dimanche, 18 avril 2010
Green Zone
C'est la "zone verte" de Bagdad, celle à l'intérieur de laquelle est concentré le pouvoir occupant, celui des États-Unis après l'invasion de l'Irak. C'est de là que partent les initiatives plus ou moins foireuses (avec Washington en arrière-plan). Le héros, le commandant Miller (brillamment interprété par Matt Damon, récemment vu dans Invictus), est chargé de retrouver les armes de destruction massive que Saddam Hussein est censé avoir cachées... selon la propagande états-unienne.
C'est donc à la fois un polar (dont tout Frenchie qui se respecte connaît une partie de la fin), un film de guerre, un film d'action et un film politique. On n'a pas confié ça à n'importe qui. Paul Greengrass est l'excellent réalisateur de Bloody Sunday, Vol 93 et de deux des films de la trilogie "dans la peau". C'est un spécialiste du "caméra à l'épaule", dont la maîtrise lui a jadis permis de décrocher un Ours d'or à Berlin. Sa technique est particulièrement au point ici et je peux vous dire que les scènes de poursuite sont magistrales. De manière générale, l'intensité de l'action peut se comparer à ce que l'on peut voir dans Die hard 4. C'est dire ! (Greengrass est toutefois plus habile que Len Wiseman : il n'a pas besoin de faire exploser autant de bâtiments ou de véhicules pour suggérer le tumulte : il filme un dédale urbain avec un art consommé.)
Visuellement, ce film tourné en Espagne et au Maroc nous donne l'impression de nous retrouver au cœur de la capitale irakienne (merci les effets spéciaux). Les figurants s'expriment en arabe et deux personnages irakiens ont droit à un vrai rôle : "Freddy" le traducteur unijambiste et le général Al Rawi, dit "le valet de trèfle" :
Hé, oui ! Je possède un exemplaire du fameux jeu de cartes représentant les 52 dignitaires irakiens les plus recherchés à l'époque par l'envahisseur américain. (Pour la petite histoire, les facétieux Yesmen en ont créé un autre, pour les dirigeants occidentaux...)
Mais revenons au film. Le scénario s'appuie sur la manipulation à l'origine de l'invasion de l'Irak. Une source locale, nommée "Magellan", supposée sûre, aurait donné des indications précises permettant de trouver les sites de stockage des armes de destruction massive. Pourquoi n'y trouve-t-on rien ? Qui est cette source ? Qu'a-t-elle dit exactement au représentant du gouvernement américain ?
Le scénario modifie un peu l'histoire. Dans le film, la C.I.A. apparaît sous un jour favorable, alors qu'à l'époque elle a été "enfumée" par les inventions d'Ahmad Chalabi. Ce personnage est d'ailleurs présent dans le film, sans qu'il soit fait allusion à ses manipulations. La fin montre bien son échec politique... mais il essaie actuellement de revenir dans le jeu. D'autres personnages ne sont pas mieux traités, notamment la journaliste du Wall Street Journal Lawrie Dayne, qui a colporté les mensonges de l'administration Bush (elle représente une journaliste bien réelle, Judith Miller, du New York Times). Mais le pire sort est réservé à Paul Bremer, incarné par Greg Kinnear sous les traits de Clark Poundstone, un enfoiré de première.
00:13 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
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