mercredi, 27 février 2019
La Chute de l'empire américain
Le cinéaste québécois Denys Arcand ambitionne de clore par ce film un chapitre ouvert jadis avec Le Déclin de l'empire américain. Force est de constater que, trente-trois ans plus tard, le monde n'a pas changé dans le sens qu'espérait le réalisateur.
Ici, il nous livre un conte (im)moral.
Il était une fois, Pierre-Paul, un jeune homme intelligent, honnête et philanthrope. Il était simple coursier dans une entreprise de livraison express. Il pensait avoir (peut-être) trouvé sa Dulcinée en la personne d'une employée de banque. Il avait peu d'amis, le principal étant un brave homme éclairé par les Saintes Écritures.
Dans Sa grande sagesse, le Tout-puissant décida de changer son destin. Il mit sur le chemin de Pierre-Paul deux jeunes pécheurs, armés jusqu'aux dents... et des sacs remplis d'un argent gagné dans la honte et l'exploitation humaine.
Après avoir beaucoup hésité, Pierre-Paul décida de s'emparer du butin, afin d'en faire bon usage de connaître les tourments de la chair entre les lèvres les cuisses les bras d'une Marie-Madeleine diablement tentatrice. Il finit par recourir aussi aux services d'un pécheur repenti, qui mit sa malhonnêteté au service du Bien. Cette nouvelle Sainte Trinité quémanda l'appui d'un ancien client apôtre de Marie-Madeleine, habile à faire échapper le fruit du labeur aux doigts crochus de l'hydre fiscale.
Ces héros des temps modernes durent se montrer particulièrement prudents. De hideux délinquants étaient prêts à tout pour récupérer l'argent fruit du péché. Les forces du pouvoir leur faisaient concurrence, qui tentaient de faire appliquer les textes votés par des humains.
Moralité : soyez malhonnêtes, rusés, libidineux... et Dieu vous le rendra !
21:09 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Commentaires
Ah moi j'ai adoré. Je n'ai aucune morale et pas de religion.
Je me demande ce que je ferais si je trouvais de tels sacs... Je me ferai sans doute prendre par la police dans la seconde... hélas.
Écrit par : Pascale | jeudi, 28 février 2019
J'ai souvent ri aussi et je trouve le film techniquement réussi. Mais je me pose des questions sur le fond...
Écrit par : Henri Golant | jeudi, 28 février 2019
C'est étrange. Je ne me suis pas posé la moindre question. On ne vit pas dans monde à la moralité irréprochable.
Écrit par : Pascale | jeudi, 28 février 2019
Bonsoir Henri Golant, comme Pascale, je ne me suis pas posé de question sur le fond. J'ai beaucoup aimé ce film à tout point de vue. Bonne soirée.
Écrit par : dasola | lundi, 04 mars 2019
Plusieurs choses m'ont fait "tiquer".
Le début du film est une dénonciation de la fraude fiscale. Or, pour monter leur coup, les héros recourent à ce procédé honni, de surcroît en utilisant les services de l'avocat véreux. Je pense que Denys Arcand a senti que cela constituait un point faible. Voilà pourquoi il s'arrange pour que l'avocat soit arrêté à la fin... mais pas pour fraude fiscale. La pirouette m'est apparue grossière.
J'ai aussi un problème avec le personnage masculin principal. Je le trouve très imbu de sa personne. Compte tenu des idées qu'il professe et de son parcours scolaire (jusqu'à une thèse de philo), il aurait pu devenir prof ou journaliste free-lance pour défendre ses "valeurs"... et se confronter au réel. Il a choisi une situation plus confortable, puisque, au début de l'histoire, il est (plus ou moins) entretenu par sa copine employée de banque.
On pourrait aussi discuter de la représentation de la prostitution, assez commune à ce que j'ai pu voir dans les films de fiction tournés par des mecs : on est plutôt dans le fantasme, celui d'une jeune femme extrêmement séduisante, qui fait cela par choix et qui apparemment n'en souffre pas. Et en plus elle tombe amoureuse du gars... Non mais allô, quoi !
Écrit par : Henri Golant | lundi, 04 mars 2019
Ah je ne l'ai pas du tout trouvé imbu.
Et peut être qu'il est livreur parce qu'il ne trouve rien à son niveau de compétences. Je connais des jeunes qui dont dans cette situation.
Et la demoiselle n'a pas l'air de se satisfaire de sa situation. Elle préférerait avoir un régulier unique comme l'avocat.
Les invraisemblances ne m'ont absolument pas gênée tant ce film est enlevé.
Écrit par : Pascale | mardi, 05 mars 2019
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