vendredi, 28 février 2025
The Brutalist
C'est le premier film réalisé par Brady Corbet qu'il m'est donné de voir... et, autant le dire tout de suite, cela me donne envie d'en connaître davantage.
La première partie (environ 1h40) passe comme un rêve... et pourtant, ce qu'on y voit est parfois cauchemardesque. On nous y conte une histoire déjà vue et entendue ailleurs (à la fois celle de migrants en quête du Rêve américain et celle d'Européens juifs cherchant un refuge hors du Vieux Continent, après la Seconde Guerre mondiale)... mais c'est mis en scène avec un incontestable brio. J'ai notamment été saisi, au début, par le plan-séquence dont l'aboutissement (la Statue de la Liberté) a été tant de fois commenté. Mais c'est tout l'ensemble qu'il faut déguster. Corbet réussit aussi bien les scènes de groupe (comme les soirées jazzy) que les plans architecturaux (l'auditorium en construction) ou paysagers (la colline, mais aussi la carrière de marbre de Hongrie Carrare).
Une partie de ces scènes inspirantes (et inspirées) se trouve dans la seconde moitié du film, tout comme un autre plan-séquence, remarquable sur la forme comme sur le fond : après que l'épouse de l'architecte, sévèrement handicapée, a dit ses quatre vérités au propriétaire du manoir, qui disparaît soudain de l'écran.
L'interprétation est au diapason. On a principalement évoqué Adrien Brody (dont je ne vois pas comment l'Oscar pourrait lui échapper, s'il y a une justice dans l'attribution des récompenses), mais Guy Pearce (le milliardaire), Felicity Jones (l'épouse) et Alessandro Nivola (le cousin Attila) sont eux aussi excellents... même si j'ai quelques réserves sur les scènes intimes entre l'architecte et son épouse (la première en particulier, que j'ai trouvée limite ridicule).
Ce bémol excepté, ce n'est que du bonheur. La première partie raconte la sortie du bourbier et un début de reconnaissance, en dépit des embûches, la seconde partie est davantage marquée par la salissure (sous toutes ses formes), bien que le succès soit aussi au rendez-vous.
A travers l'architecte qui peine à finir son grand œuvre et qui, pour cela, est prêt à quasiment se prostituer, on peut voir l'image du cinéaste doué, ambitieux, qui cherche à financer la réalisation de son long-métrage.
Au sens figuré, Corbet nous raconte aussi l'histoire d'une Amérique blanche, protestante, patriarcale, un brin raciste et antisémite, qui s'enrichit sur le dos des travailleurs immigrés (ou descendants d'esclaves). C'est assez piquant à constater au vu du contexte outre-Atlantique... et c'est paradoxal, quand on sait que cela a été tourné en Hongrie, pays dirigé par l'un des plus fervents soutiens de Donald Trump en Europe.
18:03 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Commentaires
Quel film ! Je n'en suis pas encore remise.
La 1ère scène entre Laszlo et sa femme. Tu parles de celle sur le quai de gare ou celle au lit (celle-ci est... limite en effet) ?
Curieuse de connaître mieux Brady, j'ai acheté VoxLux en DVD...
Un premier quart d'heure sidérant (je n'avais rien lu, j'ai bondi de ma chaise !), une première heure passionnante, intrigante où l'on reconnaît le style et l'architecture qui semblait déjà hanté le réalisateur.
La seconde partie dégringole minute après minute... et il me semble que c'est dû en partie à l'interprétation catastrophique de Natalie Portman qui n'arrive qu'à la moitié du film. Et le dernier quart d'heure (musical) est hideux.
Si tu suis le sens de mes étoiles, j'en aurais mis une (pour la première partie et le premier quart d'heure).
Déception.
Je ne trouve pas L'enfance d'un chef mais j'ai regardé la BA qui fait véritablement flipper.
Écrit par : Pascale | samedi, 01 mars 2025
Répondre à ce commentaireJe faisais allusion à la scène du lit (la première), au cours de laquelle l'épouse affirme à l'architecte qu'elle sait ce qu'il a fait pendant qu'elle était encore bloquée en Europe... et qu'elle se trouvait même avec lui...
Concernant Brady, mon premier espoir est qu'une pluie d'Oscars (mérités) se déverse sur son film, incitant les distributeurs européens (surtout français) à sortir en salle les précédents.
Écrit par : Henri G. | samedi, 01 mars 2025
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