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vendredi, 11 octobre 2013

Jimmy P.

   C'est un film d'Arnaud Desplechiant, avec Mathieu Amalric... tout pour me faire fuir, donc. Mais l'histoire, inspirée de faits réels, a piqué ma curiosité et les extraits vus ont achevé de me convaincre de tenter l'expérience.

   Pourtant, la première scène qui fait intervenir Mathieu Amalric m'a fait craindre le pire. L'un des médecins de l'hôpital américain le contacte par téléphone. Le psychanalyste se trouve dans un bar, visiblement sans domicile fixe ni travail. L'acteur exprime maladroitement un enthousiasme exacerbé. Heureusement, cela s'améliore par la suite, notamment lors du premier entretien entre les deux héros, qui voit le psy utiliser ses connaissances anthropologiques pour nouer le contact avec son patient.

   Le film est principalement composé de scènes de dialogues. Les plus nombreuses sont celles qui font intervenir l'Indien Blackfoot (Benicio Del Toro, excellent) et le psy européen juif (Amalric, qui a trouvé le ton juste). D'autres confrontent chacun des deux héros aux femmes, le premier à sa soeur ou à son ex, le second à sa maîtresse. On comprend que, malgré leurs différences, ils éprouvent des difficultés semblables à gérer leurs relations avec la gent féminine. Cet aspect du film a suscité des réactions, parce que les portraits de femmes (les trois citées, plus quelques autres) ne sont pas très positifs. Le plus beau personnage est sans conteste celui de la grande soeur de Jimmy, femme de tête, forte et faible à la fois. Elle est incarnée par Michelle Trush.

   Un autre élément rapproche les deux hommes : l'appartenance à deux peuples qui ont subi un massacre de masse. Il est amusant de constater qu'ils communiquent dans un anglais abâtardi. L'Indien acculturé s'exprime difficilement, avec une syntaxe approximative. Le psy a un langage plus fluide, mais un accent prononcé, censé évoquer une origine centre-européenne.

   J'ai du mal à l'expliquer, mais je ne peux que le constater : le montage réussit à faire toucher du doigt ce que peut être une thérapie s'appuyant sur certains acquis de la psychanalyse. Mais le grand talent du film est de montrer que les deux hommes en tirent profit. L'Indien se débarrasse de ses cauchemars et envisage de redonner un sens à son existence. Le psy obtient la reconnaissance de ses compétences (avec un poste en fac en bout de piste) et peut espérer refaire sa vie en Amérique, loin de cette Europe guerrière, raciste et à moitié détruite.

   C'est donc un beau film, bien joué, mais de facture classique. Il nécessite un certain effort de la part des spectateurs. Mais il le mérite.

23:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

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