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jeudi, 16 juin 2016

La Nouvelle Vie de Paul Sneijder

   Ce film franco-canadien est une sorte d'OVNI cinématographique. Il nous est présenté comme une comédie et là, les cinéphiles pensent immédiatement à Romaine par moins 30, qui nous montrait Sandrine Kiberlain au pays du Caribou. C'est un peu trompeur parce que, si le film est incontestablement comique par moments, il est surtout l'histoire d'un père qui n'arrive pas à faire le deuil de sa fille aînée.

   Dans le rôle, Thierry Lhermitte est étonnant de délicatesse et de sobriété. Avec une économie de paroles, il nous fait saisir tout le mal-être de cet homme, seul rescapé de l'accident d'ascenseur dans lequel sa fille a perdu la vie. Dans un premier temps, il refoule une partie de la douleur : il a tout oublié de la journée de l'accident (on comprend plus tard pourquoi). En dépit de la sollicitude de ses proches (sa seconde épouse et ses deux fils), il se sent complètement décalé par rapport à son milieu d'origine.

   C'est à ce moment que la comédie intervient. Petit à petit, Paul va renaître... en promenant les chiens des autres, en étant salarié d'une petite entreprise dirigée par un gars lui-même très bizarre : c'est visiblement un autiste (obsédé par les nombres premiers), qui souffre d'obésité... et de troubles urinaires. Il est incarné à la perfection par Guillaume Cyr.

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   Deux autres personnes vont jouer un rôle important dans la renaissance de Paul : le propriétaire d'une des chiennes qu'il promène et un avocat. Celui-ci travaille pour la "partie adverse", c'est-à-dire l'entreprise qui a conçu l'ascenseur et celle qui était chargée de son entretien. Une étonnante relation d'amitié va naître entre ces hommes que tout devrait séparer... sauf l'amour des belles voitures. Notons que l'avocat est incarné par une vieille connaissance, Pierre Curzi, que l'on a vu jadis dans Le Déclin de l'empire américain et Les Invasions barbares.

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   La mémoire de Paul va revenir, avec un paquet de regrets quant au passé. Le héros va aussi découvrir que certains propriétaires de chiens ont avec ceux-ci un comportement proche de celui de son épouse vis-à-vis de ses deux fils : ils veulent leur faire gagner des concours, leur faire intégrer l'élite, sans doute pour leur bien, mais aussi pour satisfaire leur propre égo.

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   C'est le moment de signaler la performance de Géraldine Pailhas, elle aussi étonnante dans ce rôle d'executive woman, à la fois belle, glaçante et déterminée, carriériste et attachée à la réussite de ses enfants.

   De manière générale, le film traite de la froideur, celle du climat bien sûr, mais aussi celle des rapports humains voire celle de l'organisation de la société, obsédée par l'argent. On le sent bien à travers les plans d'extérieur, qui nous offrent de superbes vues de Montréal. Paradoxalement, on sent davantage le froid à l'intérieur de certains bâtiments chauffés, comme le crématorium ou le cabinet d'avocats censé défendre les intérêts du héros. On comprend que, pour Paul, une partie de son propre logement acquiert le même statut. Il ne trouve refuge que dans une sorte de cave, où il a aménagé son bureau et où il vogue sur la Toile. Il espère y trouver des réponses à ses questions... et peut-être un nouvel espoir.

   Attention donc : ce n'est pas la comédie hilarante qui nous a parfois été vendue, mais un film plus profond, avec des pincées d'humour.

   P.S.

   La musique est chouette.

19:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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