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dimanche, 24 mars 2013

Mystery

   C'est le nouveau film de Lou Ye, cinéaste né à Shanghaï, remarqué il y a quelques années pour Une Jeunesse chinoise. En à peine plus d'1h30, ce long-métrage réussit à entremêler les thématiques : drame bourgeois, portrait social, polar urbain.

   La séquence initiale est indicatrice de ce que va être la suite. On commence avec une musique douce, des personnages jeunes et riches, dans des voitures luxueuses. L'action se situe sur l'une des autoroutes urbaines qui enserre la ville de Wuhan (située sur le fleuve Yangzi) :

Wuhan.jpg

   Survient un événement qui va bouleverser la vie des personnages... et révéler leur véritable tempérament. Mais c'est d'autres personnes dont il va être principalement question durant le reste du film. Petit à petit, le réalisateur dévide sa pelote, nous montrant les tenants et les aboutissants de cette séquence initiale.

   On passe aux véritables personnages principaux. Ils incarnent la bourgeoisie chinoise en pleine expansion. Ils sont riches, ont un bel appartement et une ravissante petite fille (politique de l'enfant unique oblige... ce n'est pas sans importance). Attention toutefois : ce tableau idyllique est trompeur. La suite du film va nous montrer ces personnages sous un autre jour, soit qu'ils cachent leur jeu, soit qu'ils évoluent. Mention spéciale pour Hao Lei (déjà vue dans Une Jeunesse chinoise), que l'on pourrait comparer à Kate Winslet : elle peut tout jouer.

   Le drame bourgeois tourne autour de l'infidélité et de la double vie. Le réalisateur donne la part belle aux actrices, (principalement les deux jeunes femmes, mais aussi l'étudiante, sa mère et celle du héros). Je le trouve néanmoins trop indulgent pour l'un de ses personnages masculins, qui est un bel enfoiré.

   Le portrait social est soigné. La grande bourgeoisie est présente à travers les fils à papa et l'une des épouses. A l'écran, un spectateur attentif notera la présence des marques étrangères : le téléphone portable de l'une des femmes (qui joue un rôle non négligeable dans l'intrigue) est de marque japonaise (Sharp), les voitures sont souvent américaines (Ford) et les vêtements chics viennent de Corée du Sud. La musique même est européenne (on entend L'Hymne à la joie, de Beethoven)... et on la voit jouée une fois sur un piano de marque Strauss. On remarque la différence de classes au niveau des loisirs : les rejetons de la bourgeoisie fréquentent les jardins d'enfants, ont des cours de musique et de danse. Les pauvres jouent au football sur un terrain vague.

   Plus bas dans l'échelle sociale se trouvent la seconde jeune femme, qui ne possède pas de voiture (ni sans doute de permis de conduire), ainsi que la mère de l'étudiante. On rencontre aussi un garagiste et un policier qui, lui, bénéficie d'un bel appartement, dans un immeuble donnant sur le fleuve. Mais sa paie ne lui permet visiblement pas de faire des folies. Il s'en sort toutefois bien mieux que le sans-abri, qui survit dans les bois en récupérant des déchets urbains. Cependant, il est flagrant que, dans le film, l'argent ne semble pas faire le bonheur... ou plutôt il ne suffit pas.

   Le titre indique que l'intrigue est aussi celle d'un polar. Au départ, on ne comprend pas tout ce qui s'est passé autour de l'événement auquel sont confronté les gosses de riches en voiture. Le mystère prend donc deux formes. D'un côté, les spectateurs cherchent à comprendre qui a fait quoi... et surtout qui sait quoi (les personnages ont furieusement tendance à se mentir ou à dissimuler). De son côté, le policier (et son copain le garagiste) cherchent d'abord à établir les responsabilités dans un accident, avant de s'intéresser à ce qui ressemble à une tentative de meurtre.

   Certains spectateurs un peu mous du bulbe ont été désorientés par ce foisonnement scénaristique. Le film réclame certes de l'attention, mais il est bigrement bien construit et interprété. Au niveau du style, on retrouve les marottes du réalisateur : la caméra à l'épaule pour suivre les personnages qui marchent, les prises de vue aériennes pour montrer la ville et l'usage du flou et du fondu quand il est question des sentiments. Cela se situe quelque part entre Claude Sautet et Michel Deville, avec une touche d'Assayas.

14:41 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

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