouest relèveront la nomination d'un jeune retraité, le rugbyman Fabien Pelous.

   Chaque promotion réserve quelques surprises. Ainsi, le maire de Bastia (radical de gauche) Emile Zuccarelli, ancien député, ancien ministre sous Pierre Bérégovoy et Lionel Jospin, devient officier. On est encore plus surpris de retrouver sur la liste des nouveaux chevaliers Claude Poperen (le frère du socialiste Jean), longtemps communiste, ancien dirigeant de la CGT !

   Il me reste à aborder le cas des Aveyronnais (au sens large). Pierre Soulages est élevé à la dignité de grand officier (il était devenu commandeur sous François Mitterrand... quand je vous dis que le snobisme n'est ni de gauche ni de droite...) :

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    La préfète du département, Danièle Polvé-Montmasson (page 11 du décret), devient officier (comme sa collègue du Tarn, pour qu'il n'y ait pas de jaloux). On peut ajouter à cette liste deux papys de la politique aveyronnaise (page 12 du même décret), l'ancien sénateur et maire de Sévérac-le-Château Bernard Seillier (le souverainisme mène à tout, même aux médailles en chocolat) et l'ancien vice-président du Conseil général René Quatrefages. L'une de ses collègues, encore en activité, va recevoir la même décoration : Renée-Claude Coussergues, élue du canton de Sainte-Geneviève-sur-Argence (page 3 du décret : elle figure sur le contingent du Premier ministre, contrairement à ses anciens collègues, nommés sur le contingent du ministre de l'Intérieur et des Collectivités territoriales).

   Tout ce beau monde va donc rejoindre Jean-Claude Luche, nommé en janvier dernier. Il ne fait aucun doute que le gouvernement identifie clairement la "Majorité départementale" aveyronnaise à la majorité présidentielle... et vice versa. Les étiquettes politiques, masquées pendant la campagne des récentes élections cantonales, sont déjà en partie ressorties.

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