lundi, 29 octobre 2012
Insensibles
Ce film espagnol, signé Juan Carlos Medina (associé à Luis Berdejo, l'un des créateurs de [Rec], pour le scénario), confronte deux époques, la nôtre, qui voit un brillant chirurgien quinquagénaire découvrir sa maladie à l'occasion d'un accident de la route, et la période franquiste (de la guerre d'Espagne aux années 1960), durant laquelle on suit principalement des enfants.
On ne peut pas s'empêcher de penser à d'autres (très) bons films de genre, dont l'intrigue puise dans cette époque tragique : Le Labyrinthe de Pan (moins réussi que celui-ci au niveau du scénario), Balada triste (apparenté aussi par la réflexion sur la violence et la déshumanisation) et Pain noir (qui témoigne du même souci de tracer un portrait social nuancé de l'époque). Sans en dire trop à propos de l'intrigue, je peux ajouter que l'histoire n'est pas sans rappeler l'excellent Incendies. Le film espagnol est toutefois plus optimiste que le libanais, peut-être parce que dans l'un des cas, le lourd passé est en passe d'être digéré, alors qu'au Liban, les blessures sont encore vives et le conflit pas enterré.
Mais revenons à Insensibles.
La partie contemporaine de l'histoire est à la fois un polar (une enquête) et un mélo. Le héros cherche à découvrir qui sont ses parents biologiques... et va aussi apprendre qui était jadis celui qui est son père officiel. C'est maîtrisé, émouvant parfois.
La partie "ancienne" est la plus belle à voir. Les couleurs sont magnifiques et le site de l'orphelinat-prison est à couper le souffle. S'ajoute à cela l'espèce de malédiction qui pèse sur ces enfants, dont on suit le parcours. Adultes comme jeunes jouent très bien. Les effets spéciaux sont dosés et pertinemment utilisés. L'histoire est vraiment très travaillée. (Cela mériterait l'oscar du scénario, à mon avis.) Les intrigues s'entremêlent. (On a même réussi à insérer de petites histoires dans l'histoire, comme celle du chiot malade qui va être un facteur d'accélération de l'action.)
On s'attache à certains personnages. On les voit évoluer et l'on se demande qui peut être le père et qui peut être la mère. On notera la volonté de ne pas bâtir des personnages d'une seule pièce. Attention aussi aux âmes sensibles : certaines scènes (brèves) sont sanglantes.
On nous ménage des surprises jusqu'à la séquence finale, de toute beauté.
Je suis sorti de là assez remué... et ravi d'avoir vu un tel chef-d'oeuvre !
15:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
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