mercredi, 20 novembre 2013
Capitaine Phillips
Paul Greengrass, à qui l'on doit (notamment) Bloody Sunday, Vol 93 et Green Zone, s'est lancé dans la mise en scène de cette histoire vraie, celle de pirates somaliens partis à l'assaut d'un cargo américain, en 2009. Aux cinéphiles avertis, cette intrigue rappellera quelque chose, puisque l'été dernier, une autre fiction (palpitante) avait abordé le même thème (avec un arrière-plan danois toutefois) : Hijacking.
Le film sorti ce mercredi s'en démarque sur plusieurs points. Il nous propose d'abord, dans sa première partie, un portrait de ces groupes de Somaliens désœuvrés, qui attendent leur salut d'un bon coup pour le compte de mystérieux commanditaires, qui tirent les ficelles de cette lucrative activité qu'est le détournement de navires de commerce (associé à la prise d'otages). Les acteurs qui incarnent ceux qui vont mener à bien l'attaque du cargo sont inconnus... mais excellents : Barkhad Abdi (dont le personnage est indéchiffrable, charismatique et déterminé), Barkhad Addirahman (qui interprète un jeune qui doute), Faysal Ahmed et Mahat M. Ali (dans des rôles moins nuancés). Signalons que, dans la version française, seuls les Américains sont doublés, les dialogues entre les Somaliens étant sous-titrés, ce qui renforce l'impression de réalisme.
Sans surprise, Tom Hanks "assure"... mais, là, franchement, comme une bête. Au début, on nous présente Richard Phillips comme un bon "taulier", rigoureux, méthodique et en aucun cas démago avec l'équipage. La deuxième partie du film révèle le héros... avant que la troisième n'en dévoile les faiblesses, avec quelques moments d'émotion très réussis. L'acteur américain parvient à nous y faire croire, quel que soit le registre de son jeu. (Normalement, c'est le moment qu'il faut choisir pour suggérer qu'il est oscarisable... sans oublier qu'il a déjà reçu la précieuse récompense à deux reprises.)
Evidemment, Greengrass a soigné les scènes d'action. Je recommande tout particulièrement l'assaut du cargo (après deux scènes de traque très maîtrisées), à la fois spectaculaire et (relativement) dépouillé. Voilà une jolie leçon donnée aux godelureaux qui ne jurent que par le numérique. On passe ensuite au huis-clos des soutes du navire, lorsque les pirates partent à la recherche de l'équipage. La tension monte. C'est formidable, avec des plans dans la demi-obscurité d'une grande beauté. L'ambiance est encore plus confinée dans la troisième partie, qui se déroule essentiellement dans un module de sauvetage.
C'est à ce moment de l'intrigue que les militaires et les forces spéciales vont débarquer. Un conseil : si vous ne supportez pas les uniformes et le complexe militaro-industriel, n'allez pas voir ce film. Greengrass sait comment utiliser ce type de personnages, et ici, il les met particulièrement en valeur. De surcroît, le Pentagone semble lui avoir facilité la tâche pour intégrer les équipements de la Défense à son histoire.
C'est donc un formidable divertissement, qui dit aussi beaucoup de choses sur notre époque et sonde les tréfonds de l'âme humaine.
P.S.
A Rodez, j'ai eu la chance de voir le film dans la salle 1, la plus grande. LE PIED !
21:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
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