mardi, 24 décembre 2019
L'Ascension de Skywalker
Le titre du neuvième épisode de la saga est à la fois trompeur et révélateur du fond de l'histoire. Il est trompeur parce qu'il incite le public à penser que ce qu'il a présumé dans les précédents épisodes (que l'héroïne Rey est la fille biologique de Luke) va être confirmé. Mais il annonce quand même une "ascension" (au sens religieux du terme) à la fin de l'histoire.
Dès le fameux générique de début, on informe les spectateurs de ce que les moins stupides avaient déjà deviné à l'audition de la bande-annonce : l'ex-empereur Palpatine est de retour, 36 ans après sa disparition dans Le Retour du Jedi... et, autant le dire tout de suite, de la même manière que Le Réveil de la Force avait abondamment puisé dans l'épisode IV, L'Ascension de Skywalker pompe allègrement l'épisode VI. Le problème est que, si, dans l'épisode VII, on pouvait se réjouir que la nouvelle trilogie démarre sur de meilleures bases que la prélogie des années 2000, au bout de trois nouveaux films, je suis assez consterné du manque d'imagination des scénaristes. Ainsi, comme Luke dans Le Retour du Jedi, Rey, en entrant dans une pièce sombre, va être confrontée à sa pire crainte. Comme dans l'épisode VI, le nouveau Jedi se retrouve opposé à l'empereur, qui tente d'abord de le/la convertir... et là encore, un Skywalker vient en aider un "autre"... Enfin, sans que rien ne le justifie vraiment dans l'intrigue, on voit Lando Calrissian venir refaire un petit tour, tout comme les Ewoks. On sent que Billy Dee Williams est tout content d'être là, mais, franchement, c'est une potiche. (Mark Hamill m'a aussi fait un peu pitié.)
Cela nous mène à un autre problème posé par le film. Visiblement, on a voulu faire figurer à l'écran le maximum de personnages d'origines différentes et des deux sexes. Eh, oui, le space opera est entré à l'ère du "politiquement correct". La conséquence est que presque aucun personnage n'est fouillé, les interactions entre eux sont réduites à l'essentiel. Et pourtant, il y avait de quoi faire avec les duos Rey/Ben, Rey/Finn et Poe/Zorri. Tout cela n'est que survolé. De surcroît, les personnages des droïdes sont sous-utilisés. (Mon petit doigt me dit que certains de ces personnages -Zorri et les stormtroopers déserteurs- vont faire l'objet de films dérivés...)
Par contre, au niveau de l'action, on est servi. Mais, là aussi, c'est maladroit. Je trouve que cela va trop vite. Certaines des péripéties auraient dû être davantage expliquées. Ne parlons pas des invraisemblances, comme ces vaisseaux sortis de nulle part dont le seul canon est capable de détruire une planète entière, comme seule pouvait le faire l'étoile de la mort. Qui plus est, cette force colossale est détruite presque aussi facilement qu'elle semble avoir été créée... (Il me semble qu'on a pratiqué des coupes pour éviter que l'ensemble ne dépasse les 2h30.) Néanmoins, je trouve que deux séquences sont assez réussies. La première a pour cadre une lune d'Endor, où se trouvent des débris de la seconde étoile de la mort. Là, il se passe quelque chose, tout comme, plus tard, dans le repaire de Palpatine, sur la planète Exegol. Il faut souligner l'excellent travail des décorateurs/illustrateurs. Les ambiances sont très bien restituées (j'ai vu le film en projection 4K). Et puis, dans ces scènes, il y a la présence de Daisy Ridley.
Une fois de plus, le personnage de Rey porte le film sur ses épaules. Il est vraiment bien écrit et l'actrice est épatante. On sent bien que dans le duo symbiotique qu'elle forme avec Kylo Ren, elle est le membre dominant. Mais le coup de la double résurrection est de trop. Là encore, on sent les faiblesses scénaristiques. Les auteurs savaient qui ils devaient garder vivant à la fin de l'histoire. Le problème était le comment, tout en respectant le cahier des charges de l'intrigue...
Bref, c'est long, bruyant (la musique est omniprésente : il était impossible d'entendre ses voisins bouffer leur pop-corn !) et assez prévisible. On est loin du niveau de la première trilogie.
10:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Commentaires
Une grosse déception pour moi.
Même les deux scènes qui ont eu tes faveurs ne mont pas époustouflée.
Je suis daccord que les résurrections sont patapouf mais ce sont les rares moments où j'ai été émue.
Bref, la fan de 19977 n'éprouve que nostalgie et déception.
Écrit par : Pascale | mercredi, 25 décembre 2019
On pourra sempiternellement regretter que les choses ne se soient pas passées autrement (notamment que JJ n'ait pas poursuivi dans son élan vers l'épisode VIII plutôt que de le laisser partir à la dérive avec Rian Johnson). C'est toujours compliqué de finir une saga (pas vrai JRR ?). Eh bien moi qui suis pourtant un starwarsien des premiers temps, ayant fait mon baptême d'Etoile Noire au ciné en allant voir des nounours défoncer à coup de rondins de bois l'armée impériale sur une lune d'Endor (qu'on ne vienne pas me dire aujourd'hui que ce film est génial), j'ai trouvé "l'ascension de Skywalker" très bon. Je suis largement prêt à échanger trois "retour du Jedi" pour ce formidable retour du JJ. Sa conclusion est magistrale, et pourtant le travail de sape mené juste avant n'étais pas facile à rattraper (ça se sent dans l'entame du film). Pas la peine de faire la révolution dans la galaxie lointaine, d'autres s'en chargeront bientôt en multiples spin-off, reboots et autres séries dérivées qui déjà ne m'intéressent plus. Abrams a ressuscité les morts, il a réussi là où Lucas échouait (comme s'il avait perdu la foi). Pour cela Abrams est grand.
Écrit par : Princecranoir | jeudi, 26 décembre 2019
Je ne partage pas l'adulation énamourée qui entoure JJ Abrams, réalisateur et scénariste à mon avis surévalué, mais qui sait très bien se vendre.
Concernant la troisième trilogie, les problèmes remontent au premier film. Si, dans le style, "Le Réveil de la Force" ravivait la flamme des années 1970-1980 en y ajoutant des effets numériques modernes, au niveau du scénario, c'était affligeant.
Pour moi, le pire est atteint avec le personnage de Kylo Ren, qui n'a aucun intérêt à part mettre Rey en valeur. C'est dire la pauvreté de l'imagination des scénaristes. S'ajoute à cela le choix d'un acteur (Adam Driver) que j'ai vu bon dans d'autres films, mais qui se révèle ici très décevant, voire pathétique, comme dans la scène de combat contre Rey, face à une mer déchaînée. Son apparition grandiloquente dans le mur d'eau est censée susciter l'effroi mais, dès qu'on voit ses cheveux plaqués sur son visage, c'est le ridicule qui l'emporte. Ricanements dans la salle...
La conclusion de ce troisième opus est pitoyable, avec l'énorme ficelle de la double résurrection. George Lucas ne s'abaissait pas à ce genre de facilité. JJ Abrams s'est contenté d'être un bon petit soldat de Disney, qui lui demandé de boucler la boucle, quitte à bâcler le travail.
Je suis par contre plutôt impatient de découvrir de nouveaux films dérivés. S'ils sont de la qualité de "Rogue One" (à lui seul très supérieur aux films bourrins de la dernière trilogie), je risque de m'y aventurer, pour y retrouver un esprit et un savoir-faire qui ont en partie disparu de la dernière trilogie.
Écrit par : Henri Golant | jeudi, 26 décembre 2019
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