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vendredi, 28 avril 2023

Désordres

   Une vallée située dans le canton de Berne semble être, dans les années 1870-1880, un centre de développement de l'idéologie anarchiste (à travers la Fédération jurassienne). On y croise des Russes, des Français, des Italiens, des Allemands... et, bien sûr, des Suisses, qui travaillent soit dans l'agriculture soit dans l'horlogerie, dominée par une grande entreprise familiale, qui semble quasi omnipotente dans le canton.

   Les revendications politiques sont fortes, les tensions sociales intenses... mais tout cela s'exprime de manière feutrée. Ainsi, c'est courtoisement que le policier municipal demande à des militants au drapeau rouge de s'éloigner. C'est avec courtoisie qu'un duo de promeneurs désobéit à un autre policier. C'est tout aussi courtoisement qu'un groupe de militantes chante sa détestation du capitalisme et des patrons âpres au gain. La courtoisie n'est pas moindre quand un chef du personnel annonce leur licenciement à quatre ouvrières en horlogerie... et c'est sans faire de grabuge qu'elles quittent les lieux, après avoir reçu leurs indemnités.

   Cela donne un tour quasi surréaliste à certaines scènes, d'une indéniable violence symbolique, mais très policées dans la forme.

   ... du moins c'est ainsi que je l'ai perçu. Une autre personne présente dans la salle a trouvé que les acteurs jouaient mal, toujours sur le même ton, avec un inconvénient supplémentaire : les scènes de groupe étant filmées en plan large, il faut en général un petit moment pour distinguer parmi les personnages présents quels sont ceux dont on est en train d'entendre le dialogue. Cela a le mérite de forcer les spectateurs à être attentifs à chaque plan. C'est donc un film qui se mérite.

   Au centre de l'intrigue se trouvent les montres. La fabrication et la fixation de leurs rouages font l'objet de plans passionnants, tandis que le maintien de la "bonne" heure est l'obsession d'une partie de la population... d'autant que, dans la vallée, selon l'endroit où l'on se trouve, on est soit à l'heure de la gare (et du télégraphe), soit à celle de la fabrique (d'horlogerie), soit à celle de l'église... Il y a plusieurs minutes d'écart entre ces repères, ce qui n'est pas sans conséquence sur le temps de travail des ouvrières... et leur paie !

   A l'arrière-plan se trouve le progrès technologique : la mesure du temps se précise et prend une place grandissante dans la vie quotidienne des Suisses, tout comme la photographie, le chemin de fer... et la cartographie. C'est l'activité qu'exerce Pierre Kropotkine, futur idéologue de l'anarchisme, qui découvre la région.

   Le film est à la fois passionnant et déroutant, ressemblant parfois à du théâtre filmé.

Donjons et dragons

   Il y a longtemps, très longtemps, lorsque j'étais plus jeune (et vaillant) qu'aujourd'hui, je me suis risqué dans une salle obscure pour voir la première adaptation cinématographique du célèbre jeu vidéo. J'en suis ressorti fort marri. Porté par un bouche-à-oreille très favorable, j'ai retenté l'expérience, avec une séance en version originale sous-titrée.

   Dès le début, j'ai été emballé. Il s'agit de l'arrivée d'un détenu ultra-dangereux dans une prison forteresse. J'ai bien entendu apprécié l'ambiance faite de mélange de Moyen-Age et de science-fiction. J'ai de surcroît été agréablement surpris par le souci du détail, par exemple au niveau de l'emboîtement de la cellule roulante et de la porte d'entrée. A plusieurs reprises, plus loin dans le film, on retrouve ce travail méticuleux au niveau des décors, mais je crois que c'est au tout début que c'est le plus impressionnant.

   La suite n'est pas mal non plus, grâce notamment à des effets spéciaux bluffants. On s'y attend à propos des pouvoirs magiques de plusieurs personnages (la sorcière rouge, le jeune magicien et la fée polymorphe) et des animaux fantastiques (dont un dragon obèse, aussi pathétique que redoutable...)... mais ça ne se limite pas à cela.

   Les amateurs d'heroic fantasy sont en terrain connu. On ne peut pas ne pas penser au Seigneur des anneaux, mais aussi à Hunger Games, voire à Harry Potter. Au niveau de l'intrigue, on ne s'ennuie pas. Entre les complots, les trahisons, les stratagèmes, les coups de théâtre et les retournements de situation, il y a de quoi occuper l'esprit.

   Les acteurs sont plutôt bons, mais le casting est tout de même inégal. Chris Bite Pine cabotine un peu trop à mon goût, tout comme Hugh Grant, mais ils sont bien dans leurs rôles. Quelques autres se prennent trop au sérieux, ou doivent s'adapter à un personnage taillé à la hache. C'est du côté féminin que viennent les bonnes surprises : Michelle Rodriguez, entre deux Fast & Furious, vient jouer la walkyrie de contrebande, Daisy Head est parfaite en sorcière maléfique et la jeune Sophia Lillis est adorable en fée mutante.

   Une autre qualité est l'humour dont regorge l'histoire. Quasiment chaque scène est marquée par un trait d'esprit, ou un gag, ou une chute. J'aime que cette grosse meringue numérique ne se prenne pas trop au sérieux. Mention spéciale à la séquence du cimetière.

   Notons qu'on a soigné la diversité ethnique de la distribution : la moitié des protagonistes ne sont pas blancs. Ajoutons que l'intrigue regorge de femmes fortes (et mignonnes, faut pas déconner non plus)... avec un peu trop d'hommes faiblards à mon goût. Mon petit doigt me dit que c'est pour complaire au public masculin visé...

   Au final, c'est divertissant. J'ai passé un très bon moment.

00:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films