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mardi, 12 août 2014

Lucy

   En moins d'1h30, Luc Besson (qu'il ne faut pas croire à chaque fois qu'il affirme avoir tourné son dernier film) tente de mêler un thriller de science-fiction, une réflexion philosophique et un poil de féminisme.

   L'héroïne a été nommée ainsi en référence à l'australopithèque dont une partie du squelette a été découverte en Ethiopie, en 1974, par une équipe dans laquelle figurait le Français Yves Coppens. A l'époque, les paléontologues avaient été inspirés par une chanson des Beatles, Lucy in the Sky with Diamonds... les initiales des mots principaux formant l'acronyme LSD. Cela colle parfaitement avec l'intrigue du film, qui tourne autour d'une nouvelle drogue de synthèse, le CPH4 (dont le nom a été inventé, selon Besson).

   Sur le papier, cela sonne bien, d'autant plus que la distribution est alléchante. Mais le début ne m'a pas emballé du tout. Est-ce parce que la version française est mauvaise ? Est-ce parce que je suis habitué à la véritable voix de Scarlett Johansson ? Cette dispute entre amoureux s'éternise inutilement. Par la suite, j'ai même eu mal pour l'actrice, qui n'est pas convaincante en étudiante pleureuse.

   Cela devient intéressant quand Lucy se retrouve lestée du paquet de poudre bleue. Le thriller démarre vraiment et, en même temps, le compte à rebours qui la voit acquérir une maîtrise de son cerveau de plus en plus complète.

   Ce début alterne avec des extraits d'une conférence scientifique, où l'on découvre Morgan Freeman, qui "fait le boulot". Les images sont entrecoupées d'extraits (fort jolis) de documentaires, pas tournés par Besson (les sources figurent dans la générique de fin). Science et philosophie se mêlent jusqu'à la fin, qui montre deux "Lucy" entrer en contact. Le scénario fait (intellectuellement) descendre l'espèce humaine de l'australopithèque, ce qui est faux.

   De la part de Besson, le mélange des genres est assez culotté. Mais cela ne m'a guère intéressé. D'un point de vue cinématographique, on est content de retrouver Scarlett bonne actrice à partir du moment où les effets de la drogue se font sentir.

   C'est drôle parce qu'on voit une fragile poupée mettre sa race à une brochette de voyous (et même à des policiers), parfois de manière spectaculaire. Les effets spéciaux sont réussis et les péripéties s'enchaînent. (On sait faire ça, chez Europa Corp.)

   La tension monte jusqu'à un apogée qui m'a déçu. L'histoire se conclut trop vite. Je pense qu'on a dû pratiquer des coupes, pour faciliter l'exploitation en salles. Du coup, on laisse tomber la relation de l'héroïne avec sa mère, on ne développe pas l'ébauche de romance avec le policier français et l'on n'insiste pas sur le corps qui se rebelle (objet pourtant d'une belle scène d'avion).

   Quant au féminisme, il est tout relatif. A part Lucy / Scarlett, aucun personnage féminin ne se détache. Sa meilleure amie, à peine entrevue, semble aussi superficielle que l'héroïne non droguée. Dans l'amphithéâtre où le professeur Norman s'exprime, on aperçoit bien de nombreuses étudiantes, mais tous les scientifiques de renom sont des hommes. Il en est de même des forces de police et des mafieux coréens, qui ne croisent qu'une femme de ménage et une tatoueuse. Si j'étais mauvais esprit, je dirais que le sous-texte du film est que les femmes sont globalement inférieures aux hommes, une seule se détachant du lot.

   Mais chacun (féministe ou pas) peut y trouver son compte, tout comme à propos des drogues. La scène montrant Lucy faire la fête en boîte de nuit est clairement une apologie de la prise de ces substances (tout comme la trame générale, qui explique comment une femme très ordinaire devient surhumaine à l'aide d'une drogue). D'autres éléments en pointent les effets néfastes et dénoncent l'action des groupes criminels. Besson cherche à se concilier tous les publics, pensant ainsi rallier le grand nombre, au risque de ne pas faire le grand film qu'il est pourtant capable de réaliser.

17:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film

Commentaires

pourrai-je avoir les extraits de morgan Freeman lors de la conférence !!!c'est introuvable et les pages internet sont fausses! vous dites qu'il y a les extraits de morgan Freeman et on peut les voir nulle part !

Écrit par : rc | lundi, 03 novembre 2014

Les commentaires sont fermés.