jeudi, 12 octobre 2023
Marie-Line et son juge
C'est le titre du nouveau film de jean-Pierre Ameris, dont j'avais apprécié Les Folies fermières, sorti l'an dernier. J'ai aussi été attiré par la présence de Michel Blanc au générique. Le risque était qu'il incarne un personnage un peu trop proche de ce qu'on a vu au printemps dernier dans Les Petites Victoires. Ici, le travailleur manuel retraité et illettré cède la place à un juge bien actif, veuf (quasi) inconsolable et un brin alcoolique.
Dans des circonstances que je me garderai bien de révéler, cet homme cultivé, gagné par la misanthropie, entre en contact avec une jeune serveuse, fille d'un docker victime d'un accident de travail, déscolarisée, un peu paumée, mais tenaillée par l'envie de vivre pleinement sa vie.
Concernant ce personnage, je n'ai pas aimé le début ; je n'ai pas cru à la naissance de cette improbable histoire d'amour, où les ellipses semblent masquer la difficulté d'insérer des scènes crédibles.
En revanche, quand cela se gâte, en particulier quand devient patent le fossé culturel qui sépare Marie-Line de l'entourage de son nouveau petit copain, j'ai trouvé cela plutôt bien fichu, correctement joué et mis en scène.
Petit à petit, on découvre les antécédents d'une ancienne bonne élève, traumatisée par la mort de sa mère et la dégringolade (physique et mentale) de son père, auquel elle est liée par une étrange relation, mélange d'incompréhension et de dépendance mutuelles. Dans le rôle du paternel, Philippe Rebbot est très bon.
La réalisateur semble avoir voulu brosser le portrait d'une sympathique "cassos", qui déploie des efforts maladroits pour tenter de s'en sortir... et aurait besoin d'un coup de pouce, sans trop oser le demander. De son côté aussi le juge aurait besoin qu'on l'aide... mais il est trop fier (et acariâtre) pour le reconnaître... du moins au début. Dans le rôle de Marie-Line, Louane est crédible, son physique (empâté par rapport à ses débuts dans La Famille Bélier) se révélant un atout. A l'image de bien des jeunes femmes issues de milieux populaires, c'est une adepte de la malbouffe (ou, du moins, elle mange peu équilibré), avec les conséquences qu'on devine sur sa silhouette.
L'histoire semble suivre un chemin balisé, avec deux personnages qui vont se découvrir, s'apprivoiser, s'engueuler, s'entraider... Cela nous réserve beaucoup de moments cocasses, qui reposent principalement sur les postures de l'acteur Blanc et les réflexions parfois brutes de décoffrage de la serveuse, devenue chauffeur... en attendant mieux.
Ce film est une agréable petite chose, dont on sort de bonne humeur.
19:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Commentaires
Bonjour Henri Golant, Pascale en dit aussi beaucoup de bien. Je l'ai noté pour y aller avec mon ami ta d loi du cine. J'avais aimé Les folies fermières. Bonne journée.
Écrit par : dasola | vendredi, 13 octobre 2023
Ah dommage, je me disais que j'allais envoyer ton avis à Jean Pierre Ameris qu est un ami car il est sensible aux avis des spectateurs.
Mais j'y ai renoncé car lire que ce film est "une petite chose" lui ferait de la peine. Tu as le droit de le penser bien sûr.
Écrit par : Pascale | mardi, 17 octobre 2023
J'ai bien aimé ce film, qui m'a fait songer à pas mal d'autres du même tonneau (rencontre "improbable" entre deux personnes de deux milieux différents, relation chauffeur-passager...): Green Book, Fifi, Pas son genre, Les parfums... Comme vous le signalez, il y aura réciprocité dans les "coups de pied au c..." nécessaires dans la vie pour avancer dans la bonne direction.
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Écrit par : tadloiducine | vendredi, 20 octobre 2023
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