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vendredi, 05 juillet 2024

El Profesor

   L'action se déroule principalement au sein d'une fac de lettres (noyautée par la gauche radicale), dans un pays très endetté, où le fonctionnement des services publics est grandement perturbé... Non, il ne s'agit pas de la France, mais de l'Argentine (qui elle, a vraiment subi, à plusieurs reprises, une cure néolibérale, contrairement à notre pays).

   Le décès subit du détenteur de la chaire de philosophie politique va placer en concurrence deux anciens camarades de fac, devenus des universitaires reconnus, l'un resté en Argentine (et appauvri), l'autre parti en Allemagne (beaucoup plus à l'aise financièrement). L'écart de niveaux de vie n'est pas la seule différence entre les deux hommes. Autant Marcelo est timide, presque taciturne, rat de bibliothèque, classique dans sa façon de faire, autant Rafael est extraverti, brillant, séducteur, capable d'ouvrir la philosophie aux thématiques à la mode. De surcroît, l'expatrié est resté beau gosse (et fréquente une vedette), tandis que Marcelo a la cinquantaine bedonnante et décatie.

   Au propre comme au figuré, le retour de Rafael en Argentine met Marcelo dans la merde ! Les gags du début sont un peu faciles, mais ils plantent bien le décor, avant que la suite ne vienne affiner le tableau de départ.

   On nous a vanté ce film comme étant la comédie déjantée de l'année, mais ce n'est pas tout à fait exact. Ce n'est pas (ou rarement) à hurler de rire, mais le propos est souvent assez profond. Il y a tout d'abord ce portrait d'un pays où la classe moyenne s'est appauvrie, Marcelo parvenant à joindre les deux bouts grâce à ses cours particuliers. De manière ironique, les réalisateurs, Maria Alché et Benjamin Naishtat (celui-ci auteur naguère de Rojo) filment la comédie des apparences et le militantisme sans finesse d'étudiants sans doute sincères, mais très idéologisés. (Je pense en particulier à celle qui interrompt un cours de philo pour balancer sa propagande, en faisant référence à Lénine... En voilà une qui aurait besoin de cours de rattrapage d'histoire.)

   Dans un premier temps, Marcelo nous est présenté presque comme une victime. Entre ses ennuis de pantalon, son manque d'initiative et son téléphone qui sonne mal à propos, il se fait peu à peu "bouffer" par le nouveau rival, sa famille... et les compagnons de lutte de son épouse, qui profitent autant que possible de la relative aisance du couple.

   Parmi les réussites du film, je note la mise en scène de discussions à propos de notions philosophiques. Rousseau, Platon, Kant, Locke, Hobbes et même Héraclite sont mis à contribution, citations à l'appui. C'est franchement bien écrit et bien interprété par Marcelo Subiotto, qui rend compréhensibles et même parfois passionnants des questionnements existentiels.

   Comme c'est un film "engagé" (à gauche), on ne sera pas surpris par sa conclusion, dans le ton de ce qui a précédé... et assez poétique.

22:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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