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jeudi, 29 juillet 2021

Spirale : l'héritage de Saw

   Le plus important est dans le sous-titre : ce film-ci se place dans la continuité de la (lucrative) série Saw qui, jadis, avait (un peu) renouvelé le genre horrifique. J'ai tenté le coup pour voir où les scénaristes en étaient. (Je m'étais arrêté à Saw IV.)

   Un nouveau tueur en série s'en prend cette fois-ci spécifiquement à des policiers. Le choix cornélien auquel il confronte ceux-ci est toujours aussi tordu que dans les précédents films. Je dois reconnaître que les dispositifs de torture sont bien conçus et efficacement mis en scène (par Darren Lynn Bousman, qui avait déjà tourné trois des précédents volets)... mais c'est à peu près tout.

   Le scénario est hyper-classique. Le montage n'est pas très réussi : l'insertion des retours en arrière arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Comme les scénaristes n'ont pas su/voulu correctement raccrocher l'intrigue de Spirale à celle des précédents films, ils ont été obligés de recourir à ces acrobaties.

   De surcroît, quand on est un minimum dégourdi et qu'on a déjà vu des films / épisodes de série dans le même genre, on comprend assez rapidement qui est derrière ce qui ressemble à une vengeance. Du coup, les policiers apparaissent vraiment pas très futés, tombant facilement dans les pièges tendus par l'assassin.

   J'ajoute que, pour attirer un public particulier, les auteurs ont mâtiné leur histoire d'un côté Black Lives Matter. Il est question de corruption et de violence policières... dont les responsables sont aussi bien blancs que noirs, soit dit en passant (le "bon" flic étant afroaméricain).

   Je ne sais pas trop ce que Samuel L. Jackson est venu faire là-dedans. (N'a-t-il pas été assez payé pour Hitman & Bodyguard 2 ?) Bref, ce sera vite oublié.

15:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La Loi de Téhéran

   Voici venu le désormais traditionnel polar étranger de l'été, une catégorie qui, ces dernières années, a vu la sortie en France de La Isla minima, Que Dios nos perdone, Lands of Murders ou encore Le Caire confidentiel. C'est avec celui-ci que la parenté est la plus forte, puisque l'action se déroule au Moyen-Orient (en Iran au lieu de l'Égypte) et que l'enquête policière est prétexte à dresser un portrait socio-politique du pays.

   Intitulé "Six et demi" dans la version originale, le film se concentre sur la lutte contre le trafic de crack, une drogue qui fait des ravages en Iran, avec 6,5 millions de consommateurs ! Dès le départ, on est plongé dans le travail de la police, avec l'interpellation d'un revendeur, incluant une course-poursuite dans les rues tortueuses de la capitale. Lui succèdent des séquences mises en scène avec le même brio. J'ai été particulièrement impressionné par le coup de filet organisé dans un bidonville, entre carcasses de voiture et grands cylindres de béton (avec immeubles en construction à l'arrière-plan). À cette séquence succèdent d'autres moments parfaitement maîtrisés : la garde à vue de masse, au commissariat, puis les scènes de cellule, avec le rôle stratégique du "coin toilettes". Très vite s'impose à nos oreilles la "jactance" de Samad, le chef de groupe, un policier intègre, tenace, qui n'hésite pas à bousculer les prévenus. Il est interprété par Payman Maadi, que les spectateurs français ont vu dans Une Séparation.

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   Face à lui se trouve le chef du réseau de trafiquants. Dans la première partie de l'histoire, une aura de mystère enveloppe ce personnage (à droite ci-dessus), avant que son côté "caïd" ne prenne le dessus. Dans la dernière partie, le réalisateur essaie de développer un propos plus sociologique, montrant ce personnage sous un jour nouveau.

   Saeed Roustayi est un inconnu pour moi, mais ce réalisateur semble bourré de qualités. Il a réussi aussi bien les scènes d'intervention de la police que celles d'interrogatoire, s'appuyant sur des seconds rôles très bien campés. Outre les policiers et les délinquants, je signale deux personnages féminins, celui de l'épouse d'un petit trafiquant (au cours d'une scène de perquisition qui se termine de manière surprenante) et celui de l'ancienne petite amie du caïd, interprétée par la ravissante Parinaz Izadyar. Mais je pourrais aussi parler du fils d'un consommateur de drogue ou du juge qui interroge, avec équanimité, criminels présumés, témoins et policiers.

   Sur le fond, le scénario a dû jouer avec la censure iranienne. Ici ou là, il suggère que, pour que le trafic ait pu prendre une telle ampleur, il faut que les délinquants aient bénéficié de protections, parfois haut placées. Du côté des consommateurs, discrètement, il pointe la misère sociale présente en Iran. Mais les spectateurs attentifs remarqueront aussi que les trafiquants et consommateurs de crack sont très souvent occidentalisés, tandis que les valeureux policiers portent une barbe "islamiquement correcte" (pour les messieurs) ou un strict tchador (pour les dames). Je conseille aussi d'être attentif aux chaussures des personnes arrêtées.

   La dernière demi-heure réserve quelques surprises. Ce n'est pas la partie la plus réussie du film, selon moi, mais le reste est tellement prenant que je ne peux que recommander ce long-métrage.