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dimanche, 16 juin 2024

Les calculs de François Hollande

   L'ancien président de la République vient donc d'annoncer qu'il sera candidat aux prochaines élections législatives, dans la première circonscription de Corrèze, celle dont il fut élu député à quatre reprises, en 1988, 1997, 2002 et 2007. La campagne de 1981 exceptée (qui vit le jeune apparatchik du PS échouer contre Jacques Chirac dans la troisième circonscription, la plus à droite), il n'a connu qu'un échec aux législatives dans ce territoire, en 1993, lors de la pire débandade que la gauche ait connue sous la Ve République.

   Depuis que François Hollande s'y est implanté, la circonscription a été classée "de gauche modérée". Après l'élection de celui-ci à la présidence de la République, en 2012, la candidate socialiste à laquelle il avait confié la circonscription avait été élue au premier tour... mais elle est morte en cours de mandat. Depuis, les divisions de la gauche ont favorisé l'élection d'un macroniste de droite (Christophe Jerretie) puis d'un gaulliste (Francis Dubois), vainqueur en 2022 d'une candidate LFI (la dissidence de gauche modérée ayant été balayée au premier tour).

   Une lecture rapide de ce qui précède pourrait nous faire conclure que la circonscription, jadis fidélisée par François Hollande, s'est désormais éloignée de lui, préférant aux candidats de sa sensibilité des personnalités soit plus marquées à droite, soit plus marquées à gauche. Cela semble conforté par les résultats des récentes élections européennes, qui ont vu le RN arriver en tête en Corrèze, y faisant même un score légèrement supérieur à sa moyenne nationale : 32,58 % des exprimés contre 31,37 %.

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   De surcroît, d'après la carte publiée par La Dépêche du Midi, la liste conduite par Jordan Bardella est arrivée première dans 259 des 279 communes du département, ne laissant que des miettes à ses adversaires : 10 communes pour le PS, 4 pour Renaissance, 3 pour LFI, 2 pour LR et 1 pour l'Alliance rurale.

   Ici, comme à l'échelon national, il convient de nuancer le propos. Certes, dans l'écrasante majorité des communes, la liste RN a remporté la majorité relative, mais seulement trois fois la majorité absolue : à Sainte-Marie-Lapanouze (26 voix, soit 60,47 % des exprimés), à Saint-Julien-le-Pèlerin (36 voix, soit 56,25 %) et à Saint-Cyprien, (92 voix, soit 50,27 %). A Lascaux, cela s'est joué à une voix près... De là à dire que les hommes préhistoriques votent davantage RN, il y a un pas que je me garderai de franchir ! (... Et puis, oui, je suis au courant que la Lascaux de Corrèze n'est pas celle de Dordogne !)

   Souvent, la liste soutenue par le PS fait un meilleur score qu'au niveau national... ou alors c'est le cas de la liste LFI. De plus, en 2022, le département a placé Emmanuel Macron devant Marine Le Pen, aux deux tours. Il y a donc de l'espoir pour une candidature de gauche aux législatives... à condition que celle-ci soit unie. Ce sera le cas, même si, au départ, cela ne devait pas bénéficier à François Hollande !

   Il lui faudra surmonter un autre obstacle, celui représenté par le député (LR) sortant, Francis Dubois. Bien implanté localement, celui-ci était à l'origine un soutien d'Eric Ciotti. Il vient de publiquement se désolidariser de lui.

   Tout dépendra de la participation. Pour se maintenir au second tour, il faudra avoir obtenu au moins 12,5 % des inscrits au premier tour. Si l'abstention est de 50 %, cela signifie (grosso modo, selon l'importance des votes blancs et nuls) qu'il faudra atteindre 25 % des suffrages exprimés (ce qu'une seule des dix candidats a réalisé en 2022). En cas de faible participation, il est possible que seuls les deux candidats arrivés en tête soient qualifiés pour le second tour. Dans la première circonscription, la gauche est assez forte, mais elle était récemment divisée. Son union autour de la candidature Hollande pourrait placer celui-ci en tête, ou pas très loin de la personne arrivée en tête (qu'elle soit RN ou LR).

   S'il était réélu député, l'ancien président pourrait jouer le rôle de "sage" de la gauche de l'Assemblée nationale. Mais, qui sait, peut-être que, secrètement, l'ancien locataire de l’Élysée rêve de se retrouver à Matignon, dans le cas où le Nouveau Front Populaire obtiendrait plus d'élus que le camp macroniste et le RN.

   Début de réponse dans deux semaines.

Commentaires

Secrètement, oui, peut-être...
Pour moi, il ne ferait certes pas plus mal que beaucoup d'autres!

Écrit par : tadloiducine | vendredi, 21 juin 2024

Répondre à ce commentaire

Je suis d'accord. Plutôt François Hollande que Jordan Bardella, Jean-Luc Mélenchon... ou Edouard Philippe.

Écrit par : Henri G. | vendredi, 21 juin 2024

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