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vendredi, 09 septembre 2022

Le Visiteur du futur

   Adaptée d'une web-série, cette comédie SF (ou ce film de science-fiction humoristique) française tente de marier les genres, sur fond d'apocalypse nucléaire. A ce sujet, je recommande tout particulièrement la première séquence, dont l'action se déroule dans une centrale. On y croise McFly et Carlito... en périlleuse situation.

   Il y a quelques autres moments de grâce au cours de la première heure, comme cette discussion dans un bar miteux du futur. La question "Est-ce que tu veux un enfant ?" déclenche une série de répliques sur fond d'humour noir... J'aime.

   A un autre niveau, j'aime aussi l'étrange dialogue qui se déroule entre deux personnages très très liés (mais qui se rencontrent pour la première fois), dans une pièce qui semble tout droit sortie d'un vaisseau spatial. Mais, entre ces moments savoureux, cela bande un peu mou. Le pari de mêler une authentique intrigue SF à des éléments de dérision (mélangés à un poil de critique sociale et à une pincée d'émotion) n'est pas toujours tenu. On ne s'ennuie pas, mais je trouve que l'interprétation (ou la direction d'acteurs) n'est pas toujours impeccable.

   Mon intérêt a rebondi dans les trente-quarante dernières minutes. On y baigne dans le paradoxe temporel, avec les tentatives du futur pour modifier le présent. C'est rythmé, parfois drôle, avec juste ce qu'il faut d'émotion... et une fin, qui, une fois n'est pas coutume ces temps derniers, ne me déçoit pas.

   Du coup, je recommande. Les décors et les costumes sont bien foutus, les dialogues en général assez percutants.

   P.S.

   Enya Baroux, qui interprète la fille de Gilbert (Arnaud Ducret), a pour véritable père Olivier Baroux (ex-acolyte de Kad Merad et réalisateur d'impérissables chefs-d’œuvre comme Les Tuche et Menteur). Le monde cinématographique français est décidément petit.

21:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Everything Everywhere All at Once

   Un titre long, alambiqué, non traduit... voilà qui a priori n'augure pas une brillante carrière en salles. Et pourtant... on aurait tort de passer à côté de ce film frappadingue, qui démarre de manière assez conventionnelle.

   On découvre une famille sino-américaine, les parents gérant (difficilement) une laverie, à la veille du nouvel an chinois. Les emmerdes semblent s'accumuler : le grand-père commence à perdre la tête, la petite-fille est en pleine rébellion (et peine à assumer son homosexualité)... et le couple de parents bat de l'aile. C'est la mère Evelyn (Michelle Yeoh, épatante) qui "porte la culotte". Un rendez-vous capital est pris avec une contrôleuse fiscale, interprétée (avec gourmandise) par Jamie Lee Curtis.

   C'est là que tout dérape. Soit vous adoptez la posture rationnelle, et vous estimez qu'Evelyn a une sorte d'AVC et que la suite se passe principalement dans sa tête, soit vous entrez dans le jeu des auteurs et vous acceptez l'intrusion du multivers, Evelyn étant conduite (entre autres) à dialoguer avec d'autres versions de son père, de son mari et de sa fille.

   ... et c'est jouissif ! Pour sauver le(s) monde(s), la commerçante ennuyeuse va devoir se transformer en super agent secret, habile dans les arts martiaux... et ça tombe bien, puisque Michelle Yeoh est une experte en la matière ! Le problème est de faire en sorte que l'Evelyn de notre monde acquière les capacités des Evelyn des autres univers. La technique est simple : il faut commettre un acte totalement inattendu. C'est aussi le cas pour les personnages secondaires qui voyagent d'un univers à un autre (d'une version d'eux-mêmes à une autre), soit pour aider Evelyn, soit pour l'affronter.

   Découvrir la manière dont chaque personnage tente d'acquérir des pouvoirs spéciaux est l'un des grands plaisirs de ce film. Evelyn ne manque pas d'imagination, entre embrasser un inconnu, se pisser dessus en public, se casser un bras... mais certains de ses adversaires sont eux aussi très doués, comme ce duo de mecs qui réalise un spectaculaire saut périlleux pour... s'empaler sur un plug anal !

   Eh oui... ce n'est pas tout public. Dans la salle où j'ai vu le film, l'assistance était partagée, entre les spectateurs interloqués par ce qu'ils voyaient (et entendaient) et ceux qui étaient à la limite de se rouler par terre, tant certaines scènes sont hilarantes. J'ai encore en mémoire une baston au cours de laquelle l'un des adversaires est battu à coups de godemichés, mais aussi la scène qui voit l'un des protagonistes, endormi, se faire réveiller par un homme qui place sous son nez une chaussure qu'on suppose malodorante !

   Les réalisateurs osent beaucoup, frôlant parfois le bon goût sans (heureusement) tomber dedans. Je recommande aussi toutes les scènes faisant intervenir deux pierres, seules dans un monde sans humain. Les dialogues sont vraiment tordants.

   Cela fonctionne bien parce que les auteurs ont réussi à faire se percuter les conflits familiaux avec le fantastique, sans (visiblement) se poser de limites (autres que financières, pour les effets spéciaux, très bien foutus soit dit en passant). Les acteurs se sont prêtés au jeu, sans crainte du ridicule. Outre celle de Michelle Yeoh, je recommande la prestation de la jeune Stephanie Hsu (qui incarne la fille d'Evelyn).

   Pour les cinéphiles, c'est l'occasion de réviser ses classiques, de 2001, L'Odyssée de l'espace à Ratatouille, en passant par Tigre et dragon (clin d’œil à la carrière de Michelle Yeoh), In the mood for love... Pour les spectateurs asiatiques (et certains Occidentaux), c'est farci de références à de vieux films de kung-fu (parfois parodiques), jadis produits à la chaîne du côté de Hong Kong. J'ai aussi senti l'influence des (ex) frères Wachowski, dont Cloud Atlas et les Matrix semblent avoir nourri l'imaginaire des réalisateurs, tant pour l'aspect fantastique que pour les questions de genre.

   Même si c'est un peu long, même si la fin est trop sirupeuse à mon goût, je recommande vivement cet ovni cinématographique.

09:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films