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mardi, 18 juin 2024

Rendez-vous avec Pol Pot

   Cette fiction à caractère historique nous replonge dans le thème de prédilection du cinéaste Rithy Panh, à savoir le Cambodge communiste totalitaire, celui des années 1975-1979... avec près de deux millions de morts à la clé (un authentique génocide, celui-là).

   Si la justice internationale a (tardivement) fait son travail, sur le plan de la transmission historique, notamment en France, c'est léger... et c'est aussi le sujet du film, qui met en scène un trio de journalistes français (un rubricard, un photographe et une "preneuse d'images"), dont le degré d'aveuglement (ou de complaisance) quant à la nature du régime des Khmers rouges varie fortement.

   Grégoire Colin incarne avec talent l'intellectuel marxiste, visiblement d'origine bourgeoise, qui  a côtoyé certains futurs dirigeants communistes lors de ses études (durant lesquelles il a pu recevoir l'enseignement ô combien objectif d'universitaires eux-mêmes marxistes convaincus). C'est "l'idiot utile" typique, l'Occidental qui se berce d'illusions et que les agents du totalitarisme pensent pouvoir manipuler aisément. Toutefois, au bout d'un moment, le comédien réussit à nous faire sentir l'évolution du personnage, qui, parfois, semble jouer l'aveugle ou l'imbécile pour sauver ses collègues.

   Cyril Gueï interprète avec conviction le reporter de guerre baroudeur, pas du tout sensible aux sirènes communistes... et du genre à s'affranchir des règles.

   Complète le trio Irène Jacob (que je n'avais pas vue au cinéma depuis des lustres). Elle est absolument formidable en journaliste affûtée, prudente... et femme indépendante. Dans un rôle approchant, je l'ai trouvée meilleure que Kirsten Dunst dans le récent Civil War.

   Ce trio de reporters a bel et bien existé, même s'il n'était pas français. L'intrigue s'inspire d'un livre d'Elizabeth Becker, la journaliste américaine qui a fait partie de l'expédition d'origine.

   Entre deux scènes de fiction, Rithy Panh (auteur, rappelons-le, de l'excellent S-21, la machine de mort khmère rouge) a inséré des extraits de films documentaires, quand il ne pouvait pas faire jouer l'innommable. Cela passe par l'un des journalistes, qui sort des sentiers battus de la visite guidée, pour découvrir l'envers du décor.

   S'ajoutent à cela des scènes tournées avec des maquettes et des figurines, à l'image du procédé déjà mis en œuvre dans L'Image manquante.

   L'ensemble est prenant, bien qu'un peu long. C'est une belle leçon d'histoire, sur un sujet qui n'est guère enseigné en France.

Commentaires

Nous serons donc deux à l'avoir vu (sur la blogosphère connue). Il est saisissant ce film.
Merci d'avoir vu que le personnage de Grégoire Colin évolue... j'adore cet acteur. Je le trouve très juste mais trop rare.
Irène Jacob depuis Kieslowski est l'une des plus belles et meilleures actrices françaises.
Le film est terrible.
Ce que découvre le photographe me hante encore.
Et Pol Pot qui a vécu des jours paisibles après ce génocide ça me rend malade.

Écrit par : Pascale | mardi, 18 juin 2024

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