mardi, 05 juin 2012
Margin call
La crise financière qui a éclaté en 2008 n'en finit pas d'inspirer les cinéastes. On constate toutefois une évolution, puisqu'on est passé du documentaire pur et dur, militant (Inside Job), au documentaire-fiction (Cleveland contre Wall Street, que je recommande), pour arriver à cette fiction à caractère documentaire, puisque la banque dont la chute nous est décrite est sans doute Lehman Brothers.
On suit donc une bande de mecs d'âges et d'origines différents, brillants, appâtés par le pognon, confrontés à une situation de crise grave, inédite. Dans cette bande de mecs s'est glissée l'impeccable Demi Moore, qui, en dépit d'un rôle très sobre, se révèle encore sacrément bien gaulée ! Mais je m'égare...
Toujours est-il que les interprètes masculins, bien que physiquement nettement moins attirants (à mon goût) que l'ex-Mme Willis, sont formidables, à commencer par Kevin Spacey, dont le personnage a une image évolutive dans le film : au départ, on le voit pleurer, non pas sur la catastrophe qui frappe sa boîte, encore moins sur la charrette de licenciements, mais sur la maladie de sa chienne. Du coup, on le prend pour le gros enculé de base. Les changements successifs de focale vont nous le montrer sous un autre jour.
Tour à tour, l'action suit (et met en valeur) l'un des protagonistes. Cela démarre avec le vieux routier viré comme une merde (Stanley Tucci, épatant). On continue avec le jeune doué qui va découvrir le pot-aux-roses (Zachary Quinto, efficace). On poursuit avec le chef d'équipe aux dents longues, un cynique avec d'étonnantes fidélités (Paul Bettany - oui, le Silas de Da Vinci Code). Au-dessus encore se trouve un jeune requin qui a déjà bien réussi (Simon Baker... Mentaliste à ses heures). Cela remonte comme cela jusqu'au big boss, paradoxalement le rôle le moins bien interprété selon moi (Jeremy Irons, qui cachetonne).
Certaines scènes ont une force toute particulière, comme celle qui se déroule dans les toilettes masculines, où s'est caché l'une des jeunes recrues aux dents longues, qui sait qu'il va se faire lourder et qui chiale comme un môme. Débarque l'un des pontes, dont on ne voit d'abord que les chaussures (le plan est pris de l'intérieur d'une cabine). On finit par comprendre qu'il vient se raser, en toute décontraction, pendant que le jeunot, qui sort enfin du petit coin, essaie de faire bonne figure.
J'ai aussi en mémoire la dernière tentative de Bettany-Emerson pour faire revenir Dale-Tucci à la banque. Celui-ci lui raconte ses débuts dans les travaux publics, construction d'un pont à l'appui. Et le voilà, assis sur les marches d'entrée de sa maison, qui se lance dans un délire de chiffres prouvant tout le bien de son travail (c'était avant qu'il ne parte bosser dans la banque...), laissant son interlocuteur pantois.
C'est donc un vrai film de cinéma, ancré dans la réalité de la spéculation financière et le caractère impitoyable des relations entre les grands fauves de la jungle des marchés. L'humain, dans tout cela, a bien du mal à trouver sa place.
22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
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