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vendredi, 22 juillet 2016

Independence Day - Resurgence

   Il n'est pas indispensable d'avoir vu le premier opus pour suivre l'intrigue du deuxième (et sans doute pas second). Je n'ai jamais visionné (ni au cinéma, ni ailleurs) le gros succès de Roland Emmerich, mais j'ai quand même pris la peine, avant, de lire deux-trois choses sur le numéro 1. Cela permet de comprendre immédiatement quelles relations les personnages entretiennent entre eux. De ce point de vue, on n'est guère aidé par les dialogues, d'une grande platitude. Quand on pense à la carrière de plusieurs des acteurs présents au générique, on se dit qu'ils doivent avoir des fins de mois difficiles.

   Au niveau de l'intrigue, cela repart presque comme dans le premier film, avec une nouvelle invasion extra-terrestre, mais encore plus puissante et dangereuse. Les cinéphiles avertis repèreront les emprunts à Alien, à La Guerre des étoiles et à d'autres films catastrophe. Le jeu consiste à deviner qui va mourir, qui va sauver le monde et qui va se révéler meilleur qu'il(elle) n'est au début de l'histoire.

   La distribution veut contenter tout le monde. Dans ce présent alternatif (l'action se déroule en 2016), les humains ont mis fin à leurs querelles stériles, pour former un gouvernement mondial, dans lequel la présidente des États-Unis tient une place importante... (Coucou, Sela Ward des Experts Manhattan !) A l'écran, cela donne des héros américains, chinois, européens, africains. On a aussi pris soin de mélanger les générations. Les "vieux" spectateurs retrouveront avec plaisir certains acteurs du premier film. Pour intéresser le jeune public à ces nouvelles aventures, on a donné un rôle majeur à de nouvelles figures, comme le fils du pilote Hillel, la fille de l'ancien président des États-Unis et quelques autres personnages inventés de toutes pièces pour cet épisode. Tous sont des archétypes, que l'on retrouve dans nombre de fictions grand public.

   Le résultat ? Un bon film d'action, souvent trépidant, avec des effets spéciaux éblouissants, un gros travail sur les costumes et les décors, le tout servi par une musique adaptée. Certaines séquences sont même assez élaborées, comme le début sur la Lune ou le premier passage en Afrique. Cependant, globalement, c'est de la grosse caisse, qui ne s'embarrasse pas de subtilités. Un soir, après un bon repas, ça fait agréablement passer le temps.

   P.S.

   Je ne vais pas rallonger inutilement ce billet, mais je tiens à signaler que, pour savourer pleinement le spectacle qui nous est proposé, mieux vaut faire preuve d'indulgence à l'égard du scénario. Le plan d'ensemble est bien conçu mais, dans le détail, l'abus du "juste à temps" est pénible et certains problèmes se résolvent miraculeusement vite. Peu réalistes aussi sont les scènes faisant intervenir des "huiles". La manière dont les décisions sont prises et la mise en scène des règles de sécurité auraient mérité d'être davantage travaillées... mais on avait peut-être déjà dépensé tous les sous dans les effets spéciaux. Et même dans ce domaine, tout n'est pas réussi : la possibilité qu'un gigantesque vaisseau spatial (de 5000 kilomètres de diamètre, si j'ai bien compris) puisse se poser sur l'océan Atlantique, en prenant appui sur la côte est des États-Unis, sur Londres et sur Paris me paraît hautement improbable.

23:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La France russe

   C'est le titre du livre publié par Nicolas Hénin, un journaliste français qui a passé dix mois dans les geôles de l'Etat islamique il y a deux-trois ans. Très critique du régime de Bachar el-Assad, il s'en prend ici à l'influence qu'exerce l'un de ses principaux soutiens, la Russie de Vladimir Poutine.

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   L'auteur y déplore qu'en raison des actes terroristes qui ont frappé notre pays, les efforts du contre-espionnage français se soient massivement déployés dans une direction, négligeant les autres menaces, la première d'entre elle étant pour lui l'influence russe.

   Elle séduit différentes catégories de personnes, parmi lesquelles on trouve des gauchistes, qui voient dans la Russie actuelle l'héritière de l'URSS, alors que l'idéologie en place a complètement changé. Il y a aussi ceux qui, d'un point de vue géopolitique, trouvent pertinent de s'appuyer sur la Russie pour contrebalancer l'influence américaine. Il y a aussi tous ceux qu'une petite somme d'argent ou quelques honneurs habilement distribués suffisent à acheter. Et il y a surtout tout une mouvance de droite extrême et d'extrême-droite, séduite par le caractère autoritaire du gouvernement de Vladimir Poutine... voire par certaines idées nauséabondes qui peuvent circuler en Russie (et ailleurs).

   La propagande russe est donc véhiculée (parfois mot à mot... le livre propose quelques exemples) par des Français de bonne volonté, stipendiés ou pas, mais aussi par une galaxie d'associations et de sites internet liés au Kremlin. On notera aussi le rôle important de l'ambassadeur Alexandre Orlov, en poste à Paris depuis 2008, et qui, visiblement, sait se faire des amis. Nicolas Hénin cite les noms de quelques personnalités françaises particulièrement russophiles.

   Parmi celles-ci se distingue Thierry Mariani, député UMP originaire du Vaucluse (en région PACA), aujourd'hui représentant les Français de l'étranger. A l'Assemblée, il est vice-président du groupe d'amitié France-Russie, où il siège depuis plus de vingt ans. Certaines mauvaises langues ont un temps suggéré que c'est son épouse (depuis 2005) d'origine russe qui l'aurait fait basculer dans le camp poutinien. Il s'avère que l'intérêt du député pour la Russie remonte très loin, à l'époque de la Guerre Froide. En tout cas, à l'heure actuelle, il copréside (avec un proche de Vladimir Poutine) la principale organisation de lobbying russe en France, l'Association Dialogue Franco-Russe.

   Si le Kremlin s'est approché d'élus UMP, le courant n'est pas forcément bien passé avec Nicolas Sarkozy lorsqu'il était président. Cela m'amène à l'une des révélations de ce livre, à propos d'un "incident" s'étant déroulé lors du G8 d'Heiligendamm (en Allemagne), en 2007. La vidéo d'un président français supposé "pompet" a fait le tour de la Toile. En réalité, d'après une source anonyme (sans doute l'une des personnes qui accompagnait le président) qu'évoque Nicolas Hénin, Nicolas Sarkozy (qui ne boit quasiment jamais d'alcool), sortait d'un entretien houleux avec Vladimir Poutine. Le président français se serait montré présomptueux. En face, le président russe aurait été particulièrement menaçant (genre caïd de banlieue). D'ailleurs, en regardant attentivement la vidéo (ce qu'avait fait à l'époque une journaliste de Libération), on s'aperçoit que N. Sarkozy est un peu essoufflé... et estomaqué, sans doute par ce qu'il vient d'entendre.

   Au chapitre des révélations, on a une analyse approfondie de l'affaire du contrat Mistral. Vu la manière dont les choses avaient parfois été présentées à l'époque, j'avais eu l'impression que l'annulation n'était due qu'à la politique étrangère russe (dont l'impérialisme n'a pas grand chose à envier à celui d'Oncle Sam). A la lecture du livre, on réalise que le contrat signé sous Nicolas Sarkozy était très avantageux pour la partie russe... qui avait visiblement bénéficié de soutiens efficaces, côté français.

   Je pourrais continuer longtemps sur ce livre (d'une lecture agréable), qui évoque, entre autres, le financement russe du Front national (un vrai parti de l'étranger !), le projet de construction, au coeur de Paris, d'une église orthodoxe (soupçonnée d'être le paravent des services d'espionnage russes) ou encore les bobards véhiculés sur le conflit en Ukraine.

   On l'a compris, c'est globalement un livre à charge (argumenté), mais qui présente aussi le point de vue russe. A Moscou, on semble être un peu paranoïaque : on voit des ennemis partout. Au niveau des mentalités, il y a aussi un décalage : les dirigeants russes sont très conservateurs, notamment sur le plan des moeurs, et manquent de culture démocratique.

   Cela nous ramène au Moyen-Orient. La France a-t-elle raison de s'allier à la Russie, qui soutient le régime meurtrier de Bachar el-Assad ? N'est-ce pas là le pire message adressé aux civils musulmans... et une opportunité de recrutement offerte à l'Etat islamique ?

Lea

   Ce film italien rend hommage au combat de deux femmes, Lea Garofalo et sa fille Denise, qui ont tenté d'échapper aux griffes de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, très présente dans la pointe de la botte italienne, mais aussi dans le Nord, du côté de Milan (en Lombardie) :

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   L'histoire s'étend sur une trentaine d'années, de la naissance de la relation entre Lea et Carlo (dans les années 1980) jusqu'au procès qui s'est tenu au XXIe siècle. Le film s'achève sur un extrait d'images d'actualités, dont je ne peux révéler la teneur pour préserver un peu de suspens.

   Entre ces deux moments, on suit une jeune femme, dont le père est décédé et dont le frère a rejoint le gang du coin. Il a peut-être même de l'avenir dans l'organisation, à condition qu'il se plie à l'ensemble de ses règles. Sa frangine, elle, est du genre rebelle, avec un tempérament haut en couleur qu'on retrouve souvent chez les femmes méditerranéennes confrontées au machisme ambiant.

   On a du mal à comprendre pourquoi elle se maque avec l'homme de main de son frère, un gros nounours très prévenant... et qui va monter en grade. Dans la région, on n'est pas bien riche et l'engagement dans un groupe mafieux peut paraître enviable à certains jeunes hommes. Cette mini-fresque a donc aussi un aspect sociologique. Si ce sont incontestablement les victimes qui sont mises au premier plan (contrairement à ce qu'on a pu voir dans quantité de productions hollywoodiennes complaisantes), le portrait qui est tracé des "dominants" est assez fouillé.

   La seconde partie de l'histoire nous permet de suivre les pérégrinations de la mère avec sa jeune fille (que le papa voudrait récupérer). Sous protection de la police, elle va pas mal voyager en Italie et envisager même de refaire sa vie avec un autre homme, divorcé. Dans le même temps, sa fille mûrit vite, ayant senti le poids des pressions qui s'exercent sur les femmes dans le milieu mafieux.

   L'intrigue rebondit dans la troisième partie, dans un sens que je ne peux révéler. On aboutit à un procès, filmé de manière sobre et digne. Les sujets (graves) qui font l'objet des débats sont abordés dans toute leur complexité : le procès a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la 'Ndrangheta.

   Les actrices sont formidables et leurs collègues masculins sont très bons. Alors, oui, c'est une histoire assez dure, mise en scène de manière classique. Mais cela donne un film extrêmement fort.

01:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films