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vendredi, 24 janvier 2014

12 Years a Slave

   Ces douze années d'esclavage sont celles subies par Solomon Northup, un Noir américain de l'État de New York... et surtout, au départ, un homme libre, dans les années 1830. C'est l'occasion pour Steve McQueen de nous proposer un (court) portrait inattendu d'une Amérique non esclavagiste, vers le milieu du XIXe siècle. C'est indirectement un éloge de la ville multiculturaliste. Les scènes urbaines sont d'ailleurs très réussies, notamment l'un des retours en arrière qui nous montre le croisement de deux destins noirs (celui d'un homme libre bien inséré socialement et celui d'un esclave sous la coupe de son maître).

   Mais il faut reconnaître que l'ensemble est assez académique, avec une musique de Hans Zimmer que l'on a l'impression d'avoir déjà entendue cent fois. On retrouve heureusement la "patte" du réalisateur de Hunger dans les scènes intimistes, en particulier celles qui font intervenir deux personnages. Le cadrage est excellent, les jeux d'ombre et de lumière maîtrisés et les dialogues bien écrits. Les mouvements de caméra sont mesurés et, m'a-t-il semblé, bien dosés.

   Le paradoxe est que l'acteur qui se détache n'est pas celui qui incarne le personnage principal. Chiwetel Ejiofor est presque éclipsé par Michael Fassbender, excellent en esclavagiste alcoolique, veule et libidineux. Ajoutons que les seconds rôles sont très bons... et je m'en voudrais de ne pas signaler aux dames que Brad Pitt (qui coproduit le film) fait une apparition marquante, en charpentier canadien anti-esclavagiste. Comme, à Rodez, le film est projeté en version originale sous-titrée, cela permet aux oreilles habituées à sa voix de doublage de découvrir les véritables intonations de l'acteur.

   L'intrigue n'est pas strictement linéaire. Divers retours en arrière sont introduits, à plusieurs moments. Je dois reconnaître que c'est habilement fait. Sur le fond, le scénario ne verse pas dans le manichéisme. Si le racisme et la violence des esclavagistes sont fermement dénoncés, on a fait l'effort de nuancer le portrait des Blancs, introduisant des personnages sudistes plus ou moins sympathiques (avec une bonne prestation de Benedict Cumberbatch) et proposant des figures positives parmi les Yankees. Avis toutefois aux âmes sensibles : à plusieurs reprises, des Afro-américains sont victimes des délices de la corde ou du fouet. L'une des séquences les plus marquantes voit le héros s'opposer à un employé de l'un de ses maîtres... et devoir attendre sa délivrance pendant un bon petit moment.

   En dépit de quelques longueurs, cela reste un bon film, qui évoque un aspect méconnu d'une histoire déjà maintes fois représentée sur grand écran.

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