vendredi, 17 octobre 2014
Gone Girl
Le titre est à l'image du film : il joue sur l'ambiguïté. Cette "fille partie" est-elle disparue ? morte ? enfuie ? Si elle est morte, s'est-elle suicidée ? Est-ce le résultat d'un accident ? d'un assassinat ? Dans ce cas, qui est le meurtrier ?
On peut donc voir le début comme une bonne partie de Cluedo. Presque tous les personnages principaux peuvent faire figure de suspect, au premier rang desquels le "colonel" Ben Affleck, mi-balourd, mi-faux-cul :
Son épouse disparue, "Madame (Amy) Leblanc", n'est pas tout à fait nette non plus :
... à moins que ce ne soit le "Docteur Olive" Collins, l'ex-petit ami de la dame, un brin harceleur, un brin dissimulateur :
... ou alors cette pulpeuse étudiante, "Mademoiselle Rose-Andie", peut-être pas aussi innocente qu'elle en a l'air :
On pourrait aussi parler de la voisine qui se dit bonne copine de l'épouse disparue. Est-elle aussi stupide qu'elle le paraît ? D'autres pistes nous sont suggérées, même si l'attention finit par se concentrer sur un petit nombre de protagonistes.
La première partie alterne les séquences qui tournent autour du mari et de l'enquête de police et les retours en arrière, qui nous permettent d'en apprendre davantage sur ce couple qui était sur le point de célébrer ses cinq ans de mariage. Petit à petit, on découvre aussi le journal intime tenu par l'épouse. Le problème est qu'on ne sait pas quand il est rédigé. Est-ce avant la disparition ? En même temps que l'enquête se déroule ? Après les faits ? De la réponse à cette question dépend une partie de la résolution de l'énigme.
Derrière la caméra, David Fincher "maîtrise", alternant les styles. On a ainsi droit aux débuts romantiques, assaisonnés d'une pincée de sarcasme, les deux héros se montrant parfois délicieusement caustiques (et l'épouse grossière). Puis vient le temps de l'usure et enfin le déchirement du couple. Mais ce n'est pas tout. A l'ambiance de série policière (il est fait référence à New York Police Criminelle... ou Judiciaire, je sais plus) s'ajoute un poil de paranoïa. L'intrigue bascule dans le thriller, pour notre plus grand plaisir : l'un des personnages est un psychopathe... et je pense que la personne qui l'incarne mérite une statuette, tant sa palette de jeu est grande (et convaincante).
C'est d'autant plus brillant au niveau du scénario que le dispositif mis au point par le psychopathe va un peu foirer. (Il faut toujours se méfier des parties de mini-golf...) Les auteurs jouent avec les codes, les films de genre et, suprême culot, n'hésitent pas, plus d'une heure avant la fin, à casser le mystère (et le suspense... du moins le croit-on, dans un premier temps), pour s'engager dans une autre voie, toute de tension psychologique.
Cerise sur le gâteau, on nous offre une satire de la télé-poubelle (les chaînes d'infotainment merdiques qui prospèrent outre-Atlantique) et une (discrète) remise en cause de l'élitisme "côte Est".
Le problème est que c'est long. Le soir, veillez à manger deux bonnes heures avant le début, histoire de pratiquer une vidange correcte aux toilettes juste après les publicités. Sinon, au bout d'1h30-2h, votre corps risque de se rappeler à votre bon souvenir. Mon conseil : profiter d'une scène entre le héros et son médiatique avocat pour se libérer de l'essentiel. (Au besoin, se rendre à la séance en compagnie d'une bonne âme, qui se fera un plaisir de vous dire, à votre retour des toilettes, qu'il ne s'est rien passé durant votre absence.) Une second passage risque de s'avérer nécessaire après le film, tant la dernière partie de l'histoire est tendue.
Oh, mais... voilà que je réalise que j'allais vous quitter sans mentionner le véritable personnage principal de ce film, une magnifique (et très docile) chatte rouquine :
18:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
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