dimanche, 25 novembre 2018
Les Bonnes Intentions
Isabelle vit dans un grand appartement parisien (qui appartient à sa mère), est mariée à un assureur, a deux beaux enfants devenus adolescents... mais pense surtout à aider les plus démunis. Agnès Jaoui incarne avec fougue cette "bobo", jadis militante humanitaire, dont le mari est un ancien réfugié bosniaque (qui n'aime pas trop qu'on le lui rappelle). Elle donne des cours d'alphabétisation dans une association dirigée par un type peu sympathique (interprété par Didier Bénureau).
L'intrigue mêle plusieurs thématiques. Il y a la vie de famille de l'héroïne, que ses enfants voient très peu et comprennent de moins en moins. Sa propension à dépenser sans compter l'argent du ménage en faveur des nécessiteux cause quelques soucis à l'époux compréhensif... jusqu'à un certain point. Et voilà le couple embarqué chez une conseillère conjugale qui sort de l'ordinaire. (J'ai beaucoup aimé ces scènes-là... et les conséquences qu'elles ont, notamment sur les dialogues)
Au quotidien, Isabelle se démène pour aider ses "apprenants", presque tous des migrants analphabètes, auxquels s'ajoute une retraitée pauvre qui n'a sans doute jamais su écrire... et qui n'exprime pas un amour immodéré pour les "minorités visibles". Le réalisateur Gilles Legrand (auquel on doit un joli petit film méconnu, L'Odeur de la mandarine) n'a pas voulu (trop) tomber dans le "politiquement correct". On entend donc dire des horreurs (ou, du moins, des propos discriminatoires) dans ce film. Certaines sortent de la bouche d'Attila (Alban Ivanov, présent aussi dans Le Grand Bain), le gérant d'auto-école qui tire le diable par la queue, plutôt antipathique de prime abord, mais qui (évidemment) va se révéler plus altruiste qu'annoncé.
Les migrants eux-mêmes ne sont pas montrés comme des anges. Pour eux, tout est bon pour sortir de la mouise... légalement mais aussi, à l'occasion, illégalement. Dans le groupe, je distingue la Bulgare Miroslava, interprétée par la chanteuse (d'origine lituanienne) GiedRé.
Pour compléter le tableau, il faut ajouter les relations entre Isabelle et sa nouvelle collègue, Elke, plus jeune, plus inventive... et plus diplômée qu'elle. Dans le rôle, Claire Sermonne est criante de vérité.
Le comique jaillit au détour des dialogues, mais aussi lorsque survient une péripétie cocasse. L'apprentissage du code puis de la conduite par les migrants est source de gags, tout comme les démarches parfois quasi désespérées auxquelles se livre Isabelle. Cela nous vaut un repas de Noël décapant, une découverte de Paris en vélibs, des révisions à domicile qui dérapent et un examen final qui ne se passe pas comme prévu (et qui m'a un peu rappelé Les Sous-Doués).
J'aurais pu conclure de manière moins positive, à cause de la fin très convenue... mais l'action ne s'arrête pas au commencement du générique de fin. Restez dans la salle pour savourer une dernière scène !
11:35 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Commentaires
Je crois que l'humanisme de plus en plus ostentatoire d'Agnès jaoui (regardez comme je suis une bonne personne altruiste), je ne peux plus le supporter.
Écrit par : Pascale | mardi, 27 novembre 2018
Le film est plus nuancé qu'il en a l'air. Je pense que l'histoire a été écrite pour Agnès Jaoui, qui, là, est limite dans l'autofiction... et fait preuve d'une belle autodérision. Son personnage en prend plein la gueule, mais il a de la dignité (elle ne se contente pas de discourir, mais essaie de vivre conformément à ses convictions).
La galerie de personnages secondaires mérite aussi le détour. (Philippe Torreton fait même une petite apparition.)
Écrit par : Henri Golant | mardi, 27 novembre 2018
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