jeudi, 25 octobre 2018
Amin
C'est le prénom du principal personnage masculin, un immigré sénégalais (en situation régulière), travaillant dans une entreprise de BTP, en France métropolitaine. Toute sa famille est restée au village, situé dans la région de Thiès, à l'est de Dakar :
La première séquence nous présente un groupe d'ouvriers, tous d'origine africaine, semble-t-il. Il est marqué par une assez grande diversité, puisque les Sénégalais y côtoient des Marocains, des Maliens, entre autres. Il y a des jeunes et des vieux, une majorité d'hommes, mais aussi quelques femmes. Presque tous vivent dans ce qu'on appelait il y a des années un foyer Sonacotra (aujourd'hui Adoma).
La deuxième partie montre le retour au pays d'Amin. Il revient habillé propre et chic, des centaines d'euros planqués dans les chaussettes. Une partie de cette somme va servir à faire construire sa maison, une autre à monter une boucherie avec ses frères, restés au Sénégal. Bien entendu, une part importante est réservée à la famille proche, une petite somme étant gardée pour financer l'école du village.
Ici, on quitte la langue française (pour le wolof ou le sérère) et les vêtements très colorés remplacent le chemise-pantalon. Paradoxalement, ces retrouvailles ont pour fonction de nous montrer la dureté de la séparation : l'épouse d'Amin (ravissante et au caractère entier) Aïcha (Marème N'Diaye, très bien) a de plus en plus de mal à tenir le fils aîné. Au quotidien, elle doit gérer tous les soucis... et le poids des regards du village et de la famille élargie, avec laquelle elle ne s'entend pas forcément très bien.
C'est lors du retour en France d'Amin que les choses se compliquent. Il a certes du travail (sans doute en partie payé au noir), mais il aspire à autre chose... tout comme Gabrielle, la cliente du chantier auquel il participe. Emmanuelle Devos incarne une quadra en pleine séparation, qui aimerait sans doute retrouver une part de ses rêves de jeune femme. La présence séduisante d'un homme bien bâti, respectueux et travailleur réveille le désir en elle. Toutefois, cette partie ne m'a pas paru très bien mise en scène. L'acteur Moustapha Mbengue n'est pas très à l'aise (ce n'est pas dû qu'au comportement de son personnage) et la "conclusion" arrive un peu vite.
La suite gagne en subtilité. Indirectement, deux femmes se retrouvent en concurrence. Chacune essaie d'échapper à l'emprise masculine, plus forte toutefois au Sénégal qu'en France. Gabrielle évite tant que faire se peut son ex, qui a l'air d'un gros lourd (et dont le début laisse supposer qu'il a trompé sa compagne). Pour Aïcha, c'est plus compliqué, entre les enfants désormais adolescents, les travaux du quotidien, la maison qui se construit plus ou moins bien, ses beau-frères autoritaires... et les ragots du village.
Je ne dirai évidemment pas comment cela se termine.
J'ai aimé ce film parce que, sur un sujet sensible, il évite d'être manichéen, une constante dans le travail de Philippe Faucon (auteur, il y a trois ans, de Fatima). Les parties africaines m'ont cependant plus emballé (sur le plan cinématographique) que les séquences françaises.
15:49 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
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