samedi, 12 juillet 2025
Buffalo Kids
Cette animation espagnole a été réalisée par l'équipe à laquelle on doit Sacrées Momies. Les héros sont des enfants irlandais, qui débarquent à New York en octobre 1886, en pleine inauguration de la Statue de la Liberté. De là, ils doivent rejoindre la Californie, où vit leur oncle. Leur périple ne sera pas de tout repos...
Le film est tout public, mais touchera sans doute davantage les jeunes que les adultes. Ceux-ci peuvent agrémenter la projection en essayant de repérer les allusions qui leur sont destinées. Ainsi, la rouquinissime Mary (qui, dans la version originale, est jouée par une actrice irlandaise), en approchant de New York, se prend pour Jack dans Titanic. Plus tard dans l'histoire, un personnage indien se la joue De Niro dans Taxi Driver.
Hélas, ce double niveau de lecture est rarement présent dans le film. C'est très souvent premier degré, mais avec du fond. La principale originalité est d'avoir composé un trio de héros incluant un garçon gravement handicapé. On est prié de croire qu'il va survivre à toutes les épreuves rencontrées dans un Far-West ô combien dangereux. Toutefois, on a peu atténué les difficultés de sa vie quotidienne et, comme le film doit être vu par un jeune public, je trouve que c'est une belle leçon à lui transmettre.
La volonté de bien faire est néanmoins trop voyante, pour un(e) adulte. Ainsi, les héros se retrouvent embarqués (clandestinement) dans un train (à destination de la Californie) en compagnie d'une troupe d'orphelins, où Blancs et Afro-américains sont mélangés sans distinction. Certes, depuis 1865, les hommes de toutes les couleurs sont censés avoir les mêmes droits aux États-Unis, mais la fin du XIXe siècle voit la mise en place de la ségrégation, dans les États du Sud. On présume donc que ce train les évite et qu'il relie New York à Sacramento en passant par Chicago et Omaha (en noir ci-dessous) :
(cliquer sur la carte pour l'agrandir)
Le ligne transcontinentale, achevée peu après la Guerre de Sécession, évite soigneusement les anciens États esclavagistes et les (futurs) États ségrégationnistes (marqués d'un disque rouge à croix noire, ci-dessus).
Je me demande tout de même s'il est vraisemblable qu'en 1886, le contrôleur de tous les passagers du train soit afro-américain.
Les mêmes intentions sont à l’œuvre lors de la rencontre d'Indiens Cheyennes (qui, à l'époque où est censée se dérouler l'intrigue, ont déjà été soumis, voire massacrés. Sur la carte qui figure plus haut dans ce billet, leur territoire est grosso modo délimité avec un tireté vert.) J'ai trouvé cet épisode très réussi. On s'y moque gentiment des enfants d'origine européenne, de leurs préjugés, et l'échange pacifique prend le dessus sur le risque de confrontation.
Peu avant ce passage on voit apparaître des bisons (buffalo, dans la langue de William Cody). C'est un moment assez touchant et c'est aussi pour moi l'occasion de signaler que les animaux sont, de manière générale, très bien dessinés et animés. Outre les bisons, on voit des chevaux et... un chien, plus précisément un chiot abandonné, dont Mary refuse de se séparer. Il est la source de quelques gags.
La suite est moins drôle, lorsqu'intervient une bande de braqueurs de trains, accessoirement chercheurs d'or. Ces types odieux vont en faire voir de toutes les couleurs à nos héros... mais ceux-ci ne manquent pas de ressource. Le jeune public sera sans doute conquis par le stratagème "caca-prout" imaginé par Mary pour échapper à ces tristes sires.
Voilà. Pour un(e) adulte, c'est plaisant, sans plus. Pour les petits, le film allie divertissement à leçons de morale.
13:01 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire