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samedi, 25 juillet 2015

Les Nuits blanches du facteur

   Andrei Kontchalovski a posé sa caméra dans la Russie rurale, dans le nord-ouest du pays, dans l'oblast (la région) d'Arkhangelsk, qui est à peu près aussi vaste que la France métropolitaine, mais peuplé d'à peine plus d'un million d'habitants.

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   L'action se déroule à l'intérieur des terres, loin de la capitale régionale (même si l'un des personnages finit par partir y travailler). Le héros, un facteur qui a pas mal roulé sa bosse, travaille dans un village perdu sur les rives d'un lac, dans le parc national de Kenozero. A plusieurs reprises, il se rend dans un bourg proche, où vit sa soeur. Seule véritable rupture dans un quotidien répétitif, un mini-périple le conduit dans la ville fermée de Mirny, pour y rencontrer un général.

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   Pour la petite histoire, c'est à proximité de cette ville qu'est situé le cosmodrome de Plessetsk, moins connu que celui de Baïkonour, mais qui a joué un rôle important dans le développement de la puissance spatiale soviétique. Il est aujourd'hui associé aux activités d'Arianespace (notamment au projet OneWeb). Il est aussi toujours lié à l'industrie aérospatiale russe : c'est de Plessetsk qu'a été lancée l'an dernier la fusée de nouvelle génération Angara.

   Dans le film, on voit le facteur pénétrer sur le cosmodrome, en compagnie du jeune fils d'une voisine (sur laquelle il a des vues). Un peu plus tard, il faut être attentif à l'arrière-plan d'une scène qui se passe au bord du lac. On y voit une fusée en pleine ascension.

   A une exception près, les acteurs sont des non-professionnels. Ils jouent souvent leur propre rôle, si bien que le film a des airs de documentaire-fiction. Si l'on ajoute à cela la grande attention portée à la nature, les gros plans sur certains animaux (une araignée d'eau, une fourmi...), on ne peut que penser à Farrebique, de Georges Rouquier. Toutefois, l'oeuvre de Kontchalovski n'a pas la rigueur du chef-d'oeuvre aveyronnais.

   Le film n'en est pas moins fort intéressant à suivre. On y découvre des personnages hauts en couleur, qui vivent souvent de peu. Leur bien principal est leur maison, assez rudimentaire, accompagnée de quelques terres. Pour l'alimentation, on complète par la pêche, plus ou moins légale (ce qui provoque des tensions avec les agents chargés de faire respecter la réglementation)... et l'on se rend, quand on peut, à la supérette du bourg, dont la patronne accepte parfois de faire crédit. Les principales distractions sont les discussions entre voisins (c'est-à-dire les personnes qui habitent à plusieurs centaines de mètres)... enfin ceux avec lesquels on n'est pas fâché. Faute de mieux, il reste la télévision, avec des émissions qui, si elles recueillent de l'audience, ne semblent pas d'une haute tenue intellectuelle...

   L'action est rythmée par la vie du héros, son lever, ses rituels du matin, puis son travail et ses rencontres. Plus qu'un facteur, il est le lien social qui contribue à faire vivre le village. (En plus, il joue de l'accordéon.) Mais il se sent seul et se dit qu'il commence à perdre le boule : la nuit, il voit par intermittences un chat gris dans sa maison, sur le sol, sur un meuble... voire sur son ventre ! Pourtant, il a arrêté la vodka, un fléau dont on perçoit les ravages jusqu'au fin fond de la Russie. La situation se complique quand, un matin, il découvre qu'on a volé le moteur de son bateau, celui avec lequel il fait la liaison entre les différentes rives du lac.

   Même si ce n'est pas toujours très bien joué, c'est un film à voir, une belle "tranche de vie" de la Russie d'en-bas, rurale, qui n'est pas sans rappeler certaines campagnes françaises. Et les images sont superbes, notamment celles tournées sur le lac.

13:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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