Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 10 décembre 2011

Polisse

   C'est donc le film de Maïwenn (la soeur d'Isild Le Besco), consacré à la Brigade de Protection des Mineurs (la BPM pour les intimes), qui dépend de la préfecture de police de Paris. On a évidemment cherché à le comparer à d'illustres prédécesseurs, comme le Police de Maurice Pialat (qui ne raconte pas le même genre d'histoire) et L627 de Bertrand Tavernier (axé sur le trafic de drogue).

   Ici, aucun héros ne se détache vraiment. On nous offre un portrait de groupe (de policiers) et des tranches de vies de citoyens de tout milieu, des immigrés roumains (séquence poignante de "rafle" à la clé) à la grande bourgeoisie parisienne (où se distingue Sandrine Kiberlain, peu présente mais impressionnante à chaque fois), en passant par les jeunes des "quartiers difficiles".

   Avant d'aller voir ce film, j'ai entendu dire qu'il se rapprochait (trop ?) du documentaire. C'est parce qu'il joue sur le réalisme des situations. Le scénario s'est inspiré de faits réels et les dialogues comme le jeu des acteurs ont sans doute été influencés par ce qu'ils ont observé et ressenti au contact des vrais flics.

   Du coup, c'est très cru, trop même parfois (et pourtant, je ne pense pas être particulièrement bégueule). On comprend vite que les flics ne pratiquent pas la langue de bois entre eux. Quant aux rapports avec les justiciables, s'ils ne sont pas nécessairement marqués par la violence physique, ils sont souvent émaillés de violence verbale. On nous met dans le bain dès le début avec cette ado insultante embarquée dans la voiture, confrontée à Naidra Ayadi et Joey Starr (excellents tout au long du film).

   Mais la pire violence n'est pas dans les actes qui sont montrés à l'écran, ni dans les insultes ou grossièretés qui pleuvent parfois. Elle est dans certaines situations, souvent ignobles, dont l'accumulation a pour certains spectateurs franchi la limite du supportable. On passe ainsi deux heures plongé dans les affaires de viol, pédophilie, inceste, prostitution, le tout assaisonné de violences diverses, de perte de logement, de divorces.

   Certains cas sont tellement énormes qu'ils suscitent le rire. Il y a cette mère qui masturbe son enfant en bas âge "pour le calmer", cette adolescente prête à tout pour récupérer le téléphone mobile qu'on lui a volé... "parce que c'est quand même un très beau portable" ! C'est le moment de signaler la qualité du jeu de la pléiade de figurants qui peuple ce film, en particulier celui des enfants, toujours vraisemblables. Le casting a été soigné et la direction d'acteurs est sans faille.

   Il reste cette équipe de flics, qui encaisse tous les chocs et doit, par dessus le marché, gérer une vie privée souvent chaotique. C'est pour moi la plus belle partie du film, autour de Karin Viard et Marina Foïs, épatantes (je recommande en particulier le "pétage de plombs" de K. Viard).

   De son côté, Maïwenn ne s'est pas attribué un rôle particulièrement facile. Elle est la photographe qui suit l'équipe de la BPM. Elle vient des beaux quartiers (c'est visiblement une "bobo") et a bénéficié d'un gros piston. Elle est donc bousculée par cette équipe de flics, peut-être un peu à l'image de ce qu'a vécu la réalisatrice quand elle a suivi des fonctionnaires de la brigade en préparant ce film.

14:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film

Les commentaires sont fermés.