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mercredi, 09 février 2011

Matisse au secours de Soulages

   C'est le nouvel argument à la mode des promoteurs du "machin" du Foirail : le succès du petit musée nordiste, pourtant décrié au départ, préfigurerait la réussite du projet Soulages. Cela fait plusieurs semaines qu'on nous bassine avec cela. Ce mardi, c'est Centre Presse qui s'est dévoué pour relayer cette propagande, dans un article annoncé en "une " sous le titre "Des raisons pour croire au musée Soulages".

   Page 5, on pouvait lire un entretien entre Rui Dos Santos et la conservatrice du musée Matisse du Cateau Cambrésis, Dominique Szymusiak :

art,culture,peinture,presse

   Pourtant, l'article commence bien. On ne nous cache pas que la question des frais de fonctionnement semble délicate, là-bas comme ici. On aimerait avoir des précisions chiffrées...

   On en dispose pour la construction, grâce au site du Conseil général du Nord. La comparaison ne joue pas en faveur du projet ruthénois. Première surprise : à Cateau Cambrésis, c'est Henri Matisse qui  a pris l'initiative de créer un espace muséal (en 1952) ; il a donc un peu payé de sa personne...

   Deuxième mauvaise surprise : lorsqu'il a été décidé qu'un nouveau bâtiment devait accueillir le musée, c'est le Conseil général qui a pris en charge le projet. Vous allez me dire que c'est logique : cette commune ne comptant qu'environ 7 000 habitants, elle n'avait pas les reins assez solides pour assumer ce genre d'opération. Certes, mais elle fait partie de la communauté de communes du Caudrésis-Catésis, qui en compte 55 000 ! Cela ne vous rappelle pas une Communauté d'agglomération aveyronnaise ?

   Donc, près de 45 % du coût de construction a été assumé par le Conseil général. Après, vous vous dites que c'est la Communauté de communes qui a dû casquer... Non ! Ils ont obtenu un financement européen pour près de 29 % ! Ensuite, l'Etat et la région Nord-Pas-de-Calais ont fourni chacun 13 %. La commune et la Communauté de communes ? RIEN ! Très bien pour eux, mais, par contraste, les élus du Grand Rodez (anciens comme actuels) paraissent s'être faits rouler dans la farine : chez nous, c'est la Communauté d'agglomération qui va assumer la plus grande part des coûts de construction, l'Etat, la région Midi-Pyrénées et le département de l'Aveyron contribuant chacun pour moins de 20 %. Cherchez l'Union européenne ! Le maire de Rodez semble avoir enfin compris qu'il fallait creuser de ce côté-là...

   Au final, signalons que le musée Matisse a coûté moins de 12 millions d'euros, soit moins de la moitié (et peut-être le tiers...) de ce qu'il va falloir dépenser pour le "machin" du Foirail.

   Après, il faut prendre en compte l'aura du peintre. N'en déplaise aux fans du chantre de l'outrenoir, la renommée de Henri Matisse est plus forte... et ses créations bien plus accessibles au grand public, comme on peut le constater en regardant certaines de ses oeuvres, visibles sur le site du musée de Nice qui lui est consacré.

   Quant au nombre d'entrées, d'après la conservatrice, il tourne autour de 70 000 - 80 000 (plutôt 70 000 donc, dont 30 000 scolaires). A comparer avec les 100 000 visiteurs escomptés par les promoteurs du projet Soulages... Cela nous promet un beau déficit de plus !

   Enfin, la conservatrice du musée Matisse évoque la question de l'accessibilité, signalant que la ville du Cateau Cambrésis se trouve plutôt à l'écart des axes majeurs et qu'il faut faire un détour pour s'y rendre. C'est un argument à relativiser sérieusement :

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   En effet, à moins d'une heure et demie (parfois beaucoup plus près) se trouvent plusieurs villes et donc des réservoirs de visiteurs potentiels. (Rappelons qu'en dépit de l'aura de tel ou tel artiste, ce sont d'abord les habitants d'une région qui font vivre les musées de province, pas les armadas de touristes asiatiques, mirage qui a déjà fait des dégâts dans l'Aveyron...)

   Ajoutons que les routes sont plutôt rectilignes et le relief peu accidenté dans le Nord, ce qui n'est pas le cas en Aveyron... et la présence d'une RN 88 souvent embouteillée n'est qu'un inconvénient de plus.

   Je termine par une remarque sur la photographie qui illustre l'article (et que je n'ai pas reproduite). On y voit les deux conservateurs chaudement vêtus, place d'Armes, à Rodez, devant la cathédrale. Je trouve culotté que, pour accompagner un papier consacré à un projet d'art contemporain, on fasse référence aux bâtisseurs du Moyen-Age et de la Renaissance ! Bonjour la cohérence !

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