Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 25 décembre 2016

Baccalauréat

   Sous ce titre se cache un film roumain (récompensé à Cannes par le prix de la mise en scène) de Cristian Mungiu, dont l'action se déroule dans une petite ville de Transylvanie.

   Le héros est médecin à l'hôpital local. Il est respecté à la fois pour ses compétences et pour son intégrité, une rareté dans la région, gangrenée par la corruption et les passe-droit. Bien qu'appartenant à la bourgeoisie locale (son épouse est bibliothécaire), il habite dans un appartement que nous Français aurions tendance à trouver ordinaire (mais le couple en est propriétaire). On comprend très vite qu'une part non négligeable des revenus des parents a été "investie" dans l'éducation de leur fille unique Eliza (Maria Dragus, bourrée de talent), une adolescente en apparence sans histoire, bosseuse et douée pour les études.

   Ah, j'oubliais : le papa médecin (prénommé Romeo !) a une vie secrète. A quelques indices, on comprend qu'il a dû avoir une aventure avec l'une des infirmières de l'hôpital. Surtout, au moment où commence l'histoire, il entretient une liaison avec une charmante institutrice, de dix ans plus jeune que son épouse.

   Après avoir brossé ce tableau de vie de province, le scénario nous entraîne lentement sur la voie du dérèglement. C'est un accident qui fait déraper la machine : Eliza est victime d'une agression, juste avant de passer les écrits du bac, dont les notes sont déterminantes pour valider l'inscription dans une prestigieuse université britannique.

   A partir de là, on suit le déroulement de plusieurs pelotes : le médecin intègre doit décider jusqu'où il est prêt à aller pour que le programme établi pour sa fille se concrétise. C'est d'autant plus délicat qu'au départ, il n'est question que de services mutuels. Rien de trop illégal. Mais, une fois qu'on a le doigt dans l'engrenage... Les seconds rôles masculins sont excellents, criants de vérité.

   La deuxième pelote est celle de la vie privée de Romeo. La relation avec l'institutrice se complique, tout comme la vie avec son épouse. Mais le pire est qu'il sent qu'il perd prise vis-à-vis de sa fille. L'agression dont elle a été victime semble l'avoir changée. De surcroît, le papa découvre que le petit copain exerce une influence plus grande que prévu sur sa progéniture. Enfin, quelle autorité peut-il conserver sur Eliza (à laquelle il a inculqué ses principes moraux), quand celle-ci découvre son infidélité et les manoeuvres dans lesquelles il s'est engagé ?

   La troisième pelote est l'évolution psychologique de la fille. Au départ, on ne nous la présente que comme une très bonne élève. Ensuite, on a tendance à la voir comme une victime, traumatisée par l'agression dont elle a été victime. Enfin, elle apparaît sous un jour nouveau, plus indépendante, plus mature.

   La tension monte progressivement, d'autant plus que Romeo se sent observé. Une pierre a été lancée dans la vitre de son salon. Plus tard, c'est la voiture qui subit une dégradation. Là-dessus débarquent des magistrats, qui enquêtent sur les manigances d'un caïd local. Cela culmine une nuit, dans un quartier louche, quand le père tente de trouver la solution de l'une des énigmes. A ce moment-là, la caméra à l'épaule suit le personnage. On partage son trouble, tout en percevant l'aspect inquiétant de son environnement.

   Voilà donc une oeuvre majeure de l'année 2016, portrait intime d'une famille en dé/re-composition, tableau d'une société très inégalitaire et questionnement moral.

21:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les commentaires sont fermés.