Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 23 août 2024

Blink Twice

   Slater King est un milliardaire de la tech, qui tente de se racheter une conduite. Le brillant jeune homme (Channing Tatum, excellent), un poil arrogant, au management un peu autoritaire et dont on sent qu'il n'a pas toujours été très correct avec les dames, a décidé de devenir un type bien. Il suit une thérapie et se ressource régulièrement sur une île paradisiaque des Caraïbes, où l'on vit frugalement, sans smartphone, où l'on mange bio et où l'on se respecte. De temps à autre, il y invite quelques amis... et de jolies jeunes femmes.

   Deux d'entre elles se sont tapé l'incruste lors d'une soirée consacrée au tycoon, sur le continent. Ce sont des employées de la société qui gère l'événement, mais elles font tout pour se rapprocher des vedettes... et se font remarquer... puis inviter sur l'île. Au départ, tout semble merveilleux, mais, petit à petit, Frida commence à avoir des pertes de mémoire et remarque des trucs bizarres... jusqu'à la disparition d'un invité dont personne d'autre qu'elle ne semble se souvenir.

   Même si j'estime ces deux premières parties un peu trop longues, je trouve que la progressive montée en tension (liée notamment à l'étrangeté grandissante de la situation) est maîtrisée. Il y a du Shyamalan (première époque) dans ce film de Zoé Kravitz... en tout cas plus que dans le récent Trap. J'y vois aussi une pincée d'ambiance lynchienne (à la Twin Peaks), pas uniquement en raison de la présence de Kyle MacLachlan dans la distribution.

   On attend évidemment que l'apparente ambiance paradisiaque vole en éclat et, quand cela arrive, on n'est pas déçu. Petit à petit, la vérité se fait jour, avec une deuxième couche concernant l'un des personnages, marqué par une discrète cicatrice, antérieure à son séjour dans l'île.

   Du coup, je trouve que ce film de genre est bien maîtrisé, avec en sous-texte un brûlant sujet de société sur lequel je ne peux m'attarder, sous peine de trop déflorer l'intrigue...

 

... MAIS J'EN DIS PLUS CI-DESSOUS.

NE LISEZ SURTOUT PAS LA SUITE SI VOUS COMPTEZ VOIR LE FILM.

CELA RISQUE DE VOUS PRIVER D'UNE PARTIE DU PLAISIR.

 

   Blink Twice est un film Metoo. Ce n'est pas tant le monde de la tech qui est dépeint que, par métaphore, celui du cinéma... et ce qu'il impose aux femmes en général, aux actrices en particulier.

   Les hommes sont donc (presque) tous des prédateurs... et blancs (gros défaut du film, qui exonère les mâles issus des "minorités visibles" des comportements sexistes). La petite nuance porte sur l'un des mecs, qui ne participe pas, mais qui se tait et préfère oublier. A travers lui, Kravitz dénonce la passivité de certains acteurs ou réalisateurs hollywoodiens, qui ont fermé les yeux sur les déviances d'Harvey Weinstein, tant que cela ne les touchait pas de près.

   La contexte des comportements prédateurs pourrait aussi faire allusion à l'affaire Epstein, même si l'intrigue se concentre sur des femmes majeures.

   Enfin, il y a le cas du personnage de Stacy, la sœur de Slater, qui en sait plus qu'elle ne le dit et qui se fait la complice de l'entreprise de prédation de son frère. Elle est incarnée par Geena Davis, une comédienne investie dans la défense des droits des femmes, mais, surtout, une femme de la "génération d'avant". Je pense qu'à travers ce personnage, la réalisatrice pointe (selon elle) la responsabilité partielle de ces actrices qui n'ont pas été victimes des violences sexuelles (parce qu'elles étaient intouchables, protégées par un compagnon, aptes à se défendre... ou tout simplement très prudentes), mais se doutaient de ce qui se passait dans certaines chambres d'hôtel. Le film met en avant la sororité, cette solidarité féminine qui aurait peut-être permis d'éviter certains comportements scandaleux.

   Ce petit film de genre, en apparence assez lisse, est donc au final plus profond qu'il n'en a l'air, un peu à l'image du Get out de Jordan Peele il y a quelques années.

Commentaires

Impossible de somnoler en effet.
1ère partie un peu longue mais pas déplaisante.
Ensuite c'est complètement dingue...
Je suis bête, je n'avais pas vu le sous texte concernant le cinéma et Weinstein mais la prédation sur les femmes en général.
C'est fou que Frida y retourne...
Kravitz plus Shyamalan que Shyamalan :-) D'ailleurs il y a le petit garçon qui voit des gens morts... Je vois son nom au générique et j'ai dû aller voir à quoi il ressemblait. Méconnaissable !
Je suis déçue de ne pas avoir trouvé l'actrice principale très charismatique. Plus convaincue par celle qui devient sa copine qui peut être drôle et inquiétante.
Et il est grand temps de donner sa place à Channing Tatum. Déjà très convaincant en spationaute au sol. Il a un regard et une sacrée présence.
Je n'aime pas Kravitz actrice. Réalisatrice c'est pas mal.

Écrit par : Pascale | mardi, 27 août 2024

Répondre à ce commentaire

L'ultime astuce scénaristique (concernant le passé de Frida) est peut-être une allusion au comportement de certaines victimes (dans la vraie vie) qui, de manière apparemment incompréhensible, sont retournées auprès de leur agresseur après avoir été une première fois violentées.

Pour moi, le parallèle avec le monde du cinéma a été évident à partir du moment où j'ai vu l'un des personnages prendre toutes ces photographies instantanées. C'est un substitut de la caméra, à mon avis.

A noter que ce photographe amateur est incarné par Christian Slater... dont j'ai revu la juvénile bouille, il y a quelques mois, lors de la ressortie en salles du "Nom de la Rose".

De son côté, Haley Joel Osment a bien morflé depuis "Sixième sens"...

Écrit par : Henri G. | mardi, 27 août 2024

Il y a le fils Hawke Thurmann je crois.

Écrit par : Pascale | mardi, 27 août 2024

Répondre à ce commentaire

Levon Hawke-Thurman incarne le fameux Lucas, celui qui n'agresse pas et préfère oublier... sans dénoncer. Le fait que le rôle ait été confié au rejeton du célèbre (ex)couple n'est peut-être pas le fait du hasard. Uma Thurman a dû repousser, en début de carrière (époque à laquelle elle vivait avec Ethan), les pressions insistantes d'Harvey Weinstein... mais elle a attendu 2018 pour "balancer son porc".

Écrit par : Henri G. | mardi, 27 août 2024

Écrire un commentaire