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samedi, 03 juin 2017

L'Homme aux mille visages

   Cet homme n'est ni un pro du déguisement, ni un être surnaturel doté de pouvoirs de transformation. C'est un entremetteur, limite barbouze, utilisé par le gouvernement espagnol ou des particuliers fortunés pour réaliser des opérations "discrètes", évidemment aux franges de la légalité...

   L'histoire (vraie) nous est contée par l'un des personnages fictifs (l'ami pilote), dans un grand retour en arrière, qui nous entraîne dans l'Espagne des années 1980-1990, quand sévissait le terrorisme de l'ETA... et le contre-terrorisme des GAL, une mystérieuse organisation dont les ramifications remontaient jusqu'au sommet du pouvoir. C'est l'occasion pour certains de s'enrichir éhontément. Là est le noeud du problème (l'argent), plutôt que le meurtre politique.

   L'intrigue a donc l'apparence d'un polar, avec tant de mystères qu'on a parfois l'impression de se trouver dans un film d'espionnage façon Guerre froide. La photographie accentue cette impression. Les tons rouges-ocres-marrons sont très présents, en particulier dans les scènes d'intérieur. On retrouve le talent du réalisateur de La Isla minima, l'un des meilleurs polars de ces dernières années.

   L'esprit de certains des protagonistes est tortueux, à l'image de l'intrigue. Voilà pourquoi il convient de ne pas perdre une miette du spectacle, surtout si, comme moi, on n'entrave pas grand chose à la langue de Cervantès. Beaucoup de choses passent dans la communication non-verbale (les regards, les attitudes), les dialogues étant visiblement remplis de sous-entendus.

   Sans qu'un seul coup de feu ne soit montré à l'écran, on est pris dans une montée de tension progressive, le réalisateur nous laissant volontairement dans l'expectative quant à la réalité de certaines menaces. Le scénario, habile, nous fait aussi sentir l'importance de la vie affective de certains protagonistes et les conséquences que les activités illicites ont sur elle. Et puis il y a la grosse arnaque en cours, qui s'appuie sur un réseau de banques "compréhensives". Le film est aussi une dénonciation de la malhonnêteté en politique, même si je le trouve complaisant envers certains personnages à la moralité douteuse. Il n'en constitue pas moins un excellent divertissement, plutôt du genre cérébral.

   P.S.

   Certains spectateurs seront peut-être surpris de l'importance de la place accordée à la France dans cette histoire. Ce n'est pas une coquetterie liée à la production, mais la stricte représentation de la réalité : la lutte contre l'ETA a entremêlé la vie politique des deux pays, pour le meilleur et pour le pire...

22:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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