lundi, 18 avril 2016
Truth : Le Prix de la Vérité
Ce film nous replonge dans la présidence Bush (fils), plus précisément à la jonction de ses deux mandats, quand l'enquête menée par certains journalistes de télévision menaçait de faire basculer un scrutin qui s'annonçait serré (avec le démocrate John Kerry). C'est donc un hommage au travail du "quatrième pouvoir", cette fois-ci incarné par l'audiovisuel (et pas la presse écrite). On sent néanmoins les références aux Hommes du président, d'autant plus que les deux œuvres ont en commun la présence de Robert Redford au générique.
Mais c'est une femme qui occupe le premier plan, la journaliste et productrice Mary Mapes, incarnée par la sublime Cate Blanchett :
Au passage, si vous allez voir le film, quand vous serez à ce moment de l'action, vous trouverez sans doute la beauté de l'actrice encore plus grande. Il semblerait que quelques retouches numériques aient été pratiquées, afin de masquer les imperceptibles traces que le temps qui passe a laissées sur le visage encore superbe de Catounette.
Mais elle n'est pas que belle à tomber. C'est une femme de tête, intelligente, qui se bat pour ses convictions, tout en tentant de mener de front sa vie de famille, en compagnie d'un mari compréhensif et d'un enfant adorable.
La première partie de l'histoire nous conte la marche quasi triomphale d'une improbable équipe d'enquêteurs vers ce qui semble être le scoop de l'année : non seulement George W. Bush s'est fait pistonner pour éviter d'être envoyé au Vietnam, mais il a de plus sans doute déserté son poste pour travailler pour le compte d'un élu républicain.
La réalisation, assez plate, se contente de mettre en valeur les principaux personnages, les journalistes bien sûr, mais aussi les témoins (plus ou moins volontaires) et les autres acteurs importants de la chaîne CBS, du PDG à la juriste en passant par le directeur de l'information. C'est assez instructif sur la manière dont fonctionne (à l'époque, en 2004) une grosse machine médiatique.
Puis vient le retournement. On connaît déjà la fin de l'histoire (la réélection de Bush). On se demande donc comment tout a pu "capoter". On découvre la contre-attaque républicaine, la violence des commentaires sur internet (déjà), l'oppressante présence des caméras jusque dans la vie privée et le lynchage médiatique orchestré... sans oublier les pressions sur les témoins. Le documentaire se fait polar, pour notre plus grand plaisir. (Fort heureusement, de temps en temps, le personnage joué par Dennis Quaid apporte de plaisants moments d'humour.)
Notons aussi que, même si le scénario accorde la part belle aux journalistes, il ne cache pas leurs maladresses voire leurs erreurs. Les arguments des adversaires font parfois mouche, même si l'on comprend que leur but n'est pas de faire éclater la vérité mais de protéger le président sortant.
Dans la dernière partie, cela tourne quasiment au film judiciaire, puisque les enquêteurs vont subir une sorte de procès en sorcellerie déontologie journalistique. Symptomatiques sont les scènes qui confrontent Mary/Cate à la commission, exclusivement masculine... et presque entièrement d'obédience républicaine. La conclusion est assez pessimiste : à la télévision, l'infotainment remplace l'enquête de terrain. Soyez aussi attentifs à la toute fin, qui évoque le devenir de l'héroïne.
P.S.
Aussi étrange cela puisse-t-il paraître, l'Aveyron n'est pas absent de cette œuvre américanissime. Ainsi, au cours de leur enquête, les journalistes vont trouver un document dans lequel il est question d'une fête agricole, avec des vaches Simmental (celles dont le lait constitue l'essentiel de la matière première du fromage Laguiole). Et puis, tout au long du film, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la troisième adjointe du maire de Rodez, Sarah Vidal, chaque fois qu'est apparue à l'écran Elisabeth Moss, qui interprète l'un des membres de l'équipe d'enquêteurs :
22:25 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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