samedi, 08 février 2020
The Gentlemen
Moins d'un an après le poussif Aladdin, Guy Ritchie revient sur nos écrans avec un film plus personnel, un film de genre, un de ceux qu'affectionnait jadis la société Miramax (rachetée en 2016 par une célèbre société qatarie), qui produit celui-ci.
Raconter ne serait-ce qu'une partie du début relève de la gageure. Comme l'intrigue est un entrelacs de complots et de trahisons, elle est difficile à restituer dans son cadre général sans trop la déflorer. On peut quand même dire qu'il s'agit d'une histoire de rivalités entre voyous londoniens (d'origines diverses : américaine WASP, juive, chinoise, russe, irlandaise, britannique...), sur fond de trafic de drogue.
Une partie du film est construite comme une série de retours en arrière. Après un générique de toute beauté, on découvre le "héros", Michael Pearson (Matthew McConaughey, impérial), dans son bar de prédilection, dans une scène qu'on reverra plus tard sous deux angles différents. C'est malin.
La suite (ou plutôt ce qui précède) nous est racontée par un journaliste véreux, qui travaille dans une feuille de chou sensationnaliste. Hugh Grant est parfait dans le rôle, qui le voit notamment se confronter au bras droit de Pearson, un barbu taiseux interprété par Charlie Hunnam. Le petit jeu du chat et de la souris entre les deux hommes alterne avec des scènes enlevées, fort bien tournées. Des truands purs et durs y croisent de jeunes voyous en quête de reconnaissance (et d'argent facile). C'est à ce moment-là que débarque le personnage le plus improbable de cette histoire, le Coach, merveilleusement incarné par Colin Farrell (avec l'accent à savourer dans la V.O.). Cet entraîneur de boxe charismatique essaie de remettre les petites frappes de son quartier dans le droit chemin... quitte à enfreindre (un peu) la loi pour cela !
Les ennuis de Pearson débutent vraiment quand il annonce qu'il veut se retirer du "jeu". Autour de lui, cela commence à ressembler à une curée, avec le vieux rival chinois faux-jeton, son potentiel successeur aux dents longues, le "collègue" juif avec lequel Pearson traite... sans parler d'un oligarque russe, qu'on ne voit jamais, mais dont l'action se fait ressentir.
Les péripéties sont souvent jouissives, avec la dose de violence que l'on s'attend à trouver dans ce genre d'histoire... et beaucoup d'ironie, jusque dans la manière de présenter l'organisation méticuleuse du trafic de marijuana. Je laisse à chacun le plaisir de découvrir quel ingénieux système Pearson a mis au point pour échapper aux radars, ceux de la police comme ceux de ses rivaux...
Un autre point à souligner est la manière dont les trafics sont gérés. Les truands sont devenus des managers, qui parlent coût de production, marge opérationnelle, investissement... Ritchie nous présente ces salauds ("gentlemen" étant évidemment une antiphrase) comme des patrons d'entreprise, à ceci près qu'ils ont intégré à leur méthode de gestion la torture et le meurtre.
J'ai passé un très bon moment.
P.S.
A la fin, on voit l'un des personnages apporter son scénario à un producteur de cinéma, qui a comme un air de ressemblance avec l'un des frères Weinstein. Dans la pièce, sur le mur situé derrière le bureau du producteur, se trouve l'affiche du film Agents très spéciaux, réalisé par un certain... Guy Ritchie !
17:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Commentaires
Ce film est FORMIDABLE.
Écrit par : Pascale | dimanche, 09 février 2020
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