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samedi, 09 août 2014

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?

   J'arrive après la bataille, mais, bon, il n'est jamais trop tard. En fait, j'ai accompagné une personne qui ne se rend au cinéma que deux ou trois fois par an. Elle constitue l'une des cibles de ces longs-métrages familiaux, comédies balisées, dont le destin est d'être diffusées à 20h50 sur TF1 (qui, est-il besoin de le préciser, a produit le film).

   Le prologue est réussi, avec cette succession de passages à la mairie. Pour paraphraser l'une des affiches (et un film célèbre), c'est un peu "Trois mariages et deux têtes d'enterrement" : au fil des unions, le couple bourgeois catholique, qui tentait de faire bonne figure au début, tire de plus en plus la tronche, pour finir par porter une tenue de deuil. Si l'on ajoute à cela le contraste des identités complètes des mariés, on obtient un bon démarrage.

   Cela se gâte un peu quand on découvre les trois gendres. Les acteurs en font trop. Je les ai trouvés plutôt antipathiques (Chao un peu moins). Habilement, le scénario les présente avec un défaut principal, mais aussi une grande qualité. Rachid le musulman est un homme moderne, pas du tout intégriste, mais il a très mauvais caractère ; on le sent souvent sur le point de "péter les plombs". Dans sa profession d'avocat, on en fait un homme bon, mais très à cheval sur les principes.

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   David le juif est le plus agaçant, à la fois le plus communautariste (mais il n'a toutefois pas exigé que son épouse embrasse sa religion)... et le plus fort-en-gueule... sans compter qu'il mange comme un malpropre.

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   Chao est obséquieux à l'extrême, pas toujours de manière naturelle. Mais, au fond, c'est un chic type, qui a donné un coup de main bancaire à sa future épouse et qui est prêt à soutenir la nouvelle entreprise de l'un de ses beaufs.

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   Par contre j'ai bien aimé le passage qui voit chacun d'entre eux, pourtant victime de préjugés racistes, se révéler lui aussi pétri d'aprioris sur d'autres communautés : le Franco-Algérien déteste les Marocains et le juif séfarade méprise les Ashkénazes.

   Le message est plus lourd quand il est question du père de famille, incarné par Christian Clavier. De sa bouche sortent la majorité des clichés racistes, qui ne sont pas toujours présentés comme tels dans le film. On a reproché aux auteurs de ne pas avoir clairement dénoncé  certains de ces lieux communs. Quelques-uns sont certes battus en brèche (on voit un Arabe rejeter la drogue, un juif qui tire le diable par la queue et un Asiatique philanthrope), mais il est indéniable qu'à la fin du film, même si Verneuil père a accepté ses gendres, il n'en conserve pas moins nombre de ses préjugés.

   Le second bouleversement vient de la quatrième fille, qui est sur le point d'épouser un Noir, d'origine ivoirienne. Cette fois-ci, on nous épargne la liste des clichés sur les Africains et on nous offre un superbe personnage : le père ivoirien, lui-même bouffi de préjugés, interprété avec talent par Pascal N'Zonzi. Sa réconciliation avec le gaulliste Verneuil est ma foi bien mise en scène.

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   La comédie manque toutefois de folie. On fait référence à Rabbi Jacob (dans un contexte assez cocasse), mais la comparaison ne joue pas en faveur du film le plus récent. (Et Clavier n'a pas le talent de Louis De Funès.) Seule Chantal Lauby, excellente en catho qui s'ouvre au monde, rompt un peu la mécanique prévisible de l'intrigue. (De manière générale, les personnages féminins sont plus sympathiques, plus mûrs.) Je regrette aussi que l'on n'ait pas davantage développé l'histoire du complot des gendres (contre le quatrième). Le quiproquo (à propos d'une photographie) était pourtant porteur.

   Voilà. Ce n'est certainement pas la comédie du siècle (ni même de l'année). Tout en rassurant son public (et en évacuant le contexte social...), elle dit tout de même deux-trois choses pas idiotes.

21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

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