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dimanche, 28 juin 2015

Cavanna, jusqu'à l'ultime seconde, j'écrirai

   C'est le titre du documentaire que le journaliste Denis Robert (dont le travail d'investigation a été récemment l'objet d'une fiction, L'Enquête) et sa fille ont consacré à feu François Cavanna, l'un des "historiques" de Charlie Hebdo. C'est une oeuvre au goût d'inachevé, parce que l'écrivain est mort en janvier 2014... et parce que les journalistes n'ont pas eu le temps d'interroger en profondeur tous ceux qui l'ont connu, les frères Kouachi s'étant chargés (en janvier 2015) de réduire d'un coup la liste des interviouvables.

   Ce sont d'abord les images qui marquent. Il y a celles du Cavanna plus jeune. Je n'ose pas dire jeune, parce qu'il avait déjà la quarantaine quand Hara-Kiri a rencontré le succès. Les gens de ma génération ne l'ont connu que grisonnant, voire blanchi sous le harnais, les moustaches bien pendantes. Le choc principal vient des entretiens filmés peu avant sa mort. Lui qui débordait d'énergie était visiblement très diminué, quoique globalement lucide.

   Le documentaire se concentre sur deux points : les années de gloire (autour de Hara-Kiri et du premier Charlie Hebdo) et le travail de l'écrivain. A ceux qui sont familiers de l'histoire de ces journaux, le film n'apprendra rien, sauf peut-être par la voix de Sylvie Caster (qui a longtemps tenu une rubrique dans Le Canard enchaîné), qui fut très proche de lui, à une époque.

   Quant au travail de l'écrivain, il est abordé essentiellement à partir de la réception de quelques oeuvres emblématiques. Les séquences sont d'ailleurs rythmées par des extraits de sa prose. Toutefois, j'ai trouvé cela un peu convenu. Pourtant, on a essayé d'introduire un peu d'inventivité visuelle dans le documentaire (avec notamment l'incrustation du bonhomme préhistorique), mais il manque la truculence de l'écrivain, que Denis Robert n'est pas parvenu à restituer. Quant aux extraits de la cérémonie d'hommages qui avait été organisée en son honneur, ils n'ont d'intérêt que par leur côté inédit et parce qu'on y retrouve des personnes aujourd'hui disparues.

   Un problème se pose au niveau de la dernière "carrière" de Cavanna : celle de simple chroniqueur dans le Charlie deuxième mouture (sous la houlette de Philippe Val), alors qu'il était devenu officiellement propriétaire du titre. Les productions de cette époque sont totalement absentes du documentaire, alors que l'écrivain s'y est révélé excellent pamphlétaire, s'attaquant aux intégristes de tout bord, à la corrida, à l'inculture...bref à la connerie.

   Denis Robert a choisi une assez grande diversité de témoins. Parmi ceux-ci, il donne beaucoup la parole à Siné. C'est évidemment voulu ainsi. Lorsqu'il est question de la période Val, il tente d'en faire dire le plus de mal possible par Cavanna. Il ne tient pas du tout compte de l'évolution qu'a connue l'hebdomadaire satirique entre sa renaissance, en 1992, et le départ de Philippe Val, en 2009. Les années 1992-2004 ont été pleines de vigueur et de diversité. Ce parti-pris est regrettable, parce que l'on sent bien qu'il manque quelque chose à ce documentaire.

21:07 Publié dans Cinéma, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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