dimanche, 24 novembre 2013
Transperceneige, l'intégrale
Les éditions Casterman ont eu la bonne idée de ressortir les trois tomes de la bande dessinée qui a inspiré le film Snowpiercer. Réunis en un volume, ils forment une saga d'environ 250 pages, qui s'étale sur plusieurs dizaines d'années.
Les différents auteurs, ainsi que l'aventure de la bande dessinée, nous sont présentés en introduction. (Pour mieux connaître Jean-Marc Rochette, on peut lire l'entretien qu'il a accordé au site Rue89.) Vient ensuite le premier tome, Le Transperceneige, qui a pour l'essentiel fourni la trame du film. On n'y trouvera cependant pas les personnages coréens. Les héros vont former un couple. Lui vient du fond du train :
A première vue, ce Proloff ne paie pas de mine, mais il a tout de même réussi à se hisser seul jusqu'à la frontière entre la queue du train (où végètent les "queutards") et le milieu (où vit, dans de meilleures conditions, ce qu'on pourrait appeler la classe moyenne). Plus loin, la classe supérieure se la coule douce, coupée de l'extrémité avant, occupée par on ne sait qui.
Dans son périple, Proloff va être accompagné par une ravissante ressortissante du milieu du train, Adeline Belleau, une militante qui lutte contre les inégalités :
L'expression "tiers-convoi" fait évidemment allusion au Tiers Etat français. On remarque aussi que la bande dessinée désigne clairement les militaires (avec leurs grades) comme étant le bras armé de la dictature qui règne sur le train. (Dans le film, ils apparaissent plus comme une milice.) La dénonciation du clergé officiel est encore plus virulente :
On en apprend au fur et à mesure que le couple, sous bonne garde, remonte vers l'avant du train. Plusieurs scènes "pittoresques" émaillent le parcours, comme la rencontre de bandits de grand chemin, la découverte de la "cuisine centrale" (encore plus étrange que celle du film) et de wagons-jardins, comme celui-ci :
Quelques très belles vues de l'extérieur nous sont proposées. Le convoi est de plus équipé d'un poste d'observation en hauteur, vers l'avant. Il constitue un avantage indéniable pour ceux qui le maîtrisent :
Si, comme dans le film, la dernière partie de l'histoire nous met en contact avec le mystérieux occupant de la locomotive, les circonstances divergent par rapport au film... et ménagent une suite différente. On la découvre dans le tome 2, L'Arpenteur, qui semble se dérouler une trentaine d'années plus tard. Il commence pourtant par un retour en arrière, qui situe l'action à un stade intermédiaire. On découvre les deux jeunes personnages qui vont former le nouveau duo de héros.
Puig Vallès est d'abord un gamin curieux, fasciné par les "arpenteurs", ces soldats-suicides qui explorent les environs du train lors de ses arrêts. Il ne s'agit plus du Transperceneige, mais du Crève-Glace. On ne saura que plus tard ce qu'il est advenu du premier train. On découvre aussi de nouveaux éléments sur ce qui est arrivé à la planète. La société est tout aussi inégalitaire et semble s'inspirer du roman 1984 et du film Soleil Vert.
Kennel est la tête politique de l'oligarchie qui contrôle le train. Sa fille Val, à l'esprit éveillé, va devenir la créatrice en chef des fictions mentales dans lesquelles l'élite du wagon se plonge pour passer le temps. Elle se pose néanmoins beaucoup de questions sur le fonctionnement du Crève-Glace.
Puig Vallès est d'abord utilisé par les dirigeants, avant de conquérir son indépendance. Dans le même temps, la population du train est travaillée par le doute et un mouvement apocalyptique émerge.
Cela nous mène au troisième tome, intitulé La Traversée. Deux intrigues s'entrecroisent. Il est toujours question du devenir du train en liaison avec le climat de la planète. De mystérieux signaux ont été perçus. Doit-on essayer d'entrer en contact avec leurs émetteurs ? Dans le même temps, les wagons fourmillent de complots. La tension monte, jusqu'au dénouement final.
Je trouve la bande dessinée plus forte, plus fouillée... et politiquement plus incorrecte. Mais le film est incontestablement plus spectaculaire, plus travaillé sur le plan visuel (même si le noir et blanc de la BD est de qualité)... plus optimiste aussi.
22:51 Publié dans Cinéma, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, bd, bande dessinée, bande-dessinée
Commentaires
Globalement d'accord :)
Et la BD années 80 était souvent politiquement incorrecte. Ca manque !
Écrit par : KaG | mardi, 26 novembre 2013
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