vendredi, 05 juillet 2024
Love Lies Bleeding
Bienvenue chez les red necks du sud-ouest des États-Unis (entre Nevada et Nouveau-Mexique), dans les années 1980 ! Les coupes de cheveux improbables croisent une mode vestimentaire contestable, celles des adeptes (masculins comme féminins) d'un club de muscu... et des clients d'un stand de tir "familial".
La cinéaste Rose Glass nous plonge dans une ambiance qui, par certains côtés, n'est pas sans rappeler celle des frères Coen. Leur influence était récemment perceptible dans l'excellent LaRoy, auquel, évidemment, il faut ajouter Drive-away Dolls. Ici, une femme est aux manettes et elle a choisi de donner à son portrait social une forte coloration lesbienne : les deux héroïnes (Lou et Jackie) le sont... même si l'une d'entre elles (Jackie) est en fait plutôt bisexuelle, tout comme l'amoureuse transie de Lou qui fréquente le club. Le quatrième personnage féminin marquant est celui de la sœur de celle-ci, archétype de la poupée soumise au patriarcat... le film nous faisant découvrir jusqu'à quel point.
Les comédiennes qui incarnent ces personnages forts sont toutes formidables. Pareil pour les messieurs : Dave Franco en gros beauf à moustache... et surtout Ed Harris, un chef de clan dont on a du mal à savoir s'il est surtout un d'homme d'affaires (illégales) ou un psychopathe qui a trouvé un bon moyen de s'enrichir.
La photographie comme la mise en scène magnifient les corps fermes, plus ou moins musclés, avec une prédilection pour celui de Jackie, interprétée par Katy O'Brian. Je préfère prévenir celles et ceux que les scènes d'amour entre deux femmes ne branchent pas : ce film n'est pas fait pour vous.
La bluette entre Lou et Jackie prend assez vite le ton d'un polar, de plus en plus macabre au fur et à mesure que se déroule le fil de l'intrigue. Dans la salle où j'ai vu le film, ce fut un peu trop pour l'un des spectateurs, qui est parti avant la fin... et il n'a peut-être pas eu tort, parce que les dix-quinze dernière minutes sont (pour moi comme pour d'autres cinéphiles) plutôt ratées, pour deux raisons : l'aspect fantasmagorique de la scène de règlement de compte, chez le père, et le dernier meurtre (un "re-meurtre" pour être précis), qui n'apporte rien à l'intrigue. Cela laisse un arrière-goût amer, avec l'idée que la réalisatrice a adopté un point de vue à la fois égoïste et nihiliste : on peut tout se permettre, même les pires horreurs, pour vivre ce qu'on croit être une histoire d'amour.
C'est dommage, parce que sinon le film aurait été excellent.
13:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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